Programmation qui fâche en Ligue 2: la lettre de 26 parlementaires à Oudéa-Castéra, pour remettre les matchs le week-end

"Le foot, c'est le week-end". Depuis le début de la saison, pas un match de Ligue 2 ou presque ne se déroule sans le déploiement d'une banderole ou un mouvement de contestation de la part des supporters des différents clubs de deuxième division. En cause: la programmation des matchs du championnat cette saison, avec une journée type composée de sept matchs le vendredi soir, un match le lundi soir, et donc une seule rencontre le samedi, au cœur du week-end et des traditionnels jours de repos hebdomadaires.

Si BeIn Sports, le diffuseur de la L2 dans le viseur des fans, n'a jusqu'à présent pas voulu changer son fusil d'épaule, plusieurs parlementaires ont décidé de se mêler à la bataille et de solliciter la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra.

"Les supporters ne doivent pas être cantonnés à de simples figurants d'un jeu télévisuel très lucratif"

À l'initiative de Damien Girard, député NFP du Morbihan (terre du FC Lorient), 26 députés et sénateurs ont signé une lettre demandant à la ministre et au gouvernement démissionnaire de "peser de tout son poids pour que les matchs de Ligue 2 soient reprogrammés pour la plupart en fin de semaine".

"Début août, sans concertation avec les clubs et leurs supporters, la Ligue de football professionnel et BeIn Sports ont annoncé la programmation de 8 matchs de Ligue 2 sur 9 en semaine. Pourtant, depuis 2020, les matchs de Ligue 2 de football avaient principalement lieu le week-end", rappellent les élus.

"Par cette décision, BeIn Sports, haut de ses 40 millions d'euros de droits exclusifs de diffusion, méprise l'esprit du football qui traverse les 18 villes du championnat, les clubs et leurs supporters. Au-delà des conséquences économiques sur les clubs du fait notamment d'une baisse probable d'affluence à prévoir dans les stades, l'organisation de la plupart des matchs en semaine aurait des conséquences sociales et sociétales regrettables", regrettent-ils.

"Le football est un formidable vecteur de cohésion sociale car il rassemble des supporters de tous les âges, de toutes les conditions sociales et de toutes les sensibilités culturelles ou politiques. Que l'on y rende seuls, en famille ou entre amis, le football permet de vibrer ensemble sous une bannière commune, de se détendre après une semaine de travail, de faire la fête. Il fait faire société dans une période où nous en avons cruellement besoin."

Surtout, les fans doivent être considérés comme des acteurs à part entière de l'économie footballistique, estiment les parlementaires. "Les supporters ne doivent pas être cantonnés à de simples figurants d'un jeu télévisuel très lucratif pour une minorité bien éloignée de ces villes. Le football et les profits qu'il génère n'existeraient pas sans eux. Ne programmer qu'une part infime des matchs le week-end c'est porter atteinte au droit aux loisirs pour les travailleurs et les travailleuses. C'est priver les enfants qui doivent se coucher tôt en semaine de la joie d'assister aux matchs de leurs idoles et de se forger un goût pour le sport et le collectif. C'est priver les clubs et les villes d'une ferveur populaire qui façonne leur identité et leur attractivité."

Et d'ajouter: "Les profits engendrés via les droits du diffuseur exclusif ne doivent pas priver les supporters d'assister aux matchs de leurs équipes et de profiter des joies du stade entre amis ou en famille."

Alors qu'une réunion a eu lieu la semaine passée entre les différentes parties pour tenter de trouver une issue au dossier, sans que rien de concret n'en ressorte (pour le moment), l'Association nationale des supporters (ANS) a annoncé en début de semaine la poursuite du mouvement de contestation après la trêve internationale. En soulignant, toutefois, "que les actions de vandalisme ne sont pas compatibles" avec sa "charte constitutive".

Article original publié sur RMC Sport