Monaco: "On peut avoir des objectifs très hauts", Breel Embolo ne cache pas ses grosses ambitions

L’AS Monaco impressionne en ce début de saison. Est-ce que sur le terrain, vous ressentez aussi que l’équipe maîtrise très bien son football en ce début de championnat?

Oui, après c'est du travail que l'on a commencé très tôt en préparation. C'est vrai que quand tu sors d'une saison positive, tu essaies de prendre cet élan et je trouve que l'équipe a bien fait ça. On essaie aussi d'intégrer les nouveaux très très rapidement. Pour beaucoup, c'est la deuxième année ici pour nous, ça veut dire qu'il y a des automatismes qui sont restés. On essaie maintenant vraiment d'enchaîner match par match et surtout de ne pas perdre des points inutiles.

1-0 contre Saint-Étienne, 2-0 à Lyon... Est-ce qu'il n'y a pas un goût d'inachevé tant les scores ne reflètent pas votre domination?

Oui, c'est sûr qu'offensivement, on s’est vraiment créé beaucoup de chances. On a dominé ces matchs mais on pouvait aussi les tuer plus tôt. Mais ce qui est positif, c'est surtout qu'on n'a pas pris de but. C'était un point qu'on voulait travailler, ça montre qu'on est un groupe solide. Beaucoup de talent et beaucoup de qualité individuelle. Mais aussi en tant que groupe, on travaille unis et c'est ça qui fait notre force aussi je trouve ces dernières semaines.

Pouvez-vous nous décrire le style Adi Hütter?

C'est de jouer vers l'avant, créer des occasions, aller chercher toutes les équipes haut. C'est de se créer des chances offensivement mais être bien placé aussi à la perte de balles et surtout de jouer un foot un peu agressif. Je trouve qu'on contrôle un peu mieux les matchs et comme je l'ai dit, on a la force de commencer très très fort parce qu'on sait qu'on a un effectif de qualité. Je trouve que ça fait un peu notre force de ce début de saison. Tous les joueurs qui sont sur le terrain sont à 100%. Ils savent que c'est un privilège d'être dans le premier onze. Et derrière, on a des mecs qui suivent avec beaucoup de talent et beaucoup d'expérience aussi. Et ils nous aident à finir le match en haute qualité.

Est-ce le même entraîneur que celui que vous avez connu au Borussia Mönchengladbach en 2021-2022?

Oui, il a un peu plus de cheveux je trouve ici et il a un peu bronzé (rires). Mais sinon, en termes de foot, c'est les mêmes principes. Après, chaque équipe est différente. On est une équipe un peu différente qu'à Gladbach et ça lui sourit très bien. Avec lui c'est beaucoup de travail, la mentalité et des petits détails qu'il veut dans chaque entraînement, chaque vidéo pour simplifier notre vie sur le terrain.

Racontez-nous votre relation, ce qu'il vous demande, le rôle qu'il vous donne...

C’est pour moi la troisième saison avec le coach, ça change toujours. On a eu quelques départs cette année. Je sors aussi de grosses blessures l'année dernière. J'ai toujours dit que mon rôle s'adapte à ce dont l'équipe a besoin. C'est clair qu'aujourd'hui, j'ai 27 ans. Je ne suis plus le même joueur qu'il y a trois ans. Il y a beaucoup de jeunes qui sont montés. Il y a beaucoup de joueurs expérimentés qui nous ont aussi laissés. C'est à nous d'ajuster un peu. De devenir les anciens, même si on n'a pas encore l'âge. D'essayer de faire profiter les jeunes, de les faire s’adapter et surtout aussi, au bon moment, d'aller de l'avant et de montrer sur le terrain.

En fin de saison passée, il vous a emmené avec le groupe à Metz en sachant que vous n'étiez pas encore prêt à jouer. Qu'est-ce que cela veut dire sur votre rôle dans le vestiaire?

Tout le monde sait que je suis un mec positif, j'ai envie de gagner. Lors de ce déplacement à Metz je me rappelle, on a mené trop vite (0-3 à la 16e). Même là, j'avais envie d'entrer. Il sait que je suis un mec qui veut gagner tous les matchs. Qui est toujours là pour l'équipe, il sait qu'il peut compter sur ça. Comme je l'ai dit, j'ai trouvé un groupe très ouvert ici, qui m'a bien accueilli dès le premier jour. J'essaie de donner mon expérience et ma façon d'être à l'équipe. La majorité du temps avec beaucoup de blagues mais il y a aussi des moments où il faut être plus dur et aller chercher par la mentalité la victoire. Je trouve qu'on est un groupe super ouvert et super jeune et ça fait plaisir.

C'est sa deuxième saison à la tête de l’ASM. Allons-nous voir encore plus ses idées de jeu sur le terrain?

