Paris: des sans-abri délogés de leur squat dénoncent un "nettoyage social" avant les JO 2024
Mardi et mercredi, les autorités ont procédé à l'évacuation de nouveaux campements dans le nord de Paris à quelques jours du début des Jeux olympiques. Pour les personnes sans-abri évacuées ces derniers mois, il s'agit d'un "nettoyage social".
Pour Paul Alauzy, coordinateur Médecins du monde, le constat est sans appel: "chaque évacuation est marquée du sceau olympique." Mardi 16 juillet matin, un camp d'environ 250 personnes a été évacué dans le nord de Paris, près du canal de l'Ourcq. Ce mercredi 17 juillet, deux nouvelles évacuations ont eu lieu le long du canal Saint-Denis, vers le pont de Stains et l'avenue Corentin Cariou.
Ces évacuations de plus en plus fréquentes sont, pour beaucoup d'expulsés et associations, réalisées dans l'optique d'un "nettoyage social" avant le début des JO de Paris 2024, le 26 juillet.
"Ils sont évacués parce qu'ils sont sur le passage de la flamme olympique. Le canal Saint-Denis, la flamme va y passer le 26 juillet pour être menée de la porte de la Villette jusqu'au Stade de France pour la cérémonie d'ouverture", dénonce ce mercredi Paul Alauzy, coordinateur Médecins du monde et membre de l'association Le revers de la médaille, sur BFM Paris Île-de-France.
"Je me suis retrouvé dans les métros"
Mike, âgé de 26 ans, a été délogé de son squat en décembre dernier. Celui qui a porté la flamme olympique au Havre en début du mois était à la rue depuis février 2020.
"Un matin, la mairie de Paris vient me voir dans mon squat pour me dire 'bonjour Mike, malheureusement on doit te faire quitter les lieux, à cause des JO. On a des consignes très strictes de virer les sans domicile des squats'", témoigne-t-il au micro de BFM Paris Île-de-France.
"Après je me suis retrouvé dans les métros, sous les ponts, dans les abris de bus", ajoute-t-il. Les solutions de relogement qui lui ont été proposées étaient en dehors de l'Île-de-France. "J'ai dit non je préfère rester à Paris. C'est ma ville natale", assure-t-il. Bénévole dans une association, Mike a depuis réussi à trouver un logement social.
Abib, de son côté, a dû quitter sont squat d'Ivry-sur-Seine. "Après, à cause des Jeux olympiques, ils nous ont évacué à Évry-Courcouronnes. Après, ils nous ont dit on va évacuer dans d'autres régions comme Besançon. J'ai refusé parce que je suis en train d'attendre la préfecture pour une carte d'identité et un passeport", raconte-t-il.
138 expulsions en 13 mois
Entre avril 2023 et mai 2024, 138 expulsions ont eu lieu, plus de 12.500 expulsées d'Île-de-France, soit 38% de plus par rapport à période 2021-2022. "Les gens, on va les faire partir, remplacer leur lieu de vie par d'énormes blocs de béton avec des picots pour éviter qu'ils se réinstallent", martèle Paul Alauzy.
"On va juste les héberger 30 jours, 60 jours maximum, le temps de Jeux et on ne va pas vraiment les prendre en charge. On voudrait qu'il y ait un vrai traitement de cette misère et le traitement ce n'est pas la dispersion temporaire", ajoute-t-il.
"Toute l'année, ils ont envoyé les gens loin de Paris et des Jeux et tout d'un coup, à dix jours des Jeux, vu qu'il reste quelques centaines de personnes, on trouve des places en Île-de-France alors qu'avant c'était impossible. On dégage les gens parce que la flamme olympique va passer, hier matin parce qu'on était proche du parc de la Villette qui est une zone de festivité...", termine Paul Alauzy.
De son côté, la préfecture d'Île-de-France préfère parler de "mise à l'abri". Interrogé sur un lien entre ces évacuations et les Jeux olympiques, Christophe Noël du Payrat, directeur du cabinet du préfet de la région d'Île-de-France, assure qu'il n'y en a pas: "Non, nous intervenons chaque semaine depuis des mois, même des années."