Squash: le défi totalement dingue de Camille Serme, jeune maman qui sort de sa retraite pour viser Los Angeles 2028
"J’avais un plan en tête: je fais les Jeux de Paris et je fais un bébé après… Mais la vie vous montre que ce n’est pas vous qui décidez tout le temps." Camille Serme, ex-numéro 1 française de squash, éclate de rire. Comme à Sydney en 2000 et à Londres en 2012, son sport a échoué. Malgré une nouvelle candidature, le squash ne sera pas au programme des JO de Paris. Un regret mais pas un drame pour l’ex-numéro 2 mondiale. Privée de son rêve olympique, la native de Créteil poursuit sa brillante carrière. Elle atteint le rang de numéro 2 mondiale avant de se blesser gravement au tendon d’Achille en 2022. La blessure de trop. "J’étais fatiguée mentalement", se souvient-elle. Alors Camille Serme met un terme à sa carrière à 33 ans puis devient maman d’une petite Jude.
"Sans les Jeux, je ne pense pas que je serais revenue"
Le squash aurait pu rester rangé au rayon des souvenirs sauf que le 16 octobre dernier, un événement inattendu vient chambouler sa vie. Son sport sera au programme des prochains Jeux de Los Angeles en 2028, comme quatre autres disciplines (le cricket, le baseball/softball, le "flag football" et de la crosse, un sport collectif dérivé des cultures amérindiennes). "Quelques jours avant la naissance de notre fille, on a su que le squash rentrait aux JO. Mon compagnon m’a dit: "Ce serait trop dommage de ne pas essayer et d’y aller." Sans les Jeux, je ne pense pas que je serais revenue."
She is back, pour la plus grande joie de ses proches mais aussi de son coach : "Ce qui est parti d’une plaisanterie est devenue pour elle une évidence", appuie Philippe Signoret, entraîneur national et directeur du Tournoi de Paris pour lequel Camille Serme s’est qualifiée ce vendredi. A 35 ans, voilà donc la joueuse de squash repartie en mission. Mission LA. Avec le rêve olympique en tête. "Ça faisait des années que je voyais le squash échouer pour entrer dans le programme olympique, confie celle qui aura 39 ans en 2028. C’était très inattendu pour moi. C’est une super surprise. Je trouve que c’est mérité. C’est un sport très spectaculaire, très complet. Mentalement c’est comme un jeu d’échec. Il faut toujours réfléchir où mettre la balle."
Compétitrice et maman
Après avoir disputé deux tournois en attendant son entrée en lice dans le tableau principal du tournoi de Paris dimanche au Cirque d’Hiver face à la n°1 mondiale, l’Egyptienne Elsherbini Nour, Camille Serme pointe au 323e rang mondial. Elle retrouve progressivement ses sensations. En quête de points, la Francilienne ne veut pourtant pas bruler les étapes. "On a quatre ans pour se préparer", rappelle-t-elle. Son entraîneur veut y croire : "Elle doit continuer ce qu’elle fait très bien, avance Philippe Signoret. Elle a gardé son professionnalisme, ce qui a toujours été sa marque de fabrique. Elle ajoute des choses comme le fait de retrouver de très bonnes jambes pour rattraper les balles difficiles."
Malgré ses ambitions et sa détermination pour revenir au sommet, l’ancien reine du squash français doit également apprendre à gérer au mieux son rôle de maman. Avant les JO de Paris, le désir de la star du judo tricolore Clarisse Agbegnenou d’avoir son enfant auprès d’elle au village olympique ne l’a pas laissée insensible:"On est très impliqué avec le papa, se réjouit-elle. On aimerait bien que quelque chose soit mis en place pour les parents plus que juste pour les mamans." Mais Camille Serme ne veut pas trop y penser pour l’instant. A quatre ans des Jeux, elle veut d'abord retrouver un "classement correct." Et la championne de résumer dans un grand sourire: "Ce sera une belle aventure quoiqu’il arrive."