Lille-Real: "On aurait pu remplir 6 fois Pierre-Mauroy", l'appétit de Létang avant la venue de Mbappé et ses coéquipiers

Olivier Létang, affronter le Real Madrid, c'est un vrai match de gala. Est-ce quelque chose de totalement hors normes par rapport à tout ce que vous avez pu vivre à Lille?

C'est toujours difficile de dire ça parce qu'on a beaucoup de respect pour tous les adversaires et il y a de très grands clubs qui sont venus jouer à Lille. Mais c'est vrai qu'on va recevoir demain le plus grand club du monde. Il a gagné 15 Ligue des champions, la première était en 1956 au Parc des Princes contre le Stade de Reims, lors de la première finale. On a d'ailleurs fêté avec les représentants du Real Madrid le 50e anniversaire de cette finale en 2006. C'est forcément un match particulier. On sent une effervescence. Je l'ai dit à plusieurs reprises dans des interviews, je suis très fier et très content pour toute notre communauté. Je suis président de club pour que notre communauté puisse vivre des bons moments, qu'elle puisse partager des émotions, prendre du plaisir. C'est vrai que c'est un match particulier, c'est la première fois que le Losc rencontre le Real Madrid. J'ai lu d'ailleurs dans certains médias que c'était probablement, indépendamment du Losc, le plus grand match de l'histoire dans le nord de la France. En termes d'héritage, c'est important. Ils ont gagné la "decima" (leur dixième titre, NDLR) en 2014, déjà avec Carlo Ancelotti, et depuis ils en ont regagné 5 en 10 ans, soit une victoire en Ligue des champions tous les deux ans. Sur les 10 dernières années, c'est un club qui est monstrueux, mais monstrueux positivement. Et puis c'est un club pour lequel j'ai énormément de respect parce qu'ils font un travail formidable avec de très, très grands dirigeants. Et c'est aussi pour ça que c'est le plus grand club du monde aujourd'hui. Je dis toujours que le poisson pourrit par la tête et si la tête est forte, on peut effectivement performer.

En termes d'organisation, qu'est-ce que cela change par rapport à un match classique de Ligue des champions?

On a reçu beaucoup beaucoup beaucoup de demandes de places, vous pouvez l'imaginer (sourire)... Je pense qu'on aurait pu remplir six fois le stade Pierre-Mauroy parce que tout le monde voulait venir à ce match-là. Ça fait forcément partie des bons moments, je suis très content de retrouver aussi des amis sur le banc de touche, sur le terrain et puis parmi les dirigeants. Mais indépendamment de ça, il faut aussi qu'on prépare ce qui va être une fête. Je dis toujours qu'un match de foot, c'est une fête. Là forcément, ça va être une grande fête mais il faut aussi qu'on soit à la hauteur de l'événement sur le terrain.

Est-ce qu'il y aura des personnalités? On sait qu'il y a Roberto Carlos qui va venir. Est-ce que des artistes, des politiques vous ont sollicité, vous ont appelé en vous demandant "Allô Olivier, vous n'auriez pas une place ou deux ou trois ou quatre pour moi"?

Oui, on a eu beaucoup de sollicitations et de demandes, mais il y a un élément qui est fondamental pour moi, c'est la fidélité. C'est aussi important de récompenser et d'accueillir ceux qui nous suivent toute l'année. Parce que venir une fois au Stade Pierre-Mauroy, c'est sympa, c'est bien. Mais ce match, c'est aussi le travail de tout un club, de tout ceux qui nous accompagnent toute l'année. On en parlait tout à l'heure, c'est le plus grand match de l'histoire du Losc et ça aussi ça vient matérialiser le travail qui est fait au quotidien depuis maintenant quasiment quatre ans. Et puis je vous l'ai dit, je sens une dynamique et j'ai eu des moments d'émotion l'an dernier quand on a battu l'Olympique de Marseille, quand on a joué le derby ici ou à Aston Villa. On sent vraiment une dynamique importante. L'an dernier, on a battu le record d'affluence au stade Pierre-Mauroy, à l'Arena Décathlon, puisqu'on a fait plus de 40.000 spectateurs de moyenne. On a limité le nombre d'abonnements à 30.000 cette année. On sent une communauté qui est heureuse, fière de son club. Ça, pour moi, ce sont des signaux qui sont très importants.

Est-ce qu'il faut s'attendre à des choses particulières ce mercredi? On avait vu contre Chelsea en huitièmes de finale, il y avait eu un moment magique, une ambiance qui fait partie des meilleures dans l'histoire du Losc... Est-ce qu'on peut s'attendre à quelque chose du même type contre le Real?

