« Le Royaume » : un thriller forcément corsé

Ghjuvanna Benedetti (Lesia, la fille) et Saveriu Santucci (Pierre-Paul, le père), dans le premier film de Julien Colonna.  - Credit:Ch-Fou-Mi Productions/SP
Ghjuvanna Benedetti (Lesia, la fille) et Saveriu Santucci (Pierre-Paul, le père), dans le premier film de Julien Colonna. - Credit:Ch-Fou-Mi Productions/SP

Le son des cigales sous un soleil de plomb. La Corse. Une caméra aux mouvements fluides suit des chasseurs rentrant de leur battue. L'un d'eux est en fait… une chasseuse qui, sous nos yeux, éviscère un sanglier pendu par les pieds. Les mains dans le sang, la jeune fille, héritière d'une longue tradition insulaire, opère d'un geste précis, sans ciller, tel un rituel.

Premier long-métrage du réalisateur corse Julien Colonna, 42 ans, Le Royaume nous ouvre ses portes depuis à peine deux minutes et nous sommes déjà immergés, fascinés, conquis. On découvre peu après que le père de notre chasseuse aguerrie est un parrain en cavale.

Menacé en permanence d'être abattu par des rivaux sans pitié, Pierre-Paul (Saveriu Santucci) se terre avec ses complices, entre villas secrètes et campements sauvages dans le maquis. Pour mieux la protéger, il emmène dans sa fuite sa fille, Lesia (Ghjuvanna Benedetti), qui doit en urgence faire le deuil de son insouciance.

Un thriller réaliste et une fable sur la fatalité

Bienvenue dans la Corse du milieu des années 1990, où les guerres de clans se déchaînaient encore, d'Ajaccio à Bastia. À mi-chemin entre le film de gangsters et la tragédie filiale, Le Royaume est un suspense affûté comme un couteau Vendetta. Il transpire la tension, la peur mais surtout l'authenticité. Julien Colonna l'a tourné en trente-sept jours, pour un budget de moins de 4 millions d'euros (avec le soutien de StudioCanal), à 5 kilomètres de sa maison dans le Valinc [...] Lire la suite