"On parlait de moi au passé", l'enthousiasme de Paul Pogba, qui fait de l'équipe de France "un objectif"
Paul, racontez-nous un petit peu dans quel état d'esprit vous êtes aujourd'hui après tout ce qui s'est passé, mais surtout après cette réduction de peine?
Très heureux, soulagé aussi. Et ça prouve aussi que la vérité sort toujours. Donc, c'est un bon moment pour ma famille et moi.
Comment avez-vous vécu ces derniers mois? On imagine que quand cette suspension de quatre ans est tombée, quand il y a eu toute cette histoire là, il a dû y avoir des moments de doute aussi?
C'était un choc pour ma famille et moi, ça m'a mis un coup mentalement aussi. Donc tu t'assoies et tu commences à réfléchir. Tu te dis "je vais faire quoi demain? Est-ce que le football c'est fini? Est-ce que ce n'est pas fini? Qu'est-ce qui va se passer?" C'est vrai que c'était une période vraiment difficile où il fallait être patient, où il faut avoir la foi et la positivité de se dire "on continue et les choses vont tourner, ça va être positif parce que je sais que je suis innocent", on va dire. Quatre ans, c'était énorme et ce n'était pas juste. Donc il faut garder la tête haute et continuer à vivre. Je suis un mari, je suis un père de famille aussi. J'ai mon rôle aussi à la maison.
>> Les podcasts de Génération After
Il faut être fort mentalement pour traverser tout ça, pour se relever, pour surmonter les obstacles?
Bien sûr, parce que tu peux t'effondrer. Tu peux te lever et te dire: "J'arrête tout". Parce qu'il y a eu beaucoup de critiques, mon image a été salie avec des histoires précédentes, donc il s'est passé énormément de choses. C'était une noyade de dramas et de mauvaises nouvelles. Mais on a la foi et quand tu as la foi, tu restes fidèle au très haut et puis tu continues, tu dois rester fort. Comme j'ai dit, il y a ma femme, mes enfants. Je dois être là aussi pour eux. Et c'est la foi qui m'a donné la force de rester debout.
Est-ce qu'à un moment, vous vous êtes dit que peut-être vous ne joueriez plus au football, que c'était peut être terminé? Prendre quatre ans, à 31 ans, c'est la fin?
C'est vrai que ça m'est venu en tête. J'étais dans une période de flou. Tu ne sais même pas ce qu'il va se passer le lendemain. Tu es dans l'attente. Tu dois t'entraîner, tu dois rester fit. En même temps, tu te dis: "Qu'en pense le club?" Mais tu ne peux pas trop être en contact avec eux. Donc tu ne sais pas vraiment ce que tu dois faire. Tu dois juste attendre qu'on t'appelle et qu'on te dise qu'il y a le procès, que tu vas t'asseoir et que tu pourras t'expliquer. C'était ça pendant un an, c'était comme ça. C'était très dur à gérer. C'était des moments où tu te dis "ça s'arrête quand?"
Et maintenant qu'il y a cette libération, maintenant que vous savez que vous pourrez rejouer à partir de janvier, et puis après en compétition officielle à partir de mars, c'est quoi l'avenir de Paul Pogba sur ce court terme-là? Vous êtes encore sous contrat avec la Juventus. Est-ce que vous avez déjà discuté de ce qu'il va se passer? Est-ce que vous savez quels sont leurs plans pour vous?
Non, pour l'instant non. Mon focus aujourd'hui, c'est de m'entraîner, de rester fit, de me préparer pour janvier. C'est ça aujourd'hui. Avec la Juve, bien sûr, on va en parler dans les semaines à venir. Mais pour l'instant, je suis encore sous contrat avec la Juventus. Mon souhait, c'est juste de revenir, de retourner sur le terrain et de faire ce que j'aime le plus au monde.
Donc de jouer. Jouer à la Juve, jouer ailleurs, peu importe? C'est retrouver un club compétitif, c'est ça? C'est retrouver la compétition?
Non, c'est vraiment m'entraîner, m'entraîner avec des coéquipiers, être sur les terrains, retrouver cette vie de footballeur.
C'est ça qui vous a le plus manqué?
Bien sûr, c'est ça que je veux: reprendre. Pendant un an, voire plus, c'est comme si je n'étais plus un footballeur, c'est comme si ma carrière s'était arrêtée. Je regardais, je suivais (ce qui a été dit à son sujet), ce n'était plus Paul Pogba le footballeur et on parlait de moi au passé. Et c'est ça qui est assez dur quand les gens pensent que c'est fini. Mais c'est une détermination aussi. Je me dis maintenant "je veux revenir". Il faut que je revienne fort.
Ce sera un nouveau Paul Pogba que l'on verra sur les terrains?
