La minute antique : Pénélope, femme puissante

Pénélope et Ulysse illustrés par Theodor von Thulden (1606–1669), gravure de 1634. - Credit:Eric Vandeville / akg-images
Pénélope et Ulysse illustrés par Theodor von Thulden (1606–1669), gravure de 1634. - Credit:Eric Vandeville / akg-images

Comme on se trompe en faisant de l'épouse d'Ulysse une sainte, tissant et détissant sa tapisserie pour gagner du temps face à des prétendants devenus intenables ! Homère lui-même insiste sur son ambiguïté, soulignant qu'elle se montre devant eux, quand ils ont bu, d'une manière à « leur porter l'ardeur jusqu'à l'incandescence »…

D'autres auteurs antiques sont allés plus loin, notamment Lycophron, qui avançait que Pénélope avait couché avec chacun des cent vingt-neuf prétendants, donnant ainsi naissance au dieu Pan. En 2005, Margaret Atwood, l'autrice de La Servante écarlate, livrait, elle, une version féministe de l'histoire dans un livre fascinant, L'Odyssée de Pénélope (Pavillons Poche, 192 p., 8,50 €), qui s'appuyait sur les perturbants « trous » du texte homérique.

Le tonitruant « yes » final

Aussi est-on heureux de pouvoir désormais relire, pour 3 euros seulement, la version de James Joyce. Les éditions Folio ont en effet décidé d'isoler l'ultime chapitre de son Ulysse, intitulé précisément Pénélope, et d'en faire un petit livre en soi (128 pages).

Crime de lèse-majesté littéraire ? Non, si l'on considère que le monologue final de Molly Bloom – la Pénélope joycienne – peut être ainsi offert à toutes celles et à tous ceux qui, peut-être, avaient encore peur de se frotter au chef-d'œuvre.

Ils pourront désormais acquiescer à ce tonitruant yes final qui, mêlant le vulgaire au sublime, la rage à la jouissance, nous fait regarder la mythique Pénélope, décidément [...] Lire la suite