Match des streamers Espagne-France: "J'avais les larmes aux yeux", Brawks raconte l'incident raciste qui a interrompu le match

Brawks, racontez-nous l'incident raciste dont vous avez été victime...

C'était au moment du changement. J'ai décidé de sortir vite du côté du terrain pour que ça joue directement. J'ai commencé à faire le tour du stade, à faire des coeurs à tout le monde parce que tous les gens qui me connaissent savent que je ne serai jamais dans l'animosité. Je ne suis que dans le love et puis c'est quand même un évènement de créateurs de contenus. D'un coup, un Espagnol m'a fait un doigt, je lui ai rendu un coeur. Et il m'a fait un geste de singe. D'un coup je me suis énervé, je lui ai demandé de refaire le geste de singe. Il s'est assis, il a fait comme s'il n'avait rien fait mais il savait très bien ce qu'il avait fait. Ses potes ont essayé de le couvrir, à partir de là ça a un peu dégénéré.

Comment avez-vous vécu ça?

Je ne vais pas mentir, c'est la première fois que je subis du racisme. Je vais avoir 33 ans, je n'en ai jamais subi directement. C'est violent. J'adore le sport et les valeurs qu'il prône, le racisme n'a rien à faire dans le sport ni dans la vie de tous les jours.

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Pourquoi avoir accepté de reprendre le match?

Beaucoup de joueurs de l'équipe ont vraiment voulu arrêter le match. Je ne vais pas mentir, j'ai eu beaucoup de dégoût, j'avais les larmes aux yeux. On a vu Koko qui était très attristé, qui n'a pas pu retenir ses larmes. On a fait beaucoup de déplacements, on s'est entraînés très dur pour le show, pour les viewers... j'ai quand même dit à nos joueurs de continuer le match. Moi je n'étais plus trop dedans, c'était compliqué. Mais il y a des gens qui se sont déplacés, on reste des créateurs de contenus, des gens s'étaient donné rendez-vous sur Twitch. Pour le divertissement, j'ai tenu à ce qu'on reprenne le match. Mais le racisme n'a rien à faire dans cette société, dans les stades, nulle part.

Ce sont des incidents qu'on observe aussi dans certains championnats le week-end, notamment en Liga...

On a vu Vinicius. Maintenant que je l'ai subi, je sais que lui subit ça de centaines ou milliers de personnes... je suis de tout coeur avec lui, dans son combat. Mentalement il est très fort parce que moi, ça m'a achevé.

Comment ont réagi les Espagnols?

Les Espagnols ont quand même été assez solidaires. Koko voulait arrêter le match, pour lui c'était le débordement de trop. C'est quelque chose qu'il a déjà connu, pour lui c'était vraiment trop. On s'est consultés entre nous, ils sont venus s'excuser auprès de moi. Je sais qu'ils ne peuvent rien y faire, ce sont des débordements, ils ne gèrent pas les spectateurs. Ils ont pris la parole, ils ont mis les mots. On a continué le match, malheureusement on n'a pas gagné. Ce sont les aléas de la vie, ça arrive, il faut juste continuer à se battre et ne rien lâcher.

Que faire pour que ça n'arrive plus?

Il faut montrer l'exemple. J'espère que la personne qui a fait ça va écoper d'au moins un an de suspension de stade. Il faut mettre des choses en place. Je sais que ça reste très compliqué, on parle de beaucoup de monde, ça fait des interruptions dans un match de foot... il faudrait mettre des trucs plus stricts. On va trouver des solutions, on ne va pas arrêter de se battre.

Article original publié sur RMC Sport