Le PSG, son transfert, les Bleus... L'intégrale de l'interview de Randal Kolo Muani dans Rothen s'enflamme

Le PSG, son transfert, les Bleus... L'intégrale de l'interview de Randal Kolo Muani dans Rothen s'enflamme

Jérôme Rothen: Randal, on imagine que tout va bien pour toi après une belle victoire comme celle contre Montpellier?

Exactement, on enchaîne les victoires, le groupe vit bien, donc c’est plaisant.

JR: Sur ce match contre Montpellier, j’ai senti que vous étiez très bien et qu'il n'y avait pas eu de baisse de régime. Est-ce que tu as senti aussi que ça faisait partie des matchs références depuis le début de saison?

Exactement. Déjà contre Brest on a eu ce mal-là parce qu’on menait 2-0 à la mi-temps et on se fait remonter donc c’était un peu plus compliqué. Contre Montpellier, on a su tenir la cadence et bien finir le match. On reprend du plaisir à jouer ensemble, tout se passe bien.

JR: Pour revenir à ta situation, comment as-tu appréhendé ces premières semaines au Paris Saint-Germain ? Il y a eu beaucoup de bruits sur le transfert au mois d’août…

C’est vrai il y a eu pas mal de bruits, d’histoires… C’était un peu compliqué à vivre pour moi mais je suis très bien entouré et ça s’est bien passé. Maintenant à moi de jouer mon football ici.

Fabrice Hawkins: On sentait que tu voulais vraiment venir au Paris Saint-Germain.

Oui, je suis né ici, j’ai grandi ici. J’ai tout fait ici. Pour moi c’était une chance à ne pas louper de venir. J’ai tout donné pour venir.

JR: Sur ce transfert qui pouvait être compliqué avec cette fameuse “grève” qui avait fait la une en Allemagne, je t’ai défendu. J’ai vraiment senti un joueur qui avait envie de défendre les couleurs du PSG...

C’était un rêve de gosse que je voulais réaliser. Et je suis en train de le réaliser. C’est juste une fierté de porter ce maillot, surtout en étant français. C’est un plaisir de venir au campus, de voir l’écusson, de jouer pour le Paris Saint-Germain… Pour moi c’est juste un rêve. Je réalise mon rêve. Je joue pour continuer à travailler, à jouer mon football, à me développer. Je continue à prendre du plaisir tout simplement.

FH: Sens-tu justement que tu as changé de dimension depuis que tu es ici au PSG dans un club qui joue régulièrement la Ligue des champions, le haut de tableau en Ligue 1?

Oui, c’est un club mythique pour moi. Il y a pas mal de pression, on nous attend au tournant. Il y a beaucoup d'exigences. A nous de relever la barre et de se mettre au niveau du club.

JR: Comment juges-tu tes premières semaines sur le terrain avec la pression? Il y a quelques années, j’étais exactement dans le même cas que toi, je sais le poids que tu peux ressentir au quotidien ou sur les matchs. Parle nous de ta progression sur ces premiers matchs, qui ont peut-être été un peu compliqués à gérer, et puis de ta situation aujourd’hui, deux mois après.

C’est vrai que les premiers mois étaient très très compliqués. Je n’étais pas installé. Je digérais un peu le transfert. Il y a énormément d’attentes autour de moi avec le montant, pas mal de pression. Au début j’avais de la pression mais maintenant c’est en train de…

JR: De retomber un peu.

C’est ça. Je suis en train de rejouer mon football et de reprendre du plaisir aussi. C’est le plus important.

JR: Est-ce que le fait de sentir cette pression qui est moins importante aujourd’hui est aussi lié au fait que tu as débloqué le compteur? Pour un attaquant c’est toujours important. Le match contre Marseille en plus...

Ce but m’a vraiment soulagé, ça m’a fait du bien. Celui face à Milan aussi. C’est important pour un attaquant de marquer et d’avoir confiance pour prendre du plaisir sur le terrain.

FH: Comment tu te sens dans cette position de numéro 9, de pivot que tu découvres peut-être? Tu jouais déjà devant à Francfort, mais tu avais l’habitude d’aller à gauche et à droite…

Quand je suis arrivé ici, je savais que ça allait changer de style de jeu. J’avais vu comment le coach jouait. Pour moi, c’est un nouveau challenge, j’essaye de m’adapter de jour en jour, de prendre de mes coéquipiers qui le font bien aussi. Il y a pas mal de concurrence aussi devant donc j'essaye d’apprendre de tout le monde, de travailler de mon côté et de rentrer dans le style du coach.

JR: Il y a aussi le fait que quand tu es un attaquant, tu as envie de te créer encore plus d’occasions, de situations pour marquer encore plus de buts… Est-ce qu’il y a un schéma préférentiel qui est mis en place avec toi ou avec Gonçalo Ramos? Vous êtes tous les deux en concurrence, même si vous pouvez tous les deux jouer ensemble. Est-ce qu’il y a un schéma préférentiel, une complicité avec un milieu de terrain, ou des latéraux avec lesquels tu sens qu’il va y avoir des déclics dans l’année?

