Les loups de la discorde
J’en ai des frissons, tenez, rien que d’en reparler. Colère, amertume, incompréhension, les émotions remontent chez cet éleveur. On l’appellera Thomas, il ne veut pas voir son nom publié, le sujet est brûlant, les deux camps sont à cran. Il y a quelques mois, il a retrouvé une de ses génisses éventrée, éviscérée par un loup. Elle a été mangée vivante. Il montre les photos, éprouvantes. Le drame est arrivé dans une pâture, à la lisière de la forêt, que l’on devine depuis sa ferme en contrebas, dans son village du Haut-Doubs, sur les contreforts du Jura. Le choc n’est pas vraiment estompé. Le prédateur redouté a frappé à nouveau : ce n’est ni la première, ni sans doute la dernière fois. Il est officiellement de retour dans la région depuis 2019 après un siècle de disparition. Deux meutes ont été identifiées, et les attaques se multiplient. Le dépar- tement du Doubs a connu sept attaques sur bovins depuis le mois de juillet, la dernière ayant été recensée le 1er septembre, selon la préfecture.
L’Office français de la biodiversité (OFB) estime qu’il y a 1 104 loups en France au dernier comptage provi- soire pour 2022-2023. Ils étaient 906 en juillet, le nombre a été revu à la hausse en septembre après des analyses complémentaires. Comme beaucoup d’éleveurs, Thomas juge ces chiffres largement sous-évalués : selon lui, le loup s’adapte et sort des radars. Plus largement, il est remonté contre l’OFB qu’il trouve « laxiste » ....