J'espère. Après, on doit faire attention parce que deuxième année, ça veut aussi dire que tout le monde le connaît. C'est à nous de nous ajuster. Il est beaucoup dans l'échange avec nous les joueurs. Surtout offensivement, il veut nous laisser cette créativité. Nos principes de jeu sont très clairs. On essaie de les travailler chaque jour et chaque semaine d'un peu changer deux trois trucs par rapport aux adversaires. Je crois que nos 3-4 principes avec et sans la balle sont clairs. Bien sûr, c'est un avantage quand tu as un an de vécu et que tu es sorti deuxième de la Ligue 1, de croire en ce projet et ça marche. On sait que si on commence où on s'est arrêté l'année dernière, on peut avoir des objectifs très hauts.

Si je dis que Monaco est cette saison le principal concurrent au PSG, êtes-vous d’accord?

Non, je trouve que chaque équipe en Ligue 1 s'est bien améliorée. Une bonne rotation pour le championnat, je trouve. Nice, Lens et Marseille par exemple ont changé de coach. Des nouveaux joueurs sont venus, des joueurs talentueux. Nous, on se concentre sur nous. Une saison spéciale avec des matchs de plus avec ce nouveau format en Ligue des champions. Il y a des équipes qui ont faim, qui vont essayer de nous attaquer aussi pour être là où on est. Non, on se concentre sur nous. On veut avoir de la continuité en se qualifiant chaque année pour un tournoi européen. Ça veut dire Ligue des champions ou Europa League. Mais c'est à nous de travailler et de monter sur le terrain. On va toujours viser le plus haut. Mais d'abord il faut bien commencer et au juste moment, on va regarder où on est. Et on va essayer d'attaquer si on peut.

Montpellier, Monaco, Lille ont su devancer le PSG depuis le rachat du Qatar. L'ASM doit-il viser le titre?

Je suis joueur, chaque année quand je commence le championnat, je vise le plus haut. C'est de gagner personnellement et le club aussi. Mais comme j'ai dit, il faut attendre le bon moment pour viser ça. D'abord il faut travailler très dur pour bien commencer le championnat comme on a fait, et enchaîner match par match. Et après on a assez de temps pour calculer... Mais là, le championnat vient de commencer. On est très fiers de ce qu'on a montré les deux premiers matchs, mais je ne crois pas qu'une équipe soit devenue championne en lançant des grandes paroles avant le championnat. Seul le terrain compte. Notre ADN est de jouer pour le top 3, c'est clair on l'a toujours dit. C'est à nous de se mettre dans les conditions et après on verra ce qu'il va se passer. Mais quand je vois Paris cette année, on ne dirait pas une équipe qui ne veut pas être championne. A nous de rester là, de faire nos matchs et on aura des duels directs après. On va faire notre analyse et on verra où on sera à la fin de la saison.

Avec Minamino, Akliouche, Ben Seghir et bientôt Golovin, Monaco attaque avec beaucoup de milieux offensifs qui se baladent autour de vous. Racontez-nous votre rôle...

Déjà, c'est un plaisir. Ce sont des joueurs très talentueux et à chaque match on a une idée. Comme on voit sur le deuxième match contre Lyon, je n'étais pas trop actif avec la balle. C'était un autre schéma. C'est à moi de m'adapter et on se trouve. Il y a beaucoup de talents sur le terrain et moi mon rôle, c'est de connecter tout le monde. C'est de connecter ces ailiers avec mon expérience et avec ma façon de créer des espaces ou de créer des occasions. Et après, si je suis sur le terrain en tant que numéro 9, c'est aussi pour marquer et faire gagner l'équipe.

On décrit souvent, et parfois à tort, l’attaquant comme égoïste. Est-ce que c’est votre cas?

Non, je suis très loin de ça. Chaque fois que je rentre sur le terrain j'ai envie de gagner. Pour cela, il faut commencer par la performance. Je me concentre sur ma performance et celle de l'équipe. Je trouve que si l'équipe déroule, les buts viennent tout seul. C'était le cas les deux dernières années avec cette équipe. On sait comment on marque. Sur ce début de saison, on est un peu trop gentil je trouve dans les derniers mètres. Mais je trouve que quand même on a une bonne petite marge, on se crée beaucoup de chances. On doit compenser le départ de Wissam (Ben Yedder) qui marquait quand même chaque année 20 à 25 buts. C'est pas si simple mais je suis très content de la façon qu'on essaie de partager ça. On doit pas oublier qu’on a aussi deux super joueurs avec George Ilenikhena et Folarin Balogun, qui peuvent aussi marquer 15-20 buts. A nous de travailler, de faire marquer tout le monde et de profiter de chaque match.
Résume-t-on trop souvent les joueurs à leurs statistiques?

Je me focalise sur ce que mon équipe veut faire et ce que le coach me demande. Mais à la fin, faut pas l’oublier, je suis là pour marquer. Ce serait un peu bizarre si à la fin de la saison les défenseurs marquent plus que moi. Mon but numéro un, c'est de gagner, faire marquer et de marquer moi-même. Je trouve que si on a tous cette idée, on marque plus que l'adversaire. Dans ce cas, on gagne les matchs et c’est ce qui compte.

Le capitaine Wissam Ben Yedder n’est plus là, le vice-capitaine Youssouf Fofana non plus. En quoi cela change les choses au niveau du leadership dans le vestiaire?