Oui, avec Ousmane (Dembélé) j’ai quelques déclics qui pourraient venir. Avec Warren (Zaïre-Emery) ou Achraf (Hakimi) aussi. C’est un peu plus fluide sur le côté droit. Je suis plus souvent sur le côté droit que le gauche si on remarque bien. Mais il n'y a pas de schéma préférentiel. On doit juste faire tourner le ballon pour essayer de faire bouger les adversaires. Ça se passe bien en ce moment. L’équipe commence à se connaître de plus en plus.

JR: Est-ce que Luis Enrique te demande, par rapport à ce rôle de pivot, d’essayer de garder les ballons dos au jeu ou, avec ton profil qui est différent de celui de Gonçalo Ramos, est-ce qu’il préfère que tu ailles dans la profondeur pour libérer de la place aux milieux de terrain?

Sur des situations il faut que je libère de la place pour le milieu de terrain, mais ils ont souvent besoin de moi en tant qu’appui. Il faut que je garde souvent le ballon dos au jeu. Le ballon circule déjà bien de gauche à droite. Donc quand on s’appuie sur moi il faut vraiment que je réussisse à le garder.

JR: Je vais te dire la réalité, je suis assez honnête avec toi, je te trouve très performant sur des appels de balle dans la profondeur et j’imagine que ça va s’améliorer dans ta relation avec les joueurs de passe pour avoir encore plus de situations devant le but. Le seul bémol que je mettrais c’est ton travail dos au jeu où tu m’as un peu déçu sur la façon de garder ces ballons. Le ballon qui part à deux-trois mètres sur le contrôle, au lieu de rester dans les pieds. Est-ce que tu l’as senti? Pour toi, c’est inhabituel?

C’est un axe de progression clairement. A moi de m’appliquer. Je n’avais pas trop l’habitude de jouer dans cette position à Francfort, je demandais plus le ballon en profondeur. C’est un style différent. Mais, j’ai décidé de venir à Paris aussi pour…

JR: Pour être confronté à ça...

C’est ça exactement. C’était un nouveau challenge pour moi. A moi de travailler, de progresser.

FH: Il y a eu pas mal de recrutement au Paris Saint-Germain dans le secteur offensif: toi, Ousmane Dembélé, Bradley Barcola, Gonçalo Ramos qui est en concurrence directe avec toi sur ce poste de numéro 9. Comment vivez-vous cette concurrence?

Ça se passe très très bien. On s'entend tous bien d’ailleurs. Je pense que la concurrence fait progresser les joueurs. Pour moi c’est primordial qu’il y en ait dans un club comme le Paris Saint-Germain, ça fait progresser. A nous de nous donner à l’entraînement, et dans les matchs pour arriver à garder notre place.

FH: Luis Enrique vous annonce les compositions d’équipe très tard, parfois 2h avant le match. Ça laisse une forme d’incertitude. Comment le vivez-vous?

Il faut toujours être prêt en tant que footballeur. Même si on connaissait la composition un jour avant, avec la concurrence qu’il y a ici, il faut toujours être prêt, se préparer à jouer. Même si tu vas rentrer, il faut être prêt. Au Paris Saint-Germain, il y a énormément de concurrence, il faut être prêt pour jouer. Les places valent cher.

JR: Avec Gonçalo Ramos, vous avez deux profils différents. J’ai du mal à croire que Luis Enrique te demande la même chose. Est-ce qu’il y a un schéma différent avec toi?

Non, c’est le même. On peut aussi prendre la profondeur à n’importe quel moment quand on en a la possibilité. Le numéro 9 doit être là pour l’équipe.

FH: Est-ce qu’il y a cette liberté d’aller sur le côté même quand tu joues numéro 9 ou Luis Enrique te demande-t-il de rester en point de fixation?

Non, on a cette liberté, on peut "switcher", on peut dézoner tant que l’on respecte nos positions, qu’il y a quelqu’un à la même position, le coach est satisfait.

JR: Sur le travail au quotidien, comment juges-tu les séances d'entraînement de Luis Enrique?

Il y a énormément de tactique, pas mal de jeu de position, de jeu combiné. C’est le style du coach. On en fait beaucoup chaque jour.

JR: Moi je suis passé par là aussi. Un entraîneur tu le respectes aussi parce qu’il a des idées. Tu es à fond, surtout quand ça se vérifie sur les matchs. Sens-tu à travers ce match contre Montpellier, mais même avant, que l’équipe progresse dans ce que demande vraiment le coach?

Oui, énormément. On a vu sur ce match face à Montpellier qu’on a pu tenir la cadence et qu’on avait beaucoup la possession de balle. Oui, on progresse clairement. Si on compare avec le match de Brest, je pense qu’on a su tenir le match tout au long.

