Marathon pour tous des JO: y a-t-il un danger à courir sous de fortes températures?

Un Marathon ouvert au grand public en plein mois d'août, au sommet d'une vague de chaleur. Si l'épreuve de course en plein cœur de Paris a soulevé un intérêt manifeste, avec 40.000 candidats sur la ligne de départ à l'Hôtel de Ville dès 21h30, la question de sûreté d'une telle pratique en raison des conditions météo se pose. Selon Météo-France, il devrait sans doute faire entre 27°C et 29°C au moment du coup de feu.

"Non, ce n'est pas déraisonnable ou dangereux, mais plus il fait chaud plus il y a de risques", tempère à BFMTV.com Frédéric Schnell, chef de service de médecine du sport au CHU de Rennes. Du moins, pas tant que quelques grandes règles sont respectées.

La première: l'hydratation. Lors des périodes de fortes chaleurs, nos organismes suent pour réguler leur température interne. Une évacuation qui doit être compensée par une consommation d'eau proportionnelle.

"Ne pas attendre d'avoir soif"

"La déshydratation va avoir des effets sur la santé mais aussi sur les performances. Pour les sportifs, c'est important de savoir qu'en étant déshydraté, en ayant une température plus élevée, les performances seront dégradées", souligne justement le médecin.

Il est ainsi nécessaire d'arriver hydraté le jour J et de poursuivre la consommation d'eau pendant l'épreuve. Pour l'occasion, des points de ravitaillement sont justement répartis tout au long du tracé de la course XXL. Comment savoir le taux d'hydratation? Le mieux est de se fier à la couleur de l'urine, qui ne doit être ni trop claire ni trop foncée.

"Il faut écouter la soif, même si ce n'est pas facile (...) et ne pas attendre d'avoir soif pour boire", précise Frédéric Schnell.

D'autres initiatives peuvent être prises par les coureurs pour éviter le coup de chaud. Outre l'hydratation, il faut porter des vêtements adaptés à la pratique sportive sous forte chaleur, dont des tissus et matériaux qui ne vont pas bloquer la sudation.

Pour les sportifs qui en auraient eu l'idée en amont, une "acclimatation" est également jugée utile. C'est-à-dire, habituer son corps à courir avec de fortes chaleurs, ce qui permet "de retrouver des performances quasiment normales au bout de quelques jours", selon le spécialiste.

Des signaux d'alerte et des secours sur le qui-vive

Malgré toutes les précautions, certains signaux d'alerte doivent être bien identifiés: vertiges, maux de tête, nausées, vomissements. Mais aussi d'autres signaux bien moins visibles comme de l'hypertension.

"Quand on n'arrive plus à suer, que la sudation s'arrête, c'est qu'on est déjà loin dans la problématique, c'est déjà le moment où ça ne va pas bien", alerte aussi le médecin. Et les conséquences du coup de chaud sont potentiellement graves, allant d'une simple perte de connaissance, au décès, en passant par le coma.

Pour la protection des coureurs, des postes médicaux seront installés tous les 7 kilomètres du parcours. Comme le rapporte Le Parisien, les équipes du Samu seront également sur le qui-vive toute la nuit, armés de baignoires refroidissantes pour les patients en hyperthermie.

Vers une potentielle annulation si nécessaire?

Pourrait-on, en cas de force majeure, en venir à annuler l'épreuve? Le règlement prévoit en effet de pouvoir modifier -ou annuler- la tenue du Marathon si cela s'avérait nécessaire, notamment en raison du contexte météorologique. Mais est-ce probable?

"Une pratique sportive au-dessus de 32°C est déconseillée", peut-on par exemple lire sur une page de la WWF partagée par le ministère des Sports.

La chaleur, bien que dangereuse, n'est pas le seul élément de cette équation. D'autres paramètres sont à prendre en compte: exposition au soleil, présence de vent, et surtout, degré d'humidité. En effet, une forte humidité vient dérégler le système de sudation et empêche la bonne évacuation de la chaleur, alors que le vent vient aider au processus.

Étienne Thomas, le directeur général de l'organisation des JO, avait effectivement expliqué sur France info qu'une température "seuil" de 24°C pour réfléchir à la modification de l'épreuve.

"Il y a un seuil, on parle de 24°C, ce n’est pas tout à fait la température au sens strict, c’est une combinaison entre température, humidité, etc. C'est pour ça qu'on va le faire de nuit, pour garantir la sécurité", avait-il alors expliqué. Un optimisme des organisateurs quant à la bonne tenue de l'épreuve sous ce pallier.

Article original publié sur RMC Sport