Rentrée littéraire : Eliot Ruffel sait le langage des corps
Le cadre ? Une station balnéaire sur la côte normande, où les touristes débarquent avec, dans leurs bagages, une langueur estivale confinant à l'ennui. Pour le déjouer, Max et Lou s'étourdissent de bière et refont le monde depuis le bunker désaffecté qui leur sert de refuge, leur environnement familial ressemblant à tout sauf à un cocon. Yvan, le frère aîné, l'a bien compris, lui qui a pris ses cliques et ses claques et a traversé la Manche pour rejoindre l'Angleterre, à bord du ferry que les cadets suivent du regard en rêvant.
Des coups et du cœur
Des claques, Max s'en prend régulièrement. Quand il enlève ses vêtements à la plage, Lou distingue les bleus sur son corps, « de la couleur du logo du PSG » ou « d'un pack de 1664 ». Mais les deux amis n'en parlent pas. « Le poing de son père imprimé sur ses côtes, nous déjà plein de bière et notre silence, tout ça, réalité. Rien d'autre que la réalité. Alors pour empêcher que ça le devienne, on ferme bien nos gueules. Pas besoin de l'ouvrir pour se comprendre, comprendre que le bleu qu'il a sur le flanc droit n'est pas un angle de meuble, une chute ou un mauvais mouvement. » Une omerta qui conduira au drame, placardé en une du journal local. Dédié à « celles et ceux qui font au mieux », empreint de poésie brute et de tendresse, Après ça est le récit d'une amitié faite de pudeurs, de gestes imperceptibles et de non-dits, d'une sensibilité à fleur de peau dont la justesse atteint sa cible : le cœur.
EXTRAIT « Je lui [...] Lire la suite