La rédemption au bout du monde

PHILIPPE REY

Il est des livres que l’on voudrait ne jamais refermer, des pays impossibles à quitter, des histoires tellement normales que l’on n’ose pas y croire. Le pouvoir de la littérature est bien vivant, alléluia ! Il faudra l’explosion d’une bombe sale, un accident de voiture et trois morts injustes à près de vingt ans d’intervalle, pour qu’Amelia s’engouffre dans un de ces bus qui filent à toute allure sur les routes américaines et ne s’arrêtent plus. Sauf quand la piste disparaît ou que l’essence vient à manquer, que les voyageurs se sont évanouis dans la nature et qu’il ne reste plus qu’une jolie fille recroquevillée sur un siège pouilleux. Le bout du monde est un hôtel au pied du volcan El Fuego. C’est ici qu’Amelia débarque. Pour un jour, pour toujours, elle n'en sait fichtrement rien. Elle ne possède que des souvenirs, un homme qui éclate de rire, un bambin malicieux, mais les images s’estompent déjà. À l’Hôtel des Oiseaux, il y a Pablito qui traque la truite avec un harpon, Mirabelle, trop rancunière pour aimer Elmer, Leila à qui l’on a volé sa fillette, et puis la Japonaise qui ne parvient pas à enfanter, le flic vengeur, les hommes-lézards abrutis d’alcool qui, un jour, passeront les bornes, des menteurs et des naïfs, des escrocs, des innocents.

Peut-on fuir indéfiniment son destin ? Le hasard n’existe pas, c’est une certitude que l’on perçoit dans chaque ouvrage de Joyce Maynard. Malmenée par l’existence, l’auteur a été sauvée par l’écriture. Son roman, L’Hôtel des Oi...


Retrouvez cet article sur LeJDD