Simon Moutaïrou : « Avec “Ni chaînes ni maîtres”, je voulais raconter l’histoire du point de vue du marronnage »
1759. Isle de France (actuelle île Maurice). Dans la plantation d'Eugène Larcenet, Massamba et Mati, un père et sa fille, esclaves, vivent dans la peur et le labeur. Les champs de canne à sucre sont leur seul horizon. Lui rêve que sa fille soit affranchie, elle de conquérir sa liberté. Pour échapper à un viol, une nuit, elle s'enfuit. Madame La Victoire, célèbre chasseuse d'esclaves, est engagée pour la traquer. Le film bascule, Massamba n'a d'autre choix que de s'évader à son tour. Par cet acte, il devient un « marron », un fugitif. La traque est lancée.
Dès le début du film, les sanctions prévues par le Code noir sont énoncées. Coup de fouet pour la première tentative, oreille et jarret coupés pour la deuxième, mort pour la troisième. Pendant près de deux ans et demi, Simon Moutaïrou, le réalisateur et scénariste de ce long-métrage, s'est documenté, interrogeant les historiens, spécialistes de cette période, mais aussi ceux qui connaissent la culture wolof, en s'imprégnant de récits et de littérature.
Le film est servi par une remarquable distribution. Le duo père-fille est interprété par Ibrahima Mbaye, un grand comédien sénégalais, et Anna Thiandoum, qui irradie dans ce premier rôle, tandis que Camille Cottin incarne le rôle sombre de madame La Victoire, célèbre la chasseuse d'esclaves, et Benoît Magimel, celui de maître planteur.
Indéniablement, le Franco-Béninois Simon Moutaïrou s'est emparé d'un sujet historique et politique fort peu traité dans le cin [...] Lire la suite