Affaire des « viols de Mazan » : qu'est-ce que la soumission chimique ?

Gisèle P. au procès de son mari et de 50 autres hommes, accusés de l'avoir violée alors qu'elle était droguée à son insu par son mari.    - Credit:REY Jérôme / MAXPPP / PHOTOPQR/LA PROVENCE
Gisèle P. au procès de son mari et de 50 autres hommes, accusés de l'avoir violée alors qu'elle était droguée à son insu par son mari. - Credit:REY Jérôme / MAXPPP / PHOTOPQR/LA PROVENCE

Alors que la principale victime de l'affaire dite des « viols de Mazan » doit être entendue, jeudi, au quatrième jour d'un procès hors norme, Leïla Chaouachi, docteure en pharmacie au Centre d'addictologie de Paris (AP-HP), nous éclaire sur ce phénomène méconnu qu'est la soumission chimique dans la sphère privée. Pendant près de dix ans, Gisèle P. a été droguée par son mari qui lui administrait à son insu des comprimés d'anxiolytiques et de somnifères afin de la violer et de la livrer sexuellement à des inconnus.

« La soumission chimique, c'est un mode opératoire pour commettre un crime ou un délit », explique cette experte en santé publique qui coordonne une enquête nationale sur le sujet. On en entend parler dans certains faits divers, mais le phénomène qui touche essentiellement des femmes – et souvent dans un contexte de violences conjugales – serait sous-évalué, faute de plaintes. Et pour cause, « dans un cas sur deux », précise la Dr Chaouachi, « il y a une amnésie, qui peut être totale ou partielle ». Explications.

Le Point : Le phénomène de la soumission chimique est-il sous-évalué en France ?

 - Credit:Dr Leïla Chaouachi : Oui, puisque dans la majorité des cas, les victimes ne déposent pas de plainte. En France, pays pourtant précurseur dans la surveillance de ce phénomène, l'accès aux analyses toxicologiques pour la soumission chimique est conditionné au dépôt de plainte. Pour les violences sexuelles – la majorité des agressions retrouvées dans notre enquête –, moins de 10 % des victimes portent plainte.

Dr Leïla Chaouachi : Oui, puisque dans la majorité des cas, les victimes ne déposent pas de plainte. En France, pays pourtant précurseur dans la surveillance de ce phénomène, l'accès aux analyses toxicologiques pour la soumission chimique est conditionné au dépôt de plainte. Pour les violences sexuelles – la majorité des agressions retrouvées dans notre enquêt [...] Lire la suite