Oui, c'est sûr que ce sera un nouveau Paul Pogba avec une mentalité différente, qui va beaucoup plus apprécier, que ce soit à l'entraînement, sur les terrains de foot, la récupération... Il faut apprécier parce que ça peut se finir dès demain. Et quand tu réalises ça, tu ne vois pas la vie de la même manière.
On vous a posé la question sur votre avenir à la Juve, mais on sait que la Ligue 1 a besoin de stars, le PSG a besoin de stars, l'OM a besoin de stars aussi...
Je vais me répéter. Je suis sous contrat encore avec la Juventus, donc parler avec d'autres clubs, c'est interdit. Aujourd'hui, comme je l'ai dit, mon focus, c'est de m'entraîner, d'être fit, et juste d'être sur les terrains. Après le reste, on verra ce que le futur nous dira.
Quand vous rejouerez, que ce soit en Italie ou ailleurs, il y a aussi l'équipe de France qui est quelque chose de très important pour vous. Reporter ce maillot un jour, c'est un des objectifs aussi dans cette nouvelle carrière de Paul Pogba?
Bien sûr, c'est un objectif. Ca a toujours été un rêve pour moi de jouer pour l'équipe de France. Ça fait des années que je ne suis pas parti. Il faut être prêt pour ça aussi. Il y a des joueurs, de très très bons joueurs qui sont à cette position. Il faut que cette place, je la mérite de nouveau. Et je vais faire tout mon possible pour revenir, bien sûr. Si ça peut aider l'équipe et si c'est un plus, pourquoi pas? Mais il faut la mériter cette place, bien sûr.
Le sélectionneur Didier Deschamps a été très présent pendant votre suspension, pendant ces longs mois. C'est important pour vous aussi? C'est quelqu'un qui a beaucoup compté dans votre carrière, qui compte encore beaucoup aujourd'hui dans votre carrière?
Bien sûr, ça fait toujours plaisir quand tu vois que ton sélectionneur te supporte aussi en dehors des terrains. Il a été présent pour le doping, mais aussi pour plein d'autres problèmes extra-sportifs. J'aime aussi demander des conseils au coach donc on a cette relation-là, où je peux envoyer un message pendant les vacances, je peux l'appeler et lui demander des conseils c'est toujours bien et important d'avoir cette relation là.
Vous avez discuté déjà peut-être d'un possible retour, si vous retrouvez votre meilleur niveau?
Non, mais le sélectionneur a été l'un des premiers à qui j'ai dit pour le doping (la réduction de peine, ndlr). Il a été très content pour moi bien sûr. Et là, ça a été mon coach. Il m'a dit: 'Paul, tu dois bosser, tu dois bosser. Quand je te dis bosser, c'est que tu dois redoubler d'efforts.' Et je suis d'accord avec lui, je suis au courant. Il m'a dit: 'Tu as eu cette chance-là, maintenant c'est boulot, boulot, boulot.' Et il a totalement raison. C'est ça que j'aime, cette franchise.
Quand vous reviendrez, il n'y aura plus un de vos "frérots", Antoine Griezmann, qui a décidé de prendre sa retraite internationale. Comment l'avez-vous vécu, quel message voulez-vous lui passer?
Ah mon Grizou, c'était triste pour tous les Français, tous les fans de football et de l'équipe de France. En plus il n'est pas si vieux que ça et surtout c'était un cadre. On a perdu un cadre de l'équipe de France. Il a ses propres raisons, et on ne pourra jamais enlever ce qu'il a fait pour l'équipe de France. Et je lui ai dit, je l'ai eu au téléphone hier. Et je lui ai dit: 'Tu as fait partie des joueurs qui ont remis cette équipe de France au top. Donc encore un grand merci pour ça mon Grizou.'
Et lui aussi, Antoine Griezmann, a été important pour vous dans ces moments de doute?
C'est sûr, on en a parlé. Il a aussi eu une période difficile quand il était à Barcelone. Donc, on a cette relation-là où on s'envoyait des messages de soutien. Et là, j'ai essayé de le faire rigoler. C'est sûr que c'est toujours bien d'avoir un coéquipier qui t'envoie des messages et qui te supporte.
Et pour les supporteurs français, ceux qui vous ont soutenu aussi sur les réseaux, ceux que vous pouvez croiser dans la rue. Quel message avez-vous pour eux aussi?
Je pense que ce sont les supporteurs français qui m'ont le plus supporté, donc un grand merci pour ça, ça m'a vraiment touché et j'espère juste revenir à mon meilleur niveau et donner du plaisir à tous ces supporteurs parce que c'est ça pour moi le football, donner du plaisir aux gens quand ils viennent regarder un match.