Natation: Marchand et l'équipe de France "ont fait le spectacle" devant le public de Vichy
Les places sont parties en moins d'une heure. 400 personnes ont assisté ce mercredi matin à l'entraînement de l'équipe de France de natation, qui vient de débuter son stage terminal à Vichy, dans l'Allier. Sous le soleil, le cadre est presque bucolique et les sourires sont de sortie. Vainqueur à l'applaudimètre, et premier à plonger dans le bassin de Bellerive, Léon Marchand débarque à 9h pétantes. "C'est super sympa de montrer ce qu'on fait tous les jours au public", glisse le Toulousain qui a enchainé les longueurs sous le regard de son entraîneur américain Bob Bowman.
Le duo a même modifié son programme pour profiter de la présence du public. La séance prévue le soir avec une simulation d'allure de course, en combinaison de compétition, a finalement été avancée au matin. "On a fait le spectacle avec Bob", rigole Marchand. "C'est une bonne occasion d'avoir une répétition devant les gens avec cette énergie", continue Bob Bowman. "Ça lui permet d'avoir un peu plus d'adrénaline."
Marchand: "J'ai envie de me servir de l'énergie qu'ils me donnent"
Chrono à la main, l'américain suit son nageur sur chaque longueur. Le public a les yeux grands ouverts. "33"1 et 33"5", lance-t-il à son nageur sur ses deux 50m parcourus en brasse. "S'il nage 1'06" sur son parcours de brasse, il passe sous les 4' au 400m 4 nages...", glisse-t-il avec malice à Jacco Verhaeren, l'entraîneur en chef de l'équipe de France présent à ses côtés. L'ancien mentor de Michael Phelps va même demander au public de pousser plus fort son poulain dans la dernière longueur de l'exercice. Et donner du sifflet au bord de l'eau. "Wouu" lâche Bowman à la fin de l'exercice. "Bonne séance, c'est bien", lui répète-t-il en lui ressortant des chronos de l'an dernier. "Et quand ça (il montre les jambes poilues de Marchand) ça sera parti, tu verras..."
Tout sourire, Léon Marchand débriefe quelques instants également avec Nicolas Castel, son entraîneur toulousain à ses côtés. "Je ne pense pas que ça me fasse monter la pression", raconte-t-il un peu plus tard devant les micros. "Mais ça m'entraîne. Franchement des gradins remplis pour un entraînement de natation on n'a pas souvent vu ça en équipe de France, je pense. C'était cool de le vivre. Mais c'est vrai que ça entraîne, un peu à moindre échelle bien sûr, à ce qu'il va se passer dans dix jours. J'ai envie de me servir de l'énergie qu'ils me donnent. C'est un avantage pour moi d'être à domicile devant la France entière. On va s'en servir, ce serait dommage de l'ignorer."
Le quintuple champion du monde terminera sa matinée par une vingtaine de minutes de signature d'autographes. "C'est toujours cool de les rencontrer (les supporters) car ce n'est pas souvent que j'en ai l'occasion. Et tout le monde est gentil, c'est de la bienveillance."
Christophe et son fils Antonin se sont levés à 6h30 et sont venus de Lyon pour assister à l'entraînement. "Ce n'est pas tous les jours qu'on peut les voir", explique le papa. "L'idée c'était d'en profiter et de leur envoyer les meilleures ondes pour qu'ils soient performants dans une dizaine de jours". Antonin lui est "impressionné" et les deux lancent un "Allez les Bleus ! Amusez-vous et défoncez tout, profitez et faites vous plaisir. On y croit !"
"C'est surprenant"
Au bord du bassin, Michel Chrétien, l'entraîneur de l'Insep, est surpris de l'accueil. "C'est assez surprenant parce qu'on est dans un cadre verdoyant, isolé, et dans notre bulle. Et aujourd'hui quand on voit le nombre de personnes venues nous découvrir et nous encourager, je ne vais pas dire que c'est choquant, mais c'est surprenant! On s'aperçoit depuis quelques mois qu'il y a un public derrière nous. C'est la continuité de quelques années, ce groupe a l'habitude de vivre ensemble depuis un moment et ça ne fait que renforcer la force de l’équipe. On s'y sent bien, mon groupe s'y sent bien, c'est un peu leur maison avec les gens qui constituent l'équipe. C'est un moment fort où on est serein."
Léon Marchand est déjà au sec depuis un moment quand débarque sur les coups de midi "le gorille" Florent Manaudou. En short, torse nu et barbe de trois jours, il longe lui aussi la tribune sous les applaudissements. Lui aussi a le sourire... Quelques minutes avant il est monté sur la balance qui a pour la première fois de sa deuxième carrière affiché ce matin-là moins de 100 kilos. C'était l'objectif qu'il s'était fixé avant les Jeux. Fraichement élu porte-drapeau de la délégation française, Manaudou savoure le cadre de ce stage terminal à Vichy. "Ça fait du bien d'être au calme et on est très bien accueillis dans une ville thermale où l'on sent un apaisement. Moi encore plus parce que j'ai fait un petit aller-retour à Paris pour l'annonce des porte-drapeaux. Mais on a toujours besoin d'une petite mise au vert, de bien manger, de bien récupérer. On prend beaucoup soin de nous et c'est très cool de pouvoir venir ici avant la grosse effervescence. Certains n'ont pas fait les Jeux, mais ceux qui les ont faits savent que c'est quelque chose d'assez fort et je pense qu'en France ce sera encore plus fort. Et cette petite mise au vert, être au calme, ça nous fait du bien."
Les Bleus sont en pleine période "d'affutage". "Le but toute l'année c'est d'être fatigué et quand on s'approche de la grosse compétition, il y a le volume d'entraînement et l'intensité qui chute", explique la championne d'Europe Marie Wattel. "C'est une période où le corps se repose et tout est dédié à la récupération. C'est à cette période que l'énergie remonte et que l'on se sent vraiment bien dans l'eau alors qu'on a l'habitude de s'entraîner avec des courbatures et de la fatigue. Ça fait du bien."
Un autre entraînement en public est prévu samedi à Vichy où Léon Marchand, Florent Manaudou et leurs camarades de l'équipe de France résideront jusqu'au 23 juillet, date du départ pour le village olympique.