Quand que je suis arrivé ici, j'ai trouvé un groupe qui était toujours jeune et ouvert. On n'avait jamais vraiment ce vieux avec 5 ou 6 ans d'avance. Ça veut dire que la responsabilité était toujours un peu partagée. C'est ça qu'on continue, c'est de partager. C'est de montrer à tout le monde comment c'est important d'être là, d'être actif. Tout le monde peut aider. Parce qu'à la fin ce n'est pas un, deux ou trois joueurs qui font la différence, c'est vraiment le groupe. C'est le message qu'on essaie de passer chaque jour. On gagne et on perd en tant qu'équipe.

À 27 ans, est-ce que vous pensez être arrivé à l'âge de la maturité?

J'espère. Comme je dis pour moi le plus important, c'est de rester en bonne santé. D'enchaîner des matchs, prendre du plaisir et tout le reste c'est du travail.

Il y a un an vous étiez victime d'une rupture des ligaments croisés au genou droit. Comment avez-vous vécu votre convalescence?

C'est très dur. Je suis un mec qui aime jouer et aider son équipe. C'est vrai que quand tu as une blessure, à long terme, ça change quand même et ça t'enlève ce rôle. J'avais deux possibilités, de laisser l'année passer ou bien de travailler dur pour essayer d'être là pour les derniers matchs et de faire l’Euro. Je trouve que ca s’est pas trop mal passé. J'ai eu beaucoup d'aide. Du club, des kinés, du staff, du coach et de l'équipe… J'ai essayé de redonner ça dès le premier jour où je suis revenu dans l’équipe.

Vous dites avoir mis quelques jours avant d’annoncer cette blessure à votre mère et vos proches. Pourquoi?

Ce métier demande quand même beaucoup de nerfs et beaucoup d'émotions aussi à tes proches. Enchaîner d'une blessure à une autre, ce n'était pas facile pour moi d'abord, mais surtout pour mon entourage. Parce que je suis quand même un mec qui tourne vite la tête vers l'avant, mais les voir tristes c'était un peu difficile. Donc du coup j'ai vraiment eu besoin de trois ou quatre jours avant de leur dire ça. Après je suis un mec super positif, qui voit toujours la chance de l'avant. Et je me suis retourné très très vite aussi. Et quand ils me voient heureux et motivé, ça les calme un peu plus.

Est-ce que cette blessure vous a contraint à faire évoluer votre jeu?

Énormément. J'ai beaucoup progressé sur des trucs qu’on travaillait. Après j'essaye d'être un peu intelligent dans les duels et d'éviter ceux qu'il ne faut pas. J'ai beaucoup travaillé avec les kinés et les analystes pour être prêt dès le premier jour. Tu prends toujours quelque chose d'une blessure. C'est sûr, c’est une expérience négative mais aussi quelque chose de positif. Maintenant le travail continue. Ce n'est pas parce que là je suis sur le terrain que ça disparaît. Mais ça montre toujours qu'il faut tout le temps travailler et après il y a une récompense après.

Cinq ans après, l’AS Monaco retrouve la Ligue des champions. Que vous évoque cette compétition?

Déjà c'est incroyable de pouvoir le faire ici avec ce groupe. Parce que je trouve que le joueur, le staff, les fans, le club le méritent. Après c'est un nouveau format que moi aussi je ne connais pas. Il est un peu différent mais c'est quelque chose à part. C'est la Ligue des champions. C'est un rêve de chaque gamin. Chaque mardi, mercredi, jeudi, tu peux te comparer aux meilleurs. Mais comme je l'ai dit avant, il ne faut pas oublier qu'on a une Ligue 1 qui est très difficile. C'est ça qu'il faut un peu garder à l'œil. Chaque résultat que tu fais en Ligue 1, tu prends de la confiance pour la Ligue des champions. On va vraiment essayer d'enchaîner dans les deux compétitions, le maximum. La Ligue des champions, ce n'est pas tous les jours, il faut essayer de profiter et de montrer de son meilleur côté.

Que doit viser Monaco en Ligue des champions cette saison?

Je trouve que Monaco mérite quand même de passer le premier tour. Après, il y a beaucoup de clubs qui se disent ça. Attendons d'abord les poules et on va prendre match par match. Comme je l'ai dit, c'est un nouveau format. Il n'y a pas de match allers-retours. Après, on va se fixer, comme d'autres clubs, les bons objectifs.

Vous avez un profil d’attaquant atypique, votre nom a été associé au Bayern Munich cet été… Serez-vous toujours monégasque cette saison?

Je suis là. Comme je l'ai dit, je me sens super heureux. J'ai un rôle particulier cette année, à moi d’aider l'équipe. Mais il y a aussi ce côté dans le foot où ça ne dépend pas que de mon côté, peut-être que demain le directeur sportif me dira "tu ne fais plus partie de l’équipe". Mais moi je suis super heureux, j'étais fier de revenir, de retrouver les gars et de travailler. On a deux matchs, deux victoires. On va aller chercher la troisième.

Article original publié sur RMC Sport