Rentrée littéraire : Véronique Olmi sauve les enfants de la guerre

Véronique Olmi, une voix singulière, hantée par le royaume de l’enfance. - Credit:
Véronique Olmi, une voix singulière, hantée par le royaume de l’enfance. - Credit:

« Il ne sait pas ce qu'il a dans le cœur. » Ben, 20 ans, vit de petits boulots. Il n'a pas de portable « à cause des flics », insulte les CRS qui l'attrapent quand il manifeste contre un projet d'autoroute ou d'enfouissement de déchets nucléaires sur des terres agricoles, répète qu'il voudrait sauver la planète, il est révolté, il est têtu, beau, il traîne… Jusqu'au jour où il décide d'aller chercher son demi-frère placé dans un foyer. Mère : morte. Beau-père : alcoolique. Et jusqu'au jour d'après, surtout, où il prend conscience que des enfants perdus, des gamins comme son frère, il y en a beaucoup, et partout.

Poussé par l'instinct, ou la rage, ou le cœur, Ben part en Ukraine. À Lviv, Kharkiv, Zaporijia, il découvre la guerre, ses furies, et quelques-uns de ces enfants à qui l'on répète : « Ton pays t'a abandonné », « Tes parents ne t'aiment pas », « Personne ne t'attend en Ukraine », « Voilà ta nouvelle famille »… Depuis l'invasion russe, selon Kiev, ils seraient 20 000 à avoir été déportés de force, acculturés, et parfois envoyés au combat contre l'Ukraine à leur majorité. Vingt mille… moins ceux que Ben décide de sauver.

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Commence alors un road trip pied au plancher dans le bourbier ukrainien, avec mioches et chats sur la banquette arrière, pouces dans la bouche et mort aux trousses ; et simultanément, une plongée lente et poignante dans l'âme de Ben ; avec cette question, immense, lancinante, qui [...] Lire la suite