JR: Avec le recul, comment expliques-tu ce qu’il s’est passé à Newcastle?

Sincèrement, on a n’a pas mis les ingrédients qu’il fallait dans ce match. On a perdu énormément de ballons…

JR: Et de duels aussi...

C’est ça. Énormément de duels, on n’y était pas. C’est vraiment collectif. Ça a été un match à oublier très rapidement.

JR: Ces matchs servent pour essayer de ne pas commettre à nouveau ces erreurs et pour avancer. Ce que vous avez très bien fait puisque derrière vous avez tout de suite rebondi avec cette victoire à Rennes...

Oui, ce match nous a énormément servi. C’était un match de référence pour nous au niveau des choses à ne plus reproduire.

FH: Les statistiques sont importantes pour les attaquants. Tu as marqué deux buts, fait deux passes décisives en sept matchs, un but en Ligue des champions également en trois matchs. Est-ce que tu as des objectifs?

Je l’ai toujours dit: je ne dis jamais mes objectifs…

FH: Mais tu en as?

Personnellement oui… Je suis un attaquant quand même. J’ai des objectifs personnels mais c’est juste à moi de bien m’installer pour l’instant, jouer mon jeu, reprendre du plaisir. Après les stats, ça vient tout seul.

JR: Ton transfert est important. Est-ce qu’à travers ces stats, tes performances, ta progression, tu penses que le regard des gens a changé? Et qu’ils vont te juger aussi par rapport à ce transfert?

Je sais que les gens me jugent par rapport à ce montant. Après, ça me met une pression car je dois prouver que je vaux ce montant là. Il ne faut pas se préoccuper de ça. C’est à moi de jouer mon football, de pas me préoccuper des gens qui disent: “tu vaux tant”.

JR: Ce n’est pas facile de prendre du recul parce que tu restes un jeune, même si tu es titulaire en équipe de France et dans une équipe comme le Paris Saint-Germain. Pour avoir ce recul, il faut être bien entouré. J’imagine que tu en parles à tes proches et même à tes coéquipiers pour retirer cette pression négative.

Oui j’en parle à mes proches. C’est important d’arriver un peu à souffler. Ils m’aident énormément.

FH: Jérôme (Rothen) parlait de l’équipe de France justement. Est-ce qu’avec Ousmane Dembélé et Kylian Mbappé, vous vous dites: “ça serait bien qu’on soit le trio d’attaque en juin prochain en Allemagne”?

Non, sincèrement on n’en parle pas. C’est à nous d’abord d’être performants dans notre club. Après on verra. Ce sera le choix du coach de décider qui il va mettre à l’Euro.

FH: Mais ça serait pas mal (rires)...

Ca serait pas mal bien sûr mais après c’est le coach qui décide (rires).

JR: Pour rebondir avec Didier Deschamps, quelle est ta relation avec lui? Est-ce qu’il t’a beaucoup aidé au Paris Saint-Germain à gérer tout ce qui peut se dire sur toi?

Oui, il m’a beaucoup aidé, on échange pas mal à chaque sélection. Il me donne énormément de conseils. Ça me permet d’avancer, de continuer à travailler. C’est important pour moi qu’un coach soit aussi proche de ses joueurs.

FH: Lors du dernier rassemblement, il t’a soutenu publiquement en conférence de presse. Est-ce que tu as entendu ces mots ? Est-ce qu’ils t’ont touché ?

Oui énormément, j’ai vu. Ça m’a vraiment fait chaud au cœur. A moi de lui rendre la pareille sur le terrain. C’est comme ça que je peux le remercier. A moi de travailler et de progresser.

JR: Randal je peux pas te laisser partir sans que tu me livres et que tu nous expliques ta sensation, ton premier match au Parc des Princes avec le maillot du PSG. Qu’est-ce que ça t’a fait?

C’était juste magique. C’est un moment que je n’oublierai jamais. C’est déjà incroyable de voir l’écusson sur soi. Pour moi c’est juste un rêve, les supporters, le cadre: c’était juste magique… Je n’ai pas les mots pour expliquer tout ça.

JR: Zaïre-Emery, j’imagine que tu l’as découvert il y a quelque temps maintenant. Tu l'imagines avec toi au château?

Déjà l’année dernière, sur quelques matchs, il m'impressionnait. Tout ce qu’il fait, c’est juste impressionnant. Je suis vraiment très fier de jouer à ses côtés. S’il continue comme ça, ça sera au coach de le sélectionner.

FH: Dans le groupe, vous oubliez parfois qu’il a simplement 17 ans?

Totalement, on oublie qu’il n’a pas notre âge. C’est vraiment incroyable comment il est mature dans son jeu et même hors terrain il est très très calme, très très posé.

Article original publié sur RMC Sport