Les secrets des nouveaux mafieux
Jamais la richesse et le pouvoir du crime organisé n’ont été aussi importants, s’inquiète Europol. À côté des structures traditionnelles pullulent désormais des mafias « émergentes ».
Jamais les criminels n'ont occupé un tel espace. Ils se jouent des frontières, ils dirigent des empires, ils ont infiltré les systèmes économiques et politiques au point d'en contrôler des pans entiers. Certaines mafias sont aujourd'hui plus puissantes que des États. Les Nations unies estiment à environ 1 000 à 2 000 milliards de dollars le revenu annuel des « organisations criminelles transnationales ». En Italie, terre historique de la Mafia, elles pèsent 150 milliards, soit environ 7 % du PIB. La 'Ndrangheta, la redoutable mafia calabraise, réalise à elle seule plus de 60 milliards d'euros de bénéfice annuel, soit plus que n'importe quelle compagnie « légale ». Ce qui en fait l'un des groupes les plus puissants au monde.
Le phénomène mafieux désigne, stricto sensu, les organisations du sud de l'Italie ou les triades chinoises, une « aristocratie criminelle » qui possède un ancrage social déterminant. Mais il s'est largement propagé, reproduit, il s'est même globalisé de façon vertigineuse ces trente dernières années. « La gangstérisation du monde » (titre d'un numéro de Questions internationales paru cet été) n'épargne plus aucun territoire à la surface du globe.
821 groupes actifs impliquant plus de 25 000 criminels
Le crime organisé écrit le « roman noir de la mondialisation », écrit Serge Sur, membre de l'Institut, dans le numéro spécial de La Documentation française. Non seulement le paysage des mafias s'est largement diversifié, sur un marché devenu [...] Lire la suite