Séries américaines : les années 1990, l’érection du désir et l’ère HBO

De gauche à droite : Sex and the City (HBO), Oz (HBO) et Friends (NBC).  - Credit:SIPA/DR
De gauche à droite : Sex and the City (HBO), Oz (HBO) et Friends (NBC). - Credit:SIPA/DR

C'est arrivé un 21 septembre 1993, peu après 22 h 30. Quoi donc ? Eh bien, pardi, un accouplement torride entre un homme et une femme, au lit, diffusé sur la chaîne américaine ABC, en plein milieu du tout premier épisode de la série policière NYPD Blue ! Avec en bonus, comble du stupre, des plans s'attardant sur les fessiers, nus et en pleine besogne, de chacun des deux partenaires ! ! ! Du jamais-vu sur un network (vocable désignant un réseau national télévisé aux États-Unis) gratuit, soumis en principe à une censure impitoyable en matière de sexe à l'écran…

Et en effet, les téléspectateurs n'en ont pas cru leurs yeux. À la 35e minute de cet épisode pilote du feuilleton créé par le scénariste producteur Steven Bochco, le détective John Kelly (David Caruso) lutine donc sa collègue Janice Licalsi (Amy Brenneman), sur fond de musique chic et lascive. Scandale en Amérique.

La scène, dont l'existence a fuité plusieurs jours avant sa diffusion, provoque l'ire de tout ce que le pays compte de conservateurs et, à travers le territoire, 44 stations de TV locales affiliées à ABC refuseront de programmer non seulement l'épisode, mais aussi toute la série. Trop tard : les bigots ont beau aboyer, la caravane de la libération sexuelle est déjà passée dans le poste. Plus rien ne pourra l'arrêter. Et même si la plupart des autres chapitres de NYPD Blue se montrent bien plus chastes, Bochco a brisé un tabou de taille sur l'antenne d'un diffuseur familial – certes, à une heu [...] Lire la suite