En réponse à la lettre de Macron, les oppositions se montrent très sceptiques

Après sa rencontre marathon le 30 août avec les différents chefs de parti, Emmanuel Macron leur a envoyé une lettre de six pages à laquelle ils devaient répondre avant dimanche soir.

Ce que les oppositions ont répondu (ou pas) à la lettre de Macron (Photo d’Emmanuel Macron le 10 septembre 2023)

POLITIQUE - Manuel Bompard, Éric Ciotti, Marine Tondelier, Olivier Faure ou encore Jordan Bardella avaient jusqu’à dimanche 10 septembre au soir pour répondre au président. Certains l’ont fait, mais pas tous. Après sa rencontre marathon le 30 août avec les différents chefs de parti, Emmanuel Macron a envoyé à ces derniers une lettre de six pages dans laquelle il évoque de nombreux sujets, avec l’idée notamment de faire une proposition « dans les semaines qui viennent » sur une modification du recours au référendum. Ce courrier invitait les responsables politiques à lui faire des « propositions de modification ou d’ajout d’ici dimanche soir ».

Sans grande surprise, leur retour n’est pas enthousiaste. Trop peu de place accordée à l’écologie, à l’inflation, une « opération camouflage », un « exercice de communication »… : chacun y va de sa critique pour répondre au président.

Ciotti ne veut pas d’un « énième exercice de communication »

Le patron de LR Éric Ciotti, qui juge l’initiative « relativement décevante », a répondu à Emmanuel Macron en exigeant un calendrier précis. « Cette initiative que vous avez voulu porter seul est – à ce stade – relativement décevante par sa méthode et par son ampleur », affirme en préambule le numéro 1 des Républicains dans une lettre mise en ligne sur le site du Figaro.

Alors qu’il attendait autre chose qu’un « compte rendu » de réunion, il exige de la part du chef de l’État qu’il dise « la suite qu’il va réserver » aux propositions présentées par LR lors de la réunion, notamment un référendum sur l’immigration, et qu’il fixe dans le même temps un « calendrier précis ».

Dans sa réponse, après avoir assuré que son parti ne se « plierait » pas à un « énième exercice de communication », Éric Ciotti demande à Emmanuel Macron que son « initiative se prolonge nécessairement dans le cadre de nos institutions car les grandes questions qui touchent à l’intérêt national ne sauraient être traitées au cours d’échanges informels ad hoc ».

Le patron de LR réitère quatre points « incontournables » pour son parti : le pouvoir d’achat, l’insécurité, l’immigration et « la libération de la presse et des médias de l’emprise de certains idéologues », concluant sa missive par un ironique « dans l’attente de votre (ré)action ».

L’écologie ? « Deux phrases sur six pages »

De son côté, la secrétaire nationale d’EELV Marine Tondelier a fustigé « l’infime place accordée à l’écologie », avec « deux phrases sur six pages » dans la missive du président. « Le monde brûle et vous regardez manifestement ailleurs », regrette Marine Tondelier, en référence à la formule utilisée par Jacques Chirac en Afrique du Sud en 2002.

« Nous vous conjurons de refuser la facilité du greenwashing. Nous n’avons besoin sur le sujet ni de communication pour se donner bonne conscience, ni d’excuses pour refuser vos responsabilités, ni de prétextes pour renvoyer à plus tard des décisions indispensables », écrit également la patronne des Verts dans ce courrier.

La cheffe des écologistes demande également, comme ses alliés de la Nupes, un référendum sur l’abrogation de la réforme des retraites, et appelle à l’instauration de la proportionnelle, notamment aux législatives.

Concernant une participation à de futurs rendez-vous avec le président, Marine Tondelier a déclaré vendredi : « S’il y a des réunions où on peut parler d’écologie j’y serai. En espérant moins de solitude que lors des douze heures de la dernière réunion ». « Si c’est pour débattre des heures référendum sur l’immigration et assister à la lune de miel entre Macron et l’extrême droite ça sera sans moi », avait-elle également indiqué.

« On lui répondra peut-être dans les prochains jours »

Le patron du PCF Fabien Roussel a quant à lui réclamé au chef de l’État des « réponses inédites ». « Comment avancer, dialoguer, dans un cadre si restrictif, si cadenassé ? », a également écrit Fabien Roussel, en appelant à plus de dépenses publiques.

De son côté, Manuel Bompard, le coordinateur politique de La France insoumise, a indiqué ne pas vouloir « céder aux injonctions du président » concernant cette réponse attendue avant la soirée. « Si on souhaite lui répondre, on lui répondra peut-être dans les prochains jours, on verra, son délai n’est pas le nôtre », a balayé sur BFMTV le député des Bouches-du-Rhône.

Concernant sa participation à de futurs rendez-vous avec le président, Manuel Bompard s’est montré pessimiste. « Nous n’avons pas l’intention de participer toutes les semaines à ce type de comédie (...). Je ne vais pas continuer à participer à une opération de communication totalement ridicule et extraordinairement monarchique », a-t-il déclaré.

« Une opération camouflage »

Enfin, vendredi sur France 2, Olivier Faure regrettait qu’Emmanuel Macron n’ait retenu, selon lui, que des « sujets plutôt secondaires » de sa rencontre avec les chefs de partis. Le premier secrétaire du PS Olivier Faure. « C’est une opération camouflage d’une impuissance d’un président qui n’a plus de majorité » à l’Assemblée nationale, a-t-il résumé.

« Les sujets qui auraient dû être posés, c’est l’inflation (...). On a là un sujet qui devrait être un sujet majeur, qui n’est même pas traité », a-t-il regretté. « Sur l’écologie, on vient de vivre un été qui là encore devrait nous alerter : rien ! », a-t-il dénoncé. Il n’a pas dit s’il participerait à la prochaine rencontre proposée à l’automne par le président de la République.

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