Quand Mario Vargas Llosa nous donne envie de lire Benito Perez Galdos

Star. Benito Perez Galdos (1843-1920).  - Credit:Pictorial Press Ltd/Alamy Stock Photo
Star. Benito Perez Galdos (1843-1920). - Credit:Pictorial Press Ltd/Alamy Stock Photo

Mario Vargas Llosa n'a pas perdu son temps de Covid-19. Confiné à Madrid pendant des mois, il entreprenait de lire l'intégrale de l'œuvre de Benito Perez Galdos, auteur mal connu en France mais regardé pourtant par les Espagnols comme leur Balzac ou leur Dickens. L'essai qui en est issu est aujourd'hui publié en France, avec une réédition de son fameux roman Fortunata et Jacinta.

Né en 1843 à Las Palmas de Grande Canarie, le jeune homme étudie le droit à Madrid mais préfère sa bohème poétique pour entrer très tôt en littérature. L'ambition court pendant des décennies à travers l'énorme cycle des « Épisodes nationaux » : retracer l'histoire de l'Espagne, des guerres napoléoniennes jusqu'aux années 1910. Député, académicien, l'écrivain national était un homme courtois et libéral, satiriste calme de la bourgeoisie catholique, peintre de la classe moyenne et des milieux populaires, abolitionniste, sensible à la condition sujette des femmes.

De romancier à romancier, Vargas Llosa éclaire les divers aspects d'une œuvre polyphonique. Excellant dans les récits de batailles autant que dans les tableaux de société, chantre d'amours arrosées de larmes, dialoguiste prolixe, ce Sisyphe du roman illustre la technique du narrateur omniscient, sans accéder toutefois à la modernité des points de vue alternés que Vargas Llosa admire chez son maître Flaubert.

Il est surtout le plus grand peintre littéraire de la ville de Madrid, au point que l'adjectif « galdosiano » désigne au [...] Lire la suite