Le retour au Maroc d’Abdellah Taïa
Il est à la fois écrivain et cinéaste, et ses livres, L'Armée du salut, Le Jour du roi, Celui qui est digne d'être aimé ou encore La Vie lente, interrogent sans cesse la relation de la France, où il vit, avec son Maroc natal, et celle de l'homosexuel face à sa famille et à sa société.
Avec Le Bastion des larmes, Abdellah Taïa revient dans la ville où il est né en 1973. Une mère de famille marocaine meurt à Salé en laissant six filles, trois garçons et quelques dettes, qu'ils vont s'efforcer d'honorer. Dix ans plus tard, l'un des garçons, Youssef, rentre au pays pour liquider sa part de l'héritage – un appartement en ville.
Parti à 25 ans pour la France, où il enseigne, Youssef n'a pas que des souvenirs heureux du Maroc et de ses sœurs. Il a payé cher ses préférences sexuelles, qui ont fait de lui une tête de Turc. Mais, s'il peut à juste titre se présenter comme la victime d'un ordre familial étouffant, il est aussi assailli de remords pour avoir abandonné, en s'exilant, son « frère » gay Najib, de huit ans son aîné, qui l'avait aidé à survivre aux lazzis dans leur quartier de Hay Salem.
Deux « traîtres » se font face
C'est un peu son double resté au pays qu'il redoute de retrouver en débarquant à Salé. Car Najib l'avait trahi le premier, au sortir de leur jeunesse, en disparaissant pour rejoindre Toufik, un quinquagénaire divorcé père de deux enfants exilés qui vit seul dans sa villa de Tétouan et l'y installe ouvertement.
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