Procès Pogba: qui sont les six prévenus jugés pour la séquestration du footballeur en 2022?
L’entourage d’un joueur de football est capital dans la réussite d’une carrière. Ce dossier en est un exemple parfait. Ce mardi s’ouvre, devant la 16e chambre correctionnelle du Tribunal de Paris, le procès de six proches de Paul Pogba, dont son frère Mathias, sur fond d’argent extorqué à l’une des plus grandes stars françaises du ballon rond.
Cinq de ces proches sont soupçonnés d'avoir organisé une réunion en banlieue parisienne le 19 mars 2022 pour contraindre le joueur à les aider financièrement, au nom de leur amitié ancienne. À cette occasion, l'ex-international avait été séquestré et braqué par deux hommes non identifiés qui lui réclamaient 13 millions d'euros. Mathias, lui, est soupçonné d'avoir fait pression après cette nuit qui a concentré l'attention des enquêteurs.
Dans leur ordonnance, dont RMC Sport a eu connaissance, les deux juges détaillent les charges contre les différents protagonistes du dossier. Ils réalisent aussi une présentation des différentes personnes.
Roushdane K.
Un élément central de l'enquête. Déjà connu de la justice, celui qui est présenté comme équipier en restauration rapide, mais dont il ne tire aucun revenu, est considéré comme "un grand frère" par plusieurs personnes. Selon ses explications devant les enquêteurs, il avait un "rôle de médiateur dans les conflits" qui pouvaient survenir "entre petits frères". Roushdane K. avait demandé à sa compagne de quitter la France le 13 juin 2022 "pour sa sécurité".
Selon les explications de Paul Pogba, celui qui est surnommé "Le Rouge" n’a jamais perçu de dons de sa part "avant la séquestration de mars 2022". Roushdane K. est mis en examen des chefs d’arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire d’otage commis en bande organisée pour faciliter un crime ou un délit, suivi de libération avant 7 jours. Mais aussi de participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un crime et d’extorsion en bande organisée commise avec une arme.
Adama C.
Jamais condamné par le passé, Adama C. a expliqué aux enquêteurs qu’il avait "cessé son activité de technicien de maintenance" en 2017 avant d’entamer une formation dans le e-commerce à Dubaï. Devant les enquêteurs, Adama C., considéré comme un "ami intime" de l’international français, indiquait avoir "perçu des dons de la part de Paul Pogba" avec des sommes allant de 2000 à 15.000 euros. Sa compagne confirmait ces propos.
Selon l’enquête, Adama C. était présent dans la pièce le soir de cette fameuse réunion en banlieue parisienne le 19 mars 2022. Il est mis en examen des chefs d’arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire d’otage commis en bande organisée pour faciliter un crime ou un délit, suivi de libération avant 7 jours, de participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un crime et d’extorsion en bande organisée commise avec une arme.
Boubacar C.
Frère d’Adama C., Boubacar C. est déjà connu de la justice. Cet individu s’est présenté aux enquêteurs comme un éducateur. Ce dernier, selon le dossier d’enquête que RMC Sport a consulté, décrivait Paul Pogba "comme un ami d’enfance, avec qui il entretenait une relation qualifiée de fraternelle, et réfutait l’existence d’un quelconque contentieux entre eux". Lors de sa garde à vue, Boubacar C. avait confié aux enquêteurs qu’il n’avait plus aucun contact avec l’international français depuis mai 2022.
Cet ancien chauffeur de la maman de Paul Pogba, Yéo Moriba, "était réticent à sortir, semblait inquiet et méfiant, et avait évoqué des problèmes avec Paul Pogba", selon sa compagne. Cette dernière évoquait une "relation dégradée" avec l’international français. Boubacar C. est mis en examen des chefs d’arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire d’otage commis en bande organisée pour faciliter un crime ou un délit, suivi de libération avant 7 jours, de participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un crime et d’extorsion en bande organisée commise avec une arme.
Mohamed MK.
Associé à Adama C. dans la gestion d’un restaurant et frère de Roushdane K., Mohamed MK. a évoqué sa relation avec Paul Pogba devant les enquêteurs. Jamais condamné, il indiquait "considérer Paul Pogba comme un petit frère", selon le document consulté par RMC Sport. Proche de Mathias Pogba, cet individu explique qu’il n’y avait "aucun contentieux" dans le petit groupe.
Il avait reçu plusieurs dons en 2019 de la part de Paul Pogba. Une autre entrée d’argent interviendra le 23 mars 2022, d’un montant de 40.000 euros, qu’il partagera avec son frère Roushdane K.. Selon sa compagne, lors de son audition, Paul Pogba "tentait de manipuler la justice et la presse". Il est mis en examen pour les mêmes chefs que les trois autres protagonistes.
Mamadou M.
Déjà condamné, Mamadou M. est surnommé "Mam’s" par ses proches. Sa relation avec Paul Pogba est décrite comme une relation d’enfance. Mamadou M. a vécu jusqu’en 2020 à Manchester et à Turin avec l’international français. "Mam’s" se définit comme "un homme à tout faire" du joueur, rémunéré 1500 euros par mois. Selon le document consulté par RMC Sport, "en dehors des versements correspondant à sa rémunération, Mamadou M. contestait avoir bénéficié de largesses financières du joueur". L’individu avait aussi demandé "un prêt" à Paul Pogba d’un montant de 400.000 euros. L’international français avait "trouvé le montant excessif".
Enfin, la compagne de Mamadou M. avait confié aux enquêteurs qu’il lui avait demandé "de faire attention à sa sécurité" en raison "d’engagement pris par Paul Pogba auprès de tiers". Il est mis en examen pour les mêmes chefs que les quatre autres protagonistes.
Mathias Pogba
Jamais condamné, le frère de Paul Pogba sera l’un des personnages les plus connus de ce procès qui s’ouvre mardi. Joueur de football professionnel, "il était au moment de son interpellation, et depuis juin 2022, à la recherche d’un club", note le document. Paul Pogba expliquait devant les enquêteurs qu’il "apportait un soutien financier régulier à son frère".
Il a été mis en examen des chefs d’extorsion en bande organisée et de participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un crime. Il était aussi placé sous statut de témoin assisté du chef d’arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire d’otage commis en bande organisée pour faciliter un crime ou un délit suivi de libération avant 7 jours.