Rassembler, l'ambition du nouveau duo à la tête du théâtre du Rond-Point à Paris

Laurence de Magalhaes et Stéphane Ricordel, les nouveaux co-directeurs du Théâtre du Rond-Point, le 5 septembre 2023 à Paris (JOEL SAGET)
Laurence de Magalhaes et Stéphane Ricordel, les nouveaux co-directeurs du Théâtre du Rond-Point, le 5 septembre 2023 à Paris (JOEL SAGET)

Des spectacles populaires qui réunissent, des paris "un peu fous", un lieu de soutien à certaines causes : les deux nouveaux co-directeurs du Théâtre du Rond-Point à Paris veulent succéder à Jean-Michel Ribes "le plus honnêtement" possible, tout en imprimant leur patte.

C'est leur première saison: Laurence de Magalhaes, 58 ans et Stéphane Ricordel, 60 ans, sont pleinement aux commandes de ce théâtre devenu ces dernières années un lieu culturel foisonnant, dédié aux auteurs contemporains, haut lieu de l'impertinence. En décembre l'auteur, metteur en scène et cinéaste Jean-Michel Ribes, 76 ans, passait la main, à contrecœur.

"Notre défi est de lui succéder le plus honnêtement possible", assure à l'AFP Stéphane Ricordel.

Ce tandem, couple au travail comme dans la vie personnelle, a fait le tour du monde pendant 15 ans au sein de la compagnie de cirque Les Arts Sauts, lui trapéziste, elle directrice de production. Puis se sont posés, dirigeant pendant 12 ans le Monfort Théâtre, à Paris.

Il s'agit pour eux, d'abord, de garder l'héritage : mettre en scène des auteurs contemporains, accueillir des "projets hybrides et pluridisciplinaires" mêlant théâtre, danse cirque, marionnettes, "prendre des paris un peu fous vus nulle part ailleurs", indiquent-ils.

Mais aussi de donner leur propre ton. Avec davantage de place aux artistes étrangers, par exemple. Ce sera le cas, pour l'ouverture mardi avec "One Song", un spectacle "physique, tonique, galvanisant" mis en scène par la plasticienne belge Miet Warlop.

Un accent supplémentaire est donné à la danse contemporaine (les chorégraphes Sharon Eyal ou Marlene Monteiro Freitas) mais aussi à des autrices contemporaines, avec des créations ou adaptations d'oeuvres de Lola Lafon, Mazarine et Léonie Pingeot, Vanessa Springora (Le consentement), ou encore Constance Debré.

- "Jouer chez les voisins" -

Le duo recherche des spectacles qui "fédèrent". "Un bon spectacle, c'est quand des gens peuvent partager des choses communes alors que dans la vie, ils ne se seraient jamais retrouvés. Ce qu'on appelle des spectacles +populaires+ au bon sens du terme", détaille Laurence de Magalhaes.

En 2022-2023 sous l'ancienne direction, le théâtre a accueilli près de 130.400 spectateurs (572 représentations).

Et le "rire de résistance", marque de fabrique Jean-Michel Ribes ? "Ce n'est pas notre ADN", répond l'ancien trapéziste. "On est dans une société plus compliquée qu'il y a quelques années. Le politiquement incorrect ne fait plus trop rire", souligne Laurence de Magalhaes.

En revanche, fait-elle remarquer, "un théâtre, ça suit l'actualité". "S'il y a des choses qui nous dérangent, bien évidemment on ouvrira les portes à toute sorte de débats, de rencontres".

Parmi les projets de la saison d'après ? "Jouer in situ chez les voisins que sont le Petit et le Grand Palais".

Pour accompagner ce changement de direction, le théâtre, qui comprend trois salles, dont 750 places pour la plus grande, situé en bas de l'avenue des Champs-Elysées, a en partie fait peau neuve. Dehors, la bâche estampillée "Théâtre du Rond-Point" présentant la liste des artistes de la saison a disparu et révèle la coupole et le dessin du balcon du bâtiment construit au XIXe.

A l'intérieur, le hall a été débarrassé de sa moquette turquoise, les murs d'entrée repeints couleur terra cotta, les lampes du bar donnent une ambiance plus "zen", une banquette a été ajoutée, une fresque de l'artiste Bonnefrite décore un mur du bar-restaurant. L'identité graphique du théâtre s'est arrondie.

Le jour de la visite de l'AFP, Jean-Michel Ribes était tout de même dans les lieux, dans une pièce à l'écart, pour les dédicaces de son dernier livre...

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