Comment ne plus perdre son latin

« Deux chérubins » peints par Véronèse, 1555 (Venise, San Sebastiano).  - Credit:AKG-images/Cameraphoto
« Deux chérubins » peints par Véronèse, 1555 (Venise, San Sebastiano). - Credit:AKG-images/Cameraphoto

La mort de l'enseignement des langues anciennes n'émeut plus personne, même celles et ceux qui les aiment et se sont résignés. On est donc heureux d'apprendre qu'un triumvirat d'enseignants s'empare du sujet pour une dernière tentative de sauvetage. Le livre de Thibaut Sallenave, Luigi-Alberto Sanchi et Cécilia Suzzoni, Du latin à l'école ! (Fayard, 10 €), fait 80 pages.

Il ne parle pas du grec mais du latin et plaide pour son enseignement obligatoire, de la 6e à la 3e, dans tous les collèges de France. Quoi ? On sourit devant l'audace des auteurs, avant de les prendre au sérieux tant leurs arguments sont pragmatiques et, surtout, découplés de toute idéologie.

Antidote aux assignations identitaires

Leur petit livre blanc parle, en réalité, autant du latin que du français (« qui en sort comme un enfant du sexe de sa mère », a écrit un jour Quignard), de sa meilleure maîtrise à l'école et même de sa réappropriation par tous les élèves, grâce au latin, précisément, qui appartient à tous puisqu'il n'est plus la langue maternelle de personne.
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Un vrai bien commun, donc, une res publica (« chose publique », l'étymologie de « république ») et donc un antidote universel aux assignations identitaires qui empoisonnent l'époque, Rome, « ville rapiécée d'étrangers » (Montaigne), s'étant toujours faite l'adepte du sanguinem temperatum, le « sang mêlé ». C'est beau, c'est osé et raisonné, on applaudit, et on [...] Lire la suite