Le retour de Luc Besson, grand brûlé du cinéma

Le réalisateur Luc Besson à la 80e Mostra de Venise pour le film "Dogman", le 31 août 2023 (Tiziana FABI)
Le réalisateur Luc Besson à la 80e Mostra de Venise pour le film "Dogman", le 31 août 2023 (Tiziana FABI)

Tombé après avoir tutoyé les sommets, Luc Besson, le plus international des réalisateurs français, tente de rebondir à Venise où il a présenté jeudi en compétition son nouveau film, "Dogman".

Avec ce thriller, Besson, contre lequel des accusations de viol ont été portées avant d'être définitivement écartées par la justice cette année, est en lice pour le Lion d'or.

Une présence plutôt inattendue pour une figure du cinéma de divertissement souvent boudé par la critique et une forme de revanche pour l'un des rares cinéastes français connus du grand public à l'étranger.

"Dogman" veut s'inscrire dans la veine noire du cinéaste de 64 ans, comme "Subway", "Nikita" ou "Léon", qui avait révélé Natalie Portman.

Le rôle principal est tenu par l'un des espoirs du cinéma indépendant américain, Caleb Landry Jones, prix d'interprétation à Cannes en 2021 pour "Nitram".

Le film raconte l'histoire d'un enfant battu et rejeté par son père, qui l'enferme jour et nuit dans une cage avec des chiens. Devenu adulte, handicapé depuis que son père lui a tiré dessus, il vit en marge de la société, organisant des rapines dans les maisons des riches. Drag queen à ses heures perdues, il entonne du Edith Piaf sur la scène d'un cabaret.

Besson, auteur de films cultes comme "Le grand bleu", "Le Cinquième élément" ou "Lucy" et ses 56 millions d'entrées dans le monde, n'a pas peur du mélange des genres.

"Je ne suis pas un spécialiste du cinéma", a-t-il déclaré à Venise, interrogé sur ses références. Autodidacte, formé sur le tas, il a expliqué préférer s'inspirer "des gens autour de (lui), des arbres, du temps qu'il fait" pour écrire son film.

"Dogman", aux accents parfois christiques, semble emprunter autant au "Livre de la jungle" pour son personnage à la Mowgli élevé par les animaux, à la noirceur du "Joker" en passant par "La Môme" pour sa bande originale.

Sans compter les "101 Dalmatiens": des dizaines de chiens ont été réunis pour le tournage, avec quelque 25 dresseurs, a raconté Luc Besson à la Mostra. Certains avaient leur dresseur personnel et leur propre caravane.

- Pari -

"Dogman" portera-t-il enfin chance à Luc Besson ? Le réalisateur et producteur qui caressait un destin hollywoodien a enchaîné les avanies et parie beaucoup sur ce retour.

Les échecs commerciaux, et notamment celui d'un film aux ambitions démesurées, "Valérian et la cité des mille planètes", ont failli avoir la peau d'EuropaCorp, la société qu'il rêvait de voir concurrencer les grands studios américains. Il n'en est plus que directeur artistique.

De quoi occulter les succès passés des productions maisons, de "Yamakasi" à "Banlieue 13" en passant par la franchise des "Taxi".

Sur le plan judiciaire, il a dû faire face en 2018 à des accusations de viol portées par l'actrice Sand van Roy. L'affaire était devenue l'une des plus emblématiques du mouvement #MeToo en France mais les accusations ont été définitivement écartées par la Cour de cassation en juin.

"Quelque chose dont je suis particulièrement fier aujourd'hui, c'est de ma liberté", a déclaré à propos de son travail de réalisateur celui qui avait rêvé un temps de fonder un "Hollywood-sur-Seine", à la Cité du cinéma, en région parisienne. "Personne ne peut m'empêcher d'écrire (le film) que je souhaite".

Le film sort en France le 27 septembre.

fbe/may/fjb