« S’ouvrir à d’autres perspectives » : dans le secret des amitiés intergénérationnelles

« C'est l'une de mes amitiés les plus précieuses », confie Paul, 33 ans, tandis qu'il balaie du bout du doigt la galerie photo de son smartphone (« Ici, c'était mon anniversaire, là, le sien… ») Le trentenaire rencontre Alain, il y a quatre ans, à la faveur d'un emploi dans la publicité. D'abord collègues, les deux hommes font connaissance à la faveur de missions communes. Avant de se lier, au fil des mois, d'une amitié « sincère » et « forte ». « Singulière » aussi, convient le jeune homme : « Près de vingt ans nous séparent. »

Si la norme est à l'amitié intragénérationnelle, nombre d'amis transcendent, comme eux, les frontières, supposées, de l'âge. Une configuration, encore peu renseignée, que la Fondation Jean-Jaurès explorait, en mars dernier, dans l'une des rares enquêtes consacrées au sujet (« Les nouvelles amitiés »). Lien, intérêt, partage… La différence d'âge, exposaient ses auteurs, « façonne ces relations d'une manière particulière ».

« Plus que toutes les autres, ces amitiés se caractérisent par une forme de complémentarité », souligne ainsi le philosophe et auteur de l'anthologie L'Amitié (Flammarion, 2001), Dimitri El Murr. Si « elles naissent, comme toutes, sur fond de ressemblances, précise-t-il, ces relations par-delà les générations se nourrissent généralement de regards et d'une vision du monde que l'autre n'a pas ».

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