Sifflets, relations avec les cadres, cas Mbappé... L'intense semaine internationale de Didier Deschamps
L'équipe de France a achevé ce lundi soir sa rentrée par un succès rassurant face à la Belgique (2-0) avec une équipe remaniée (huit changements), une solidité défensive retrouvée, un milieu de terrain innovant et trois attaquants impliqués dans le repli défensif au-delà d'être efficaces comme Kolo Muani et Dembélé.
Mbappé et Griezmann étaient sur le banc au coup d'envoi et Kanté portait le brassard de capitaine. Didier Deschamps a fait de la résistance. Il a maintenu son orientation dans cette Ligue des nations, à savoir faire tourner, faire des essais tout en tenant compte de la nécessité de rebondir après la gifle reçue au Parc face à l'Italie (1-3). Il est donc revenu à ses fondamentaux en retirant un joueur offensif pour rééquilibrer l'equipe par prudence et surtout par conviction. Certains joueurs, comme Guendouzi, n'ont ainsi su qu'au dernier moment qu'ils allaient débuter face aux Diables rouges.
La pression des tribunes
C'est la première fois en 12 ans à la tête de l'équipe de France que Didier Deschamps essuie un vent de contestation de la part du public dans un stade. Alors que le speaker de la FFF égrenait la composition des Bleus, des sifflets nourris ont ainsi été entendus dans les travées du Groupama Stadium lorsque le nom du sélectionneur a été annoncé au micro. A sa décharge, il n'était pas le seul. D'autres Bleus ont également été sifflés pour des raisons diverses comme Mattéo Guendouzi (ancien Marseillais), Bradley Barcola (consiéré comme un traître après son départ de l'OL) et le capitaine Kylian Mbappé (dont la sortie jugée hautaine en conférence de presse n'a pas dû aider).
"Je n'ai pas entendu les sifflets", a réagi le sélectionneur.
"J'étais dans le vestiaire. J'ai entendu ceux sur Bradley (Barcola). Je ne vais pas pointer du doigt un club ou un autre, mais c'est le seul regret quand on va en province de voir ce type de réaction." La réponse est habile, comme si Deschamps ne voulait pas entendre certaines contestations tout en protégeant ses joueurs. En privé, il a pris le temps de voir la vidéo après la conférence de presse et met ça sur le fait qu'à Lyon, il n'avait pas de supporteurs inconditionnels à cause de ses relations tendues par le passé avec l'enfant du pays Karim Benzema et le fait de ne plus avoir appelé Alexandre Lacazette en équipe de France depuis plusieurs années.
Pourtant, ce vendredi soir au Parc des Princes, des supporteurs du groupe des "Baroudeurs" mécontents du match contre les Italiens n'avaient déjà pas hésité à réclamer la venue de Zinédine Zidane. Quelques "Zizou, Zizou", certes peu nombreux, avaient ainsi été entendus en provenance du virage Boulogne. Si l'on ne peut pas parler de désamour avec le public français, il semblerait que certains aient décidé de faire passer le message clairement et ouvertement.
Des relations mouvantes avec certains cadres de l'effectif
Un petit retour en arrière dans ce rassemblement s'impose. 18 heures, mardi dernier à Clairefontaine (Yvelines). Les Bleus terminent de signer quelques autographes au public présent à l'entraînement. La séance va pouvoir débuter. "Moi mes matches ils sont à 22 heures, c'est différent", a glissé quelques secondes avant Kylian Mbappé au moment d'arriver sur le terrain di Pibarot en discussion avec Jonathan Clauss.
Le capitaine des Bleus s'amuse de la présence des caméras et semble plus que distrait au moment de commencer les exercices d'échauffement. Guy Stéphan donne des consignes, sous le regard attentif du sélectionneur. Mais le joueur du Real Madrid semble préfèrer chambrer longuement Mattéo Guendouzi ou encore Warren Zaïre-Emery, en gardant un œil lointain sur les caméras présentes. Finalement, il ne réalise que très peu des gestes préconisés en ce début de séance par le staff de l'équipe de France. Pendant ce rassemblement, l'état de forme de Kylian Mbappé aura une nouvelle fois interrogén y compris au sein du vestiaire de Bleus.
Une scène à l'image des doutes qui se sont peu à peu installés pendant cette rentrée. Au point d'envisager une scission entre Didier Deschamps et les cadres de son groupe? Cela n'est pas la tendance. Mais incontestablement, ses choix depuis l'Euro perturbent certains sur le terrain. "Ça a été beaucoup de changements de positions, de changements tactiques, il fallait faire avec. Je ne me suis jamais senti au cœur du jeu comme j’aime", a expliqué Antoine Griezmann au micro de Téléfoot.
Le vice-capitaine se montre moins expressif aujourd'hui dans le vestiaire et semble avoir pris du recul. Mais dans l'entourage du joueur on explique que la relation reste fluide et qu'il y a beaucoup de respect entre les deux hommes. Pour le vestiaire, il donne le sentiment de prendre du recul sur sa situation qui a changé dans l'esprit du sélectionneur. Celui qui a rejoint Olivier Giroud avec 137 sélections au compteur est devenu plus "philosophe" selon un proche du groupe.
Des choix tactiques qui interrogent
La prestation face aux Italiens a réveillé chez plusieurs cadres des interrogations, sur les choix du sélectionneur. Le 4-2-3-1 n'a pas comblé tout le monde et cela a aussi fait l'objet de discussions dans le vestiaire avant et surtout après le match. Mais il restera surtout la prise de parole de Mike Maignan, autre cadre, dont les interventions sont rares après les rencontres.
En substance, le portier des Bleus a demandé la fin des comportements de "starlettes" sur le terrain sans savoir vraiment qui était visé par la grosse voix de Maignan, qui a demandé surtout une implication totale de tous. Le silence après sa brève intervention a marqué la majorité des témoins de cette scène mais personne n'a été surpris par cette prise de parole.
"De nouveaux cadres émergent comment Jules Koundé et Dayot Upamecano. Mais aujourd'hui Mike, c'est le boss", confie un proche du vestiaire.
Des mots crus visant directement Kylian Mbappé? Le capitaine est apparu marqué et a préféré rester en retrait ce soir-là. Sur ce rassemblement, il a paru détaché, comme préoccupé par ses débuts compliqués au Real Madrid, mais toujours "intégré" dans le groupe. Nul doute que le rassemblement d'octobre aura son importance. Outre le fait de tenter de se relancer pour la qualification en quarts de finale de la Ligue des nations avec deux matchs face à Israël à Budapest et à Bruxelles contre la Belgique, c'est l'ambiance et l'état d'esprit qui seront scruté une fois de plus.