Marie Tabarly : « "Pen Duick VI", c’est ma maison »

Guillaume Plisson

Il était une fois, il y a un demi-siècle, un bateau qui sortit du ventre de l’arsenal militaire de Brest. Un ketch en aluminium de 22 mètres, de plus de 3 mètres de tirant d’eau, avec ce qui n’avait jamais été fait dans le monde de la voile, une quille avec un lest en uranium appauvri. Le bateau s’appelle « Pen Duick VI ». La coque est noire, la carène blanche, ses formes font penser à une orque de très grande taille. Ce bateau a été construit par la DCN (Direction de la construction navale) pour l’extraordinaire marin français Éric Tabarly.

Le projet immédiat est une course exceptionnelle autour du monde. Départ ­d’Angleterre, première escale Le Cap, deuxième escale Sydney, troisième escale Rio, puis retour en ­Angleterre.

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De ce parcours nous connaissons avec précision la géographie. Depuis l’ouverture du canal de Panama, en 1914, très peu de navires passent encore dans les zones de ­Sydney au cap Horn. Il n’y a jamais eu d’analyse ­météorologique sérieuse sur cette zone. Nous reste la lecture des livres de bord des clippers de la grande époque. Nos moyens de communication et de navigation sont également très limités. Le bateau navigue à l’estime.

La presse nous maltraite. Éric Tabarly s’en fout. Et j’apprends à m’en foutre

Après chaque heure de barre, les hommes de quart notent le cap moyen. Un loch (instrument qui mesure la vitesse) enregistre la distance. Pas de GPS, il faut interpréter les éventuels courants. Cha...


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