Nice: pourquoi les débuts de Franck Haise au Gym sont aussi poussifs
"C’était lunaire. On jouait à Lyon mais on était sur la Lune là…" La défaite (4-1) et les erreurs d’arbitrage subies au Groupama Stadium sont encore dans l’esprit de Franck Haise avant de défier Le Havre, ce samedi à 19h. Si la direction de l'arbitrage a depuis admis l'oubli d'un penalty, “ils ne sont pas revenus sur les autres erreurs”, regrette l'entraîneur de l’OGC Nice. Cette claque reçue dans le Rhône est la deuxième sur le même score après celle infligée par les Glasgow Rangers (4-1). Elles illustrent le démarrage poussif de l’aventure niçoise de Franck Haise, surtout en Ligue Europa où le Gym est avant-dernier avec deux points en cinq journées.
Une hécatombe de blessés depuis le début de la saison
Sur les 24 joueurs de champ de l’effectif professionnel, seuls trois ne sont pas passés par l’infirmerie : Bombito, Rosario et Bouanani. Pour la réception du Havre, dix joueurs sont recensés sur le point médical du club et deux (Abdelmonem et Boudaoui) ne sont pas mentionnés mais sont malades depuis le début de la semaine.
"De l'agacement, oui j'en ai", reconnaît Franck Haise. "Parce que j'aimerais qu'on ait toutes nos forces vives. Il nous en reste, heureusement, mais c’est vrai qu’avec 11 ou 12 joueurs en moins, ça fait beaucoup. (...) Au-delà d'avoir un effectif moins dense, on est obligé de tout gérer. Les séances d'entraînement, vous ne pouvez pas faire les mêmes." C’est ainsi que des membres du staff sont utilisés comme joueurs pour travailler les coups de pied arrêtés ou simuler des oppositions.
Un style de jeu par intermittence
Du contre-pressing, du dépassement de fonction, une forte présence dans la surface de réparation… Dès les premières rencontres, la touche Franck Haise est apparue sur le pré, détonnant avec celui de son prédécesseur Francesco Farioli. Certes par séquence et non dans l’intégralité des rencontres, mais un agent proche du club avait noté l’évolution: "Au début de saison on apercevait la patte Haise sur des bouts de match. Depuis quelques semaines et notamment le passage à quatre en défense, un peu moins. Il est contraint de s’adapter."
En interne pourtant le message est le même. Pas question de se renier malgré les nombreux blessés, même si Franck Haise admet "quelques adaptations sur les principes."
Un effectif décimé et un réservoir limité
Dans ce contexte, Franck Haise est contraint de lancer dans le grand bain des joueurs qui n’y étaient pas forcément prédestinés en début de saison. Avec une réserve qui évolue en D5 et un Groupe Élite qui joue très peu, la marche est haute pour les joueurs du centre de formation, admet l’ancien Lensois : "J'ai fait quatre ans à Lens, quand des jeunes joueurs le pouvaient, ils jouaient. Mais je ne lance pas des joueurs pour faire plaisir, il faut qu’ils montrent qu’ils ont des qualités. Depuis que je suis là, les jeunes viennent s'entraîner très régulièrement, on les connaît. Maintenant entre un match de U19 et la Ligue 1 ou la Ligue Europa, il y a un gap."
Symbole d’un projet Ineos à géométrie variable, ce Groupe Élite s’est monté il y a un an et demi mais depuis les moyens alloués se sont réduits comme peau de chagrin. Pour preuve, les seuls trois petits matchs disputés sur la première partie de saison. À titre de comparaison, la réserve de l’AS Monaco en a disputé seize.
"Parfois ça peut faire mal un peu au crâne"
Une période difficile aussi en dehors des terrains pour l'entraîneur. Victime d’une forte migraine après la victoire contre Strasbourg (2-1), les examens passés aux urgences dans la nuit ont révélé de l’hypertension artérielle. "On a pu craindre un problème neurologique, c’est pour ça que j’ai été amené aux urgences", explique Franck Haise. "Le traitement est en cours et ça va bien."
Le technicien s’est même confié sur la complexité de sa profession: "Tous les entraîneurs haïssent la défaite. Après, on le vit chacun de notre manière. On intériorise, on extériorise. C'est un métier de passion et on a parfois du mal à l'évacuer de notre réflexion, notre cerveau. Parfois ça peut faire mal un peu au crâne," admet celui qui se réveille la nuit pour trouver des solutions.
Soutenu et combatif, malgré déjà une rumeur de départ
Si les débuts sont poussifs, Franck Haise n’imagine pas baisser les bras. Une rumeur l’a déjà envoyé à Rennes, sa réponse fut claire: "Je suis arrivé il y a quatre mois, laissez-moi tranquillement travailler. Je suis bien ici, je suis bien avec mes joueurs, même si de temps en temps ils me mettent des cheveux blancs." Les dirigeants azuréens lui accordent toujours leur totale confiance et les supporters comprennent les difficultés du moment.
Alexis est patient: "Il n’a pas trop le contrôle mais il n’est pas responsable de ce qu’il se passe dans son équipe. On a beaucoup de blessés mais ce n’est pas de sa faute. Il faut le soutenir." Hugo regrette toutefois certains choix: "C’est dommage qu’il privilégie la Ligue 1 à la Ligue Europa où c’est très compliqué. Il préfère garder les bons joueurs pour le championnat mais il faut être patient avec tous ces blessés. C’est un bon entraîneur, on l’a vu à Lens, on en a besoin, il est indispensable. Le projet repose sur ses épaules." Pour Julien, le problème n’est pas Franck Haise: "La situation ne lui est pas favorable. On comprend qu’il ait des maux de têtes avec un effectif aussi décimé. Quand on veut jouer l’Europe et les premières places du championnat, c’est compliqué. C’est la faute de sa hiérarchie s’il n’a pas un effectif digne de ce nom."