Stade Rennais: "Je sais où je mets les pieds", la détermination d'Arnaud Pouille, prêt pour le challenge rennais

"On a pensé qu’il fallait un œil neuf." C’est par la voix d’Alban Greget, président du conseil d’administration et représentant de la famille Pinault, propriétaire du club, que le Stade Rennais a expliqué ce jeudi l’arrivée d’Arnaud Pouille à la tête du club. L’éviction d’Olivier Cloarec il y a presque une semaine avait surpris beaucoup de monde au club. Le principal intéressé en premier lieu ne s’y attendait pas. Selon plusieurs sources, aucun reproche n’a d’ailleurs été fait à l’ancien dirigeant mis au courant de la décision de l’actionnaire le mercredi, soit l’avant-veille de l’officialisation.

Les résultats de Rennes sous Cloarec ont été bons sportivement jusqu’à la saison dernière avec les qualifications européennes consécutives et la gestion de club notamment en matière de ventes de joueurs, domaine réservé de l’ex-dirigeant (près de 300 millions d'euros de ventes de joueurs estimés sur les deux dernières saisons et une balance positive de 120 millions d'euros). Alban Greget abonde: "On remercie Olivier Cloarec de tout le travail qu’il a effectué pendant trois ans et demi au club. Il a relevé le défi avec beaucoup de professionnalisme et d’engagement et on le salue."

Malgré tout, les propriétaires du club réfléchissaient depuis plusieurs semaines à un changement. Plusieurs noms de dirigeants à même de lancer un nouveau cycle ont été listés, le nom de Pouille revenant en tête présenté ensuite par Alban Greget à François-Henri Pinault.

Des contacts remontant à plus de trois semaines

Pourquoi Pouille et qu’a-t-il de plus? "Ce n’est pas un inconnu pour vous. Il a 25 ans d’expérience dans le haut niveau d’abord dans le rugby, puis le foot où Lens était un club de Ligue 2 quand il est arrivé et est allé jusqu’à la Ligue des champions. Il a pour nous une expertise ciblée sur ce que veut faire le club, sur l’accompagnement de la performance. Il a une personnalité engagée, structurée, sérieuse et en même temps entrainante", explique Alban Greget qui réaffirme des ambitions inchangées pour le club à savoir une qualification européenne le plus souvent possible, valoriser le centre de formation et faire rayonner la Bretagne.

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Le timing du changement de présidence la veille du match Rennes-Monaco avait surpris alors qu’une trêve internationale plus propice se profilait. "Ce n’était pas le meilleur moment pour nous", avait d’ailleurs concédé Ludovic Blas après la défaite face à l’ASM. Le club avait-il voulu provoquer une sorte d’électrochoc? Non. Le choix du moment n’entre pas vraiment dans le mode de fonctionnement de l’actionnaire. "Quand on a la bonne personne et quand on a pris une décision, la philosophie de la famille Pinault est plutôt de la mettre en œuvre le plus vite possible", explique Alban Greget. Les premiers contacts entre les deux hommes auraient été établis il y a au moins trois semaines, Arnaud Pouille révélant dans un sourire "avoir regardé le dernier Rennes-Lens (1-1 le 21 septembre) en étant encore lensois mais en ayant un œil attentif sur le Stade Rennais".

Pour Pouille, "c’est une vraie fierté de rejoindre le Stade Rennais", avec assure t-il "une feuille de route très claire. C’est challengeant mais si j’ai accepté, c’est que je m’en sens la capacité. J’ai quelques crédos. La première des choses, c’est de travailler ensemble tous dans le même sens. De là viendra la performance et dans ce cas les résultats. Je sais où je mets les pieds. Il y a forcément un peu de ressenti quand on a été six ans européens et que l’année dernière on ne l’a pas été. Les messages sont clairement passés par l’actionnaire la famille Pinault et par vous tous (journalistes)."

Le maintien de Stéphan pas encore remis en cause

Rennes semble pour le moment loin des ambitions européennes réaffirmés par les dirigeants du club. Douzièmes de Ligue 1 avec 7 points, les Bretons vont devoir engranger et vite. Le mercato XXL (11 arrivées pour 13 départs) mené par Frederic Massara peine encore à convaincre, les recrues n’intégrant encore que progressivement le onze-type. Arnaud Pouille connait bien Massara. Il envisageait très sérieusement de le faire venir à Lens avant de se voir écarter de son poste chez les Sangs et Or. Julien Stéphan lui demande régulièrement de la patience. En bénéficiera-t-il encore longtemps? "L’arrivée d’Arnaud est indépendante du choix d’un entraîneur", assure Alban Greget avant de nuancer. "Après, c’est Arnaud et Frédéric qui vont diriger le club et donc se poser cette question que tous les dirigeants se posent en permanence sur leur coach."

Que pense Arnaud Pouille alors? "J’ai passé beaucoup beaucoup de temps avec Julien. Je connaissais son expertise. Elle est reconnue. Julien n’est pas satisfait des résultats actuels mais il est en permanence en recherche de solutions. Il essaie de tirer le meilleur de son effectif. Il faut travailler ensemble et tous dans la même direction. Je suis arrivé vendredi dernier. J’ai regardé le Rennes-Lens, le PSG-Rennes et j’ai trouvé que samedi dernier face à Monaco, il y avait beaucoup de mieux. Au XXI siècle, il y a les datas pour confirmer ou non notre ressenti et elles nous disent que oui le groupe a fait énormément d’efforts qui n’ont pas été récompensé", analyse-t-il. "Il faut aussi bien sûr se projeter sur les rencontres à venir, à commencer par celle à Brest après la trêve. Julien l’a dit. Il sait que la situation n’est pas facile mais je vous garantis que ça bosse. J’ai la chance d’avoir le bureau avec vue sur toutes les séances, je peux mesurer l’intensité qui est mise."

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Mais dans le foot, les résultats restent évidemment le juge de paix. "Je n’ai pas peur de prendre des décisions et de les prendre au bon moment", a aussi déclaré Pouille à une question lui demandant de décrire sa personnalité et sa façon de diriger. Il ne répondait pas dans ce cas précis sur l’avenir de l’entraîneur et pour le moment, le maintien de Stéphan n’a jamais été en question. L’entraîneur breton avait pointé le calendrier du début de saison avec des adversaires difficiles pour une équipe en reconstruction comme la sienne pour expliquer en partie les résultats mitigés (Monaco 1er, Paris 2e, Reims 4e, Strasbourg 7e). L’enchaînement à venir jusqu’à la prochaine trêve (Brest, Le Havre, Auxerre, Toulouse) ne laissera sans doute plus beaucoup d’excuses.

Article original publié sur RMC Sport