Recevoir le Real Madrid se suffit à lui même je dirais... Mais encore une fois, j'insiste aussi sur le fait qu'on ne soit pas une équipe spectatrice mais actrice de cet événement. Forcément ce sera difficile, mais si on est présent au coup d'envoi c'est pour jouer ce match et faire le meilleur résultat possible.

Est-ce qu'on appréhende la peur de passer à côté de l'événement, de prendre une raclée?

Non, le risque, il est surtout de ne pas jouer le match. Dans ma modeste carrière, ça m'est arrivé. Donc le plus important, c'est de jouer le match. Et surtout, encore une fois, être un acteur du match. Moi, ce que je veux, c'est une équipe qui soit forte, qui ait de la personnalité, qui ait de l'engagement, que ça corresponde à nos valeurs. Et encore une fois, on fera le décompte à la fin, on a une chance. Forcément, elle est supérieure du côté de Madrid, mais on a une vraie carte à jouer.

En face, il y aura Kylian Mbappé qui est finalement dans le groupe. Mais son frère Ethan est malheureusement blessé et ne sera pas de la partie. Quelle est votre relation avec la famille Mbappé et comment avez-vous fait pour faire venir Ethan?

Je suis un peu pudique, je n'aime pas trop parler des relations humaines... Je me suis déjà exprimé là-dessus. C'est une famille qui a un vrai projet sportif pour Ethan, pour Kylian, avec une véritable vision, une véritable stratégie. Donc, bien évidemment que si on reprend le cas d'Ethan, il y avait beaucoup, beaucoup de sollicitations. Il a souhaité venir chez nous par rapport au projet, mais aussi par rapport à la relation de confiance que nous avons. On est triste qu'il soit blessé parce que ça aurait pu être effectivement un moment formidable. Ethan a été très touché de sa blessure, mais je lui ai dit "voilà, ça arrive, on ne va pas revenir en arrière. Maintenant, c'est comme ça, il faut qu'on regarde devant, que tu te soignes et que tu reviennes le plus vite possible".

Et Kylian, alors? J'imagine que vous êtes content de l'accueillir, parce que le Losc sera le premier club français à recevoir Kylian depuis son départ du Paris Saint-Germain. Lui, il voulait revenir en France, voir son frère, j'imagine. On a envie de le voir fouler la pelouse de Pierre-Mauroy avec le maillot du Real...

Kylian, ça fait 10 ans que je le connais maintenant. C'est sûr qu'on est très content. C'est l'un des meilleurs joueurs du monde. Il a fait un très bon début de saisonavec le Real Madrid, malgré une préparation qui a été très courte, parce qu'il a eu 7 jours d'entraînement avant de reprendre pour la Supercoupe d'Europe. Il est arrivé dans le plus grand club du monde. C'est ce qu'il voulait depuis toujours. Il a été patient pour arriver au bon moment. Je lui souhaite vraiment le meilleur avec le Real Madrid, sauf demain soir bien évidemment (rires).

Sportivement, l'objectif est d'être à la hauteur de cette Ligue des champions. Vous avez quand même un sacré calendrier, vous enchaînez le Real, l'Atletico, la Juventus...

C'est formidable de ne rencontrer que des grands clubs ou des grandes équipes. C'est aussi pour ça qu'on a tout fait en tant que club pour se qualifier pour cette compétition. Je parlais tout à l'heure de communauté, de fierté, de leur faire vivre des grands moments. On y est. Recevoir le Real Madrid, aller à Anfield, recevoir la Juventus. Le Losc n'a jamais joué contre la Juventus de Turin. C'est aussi beaucoup d'émotion de retrouver Thiago Motta. Mais forcément, ça permet aussi à tout un club de continuer à grandir. Il faut qu'on soit à la hauteur de ces événements. Et c'est pour ça qu'il ne faut pas être pris par l'événement. On disait tout à l'heure, il faut les jouer ces matchs-là et pas simplement être spectateur. Que ce soit le Real Madrid, la Juve ou Liverpool, démontrons aussi que nous sommes une équipe et pas une somme d'individualité parce que le sport collectif, c'est ça. Moi, ce que je veux voir en tout cas, c'est une équipe avec des valeurs, de la personnalité, des valeurs de combat, d'engagement, de solidarité, de résilience. Bien évidemment, ça va être dur contre le Real Madrid, mais à nous d'y croire, à nous d'être prêts pour cette échéance.

Pour terminer, Jonathan David a marqué un triplé ce week-end. Son nom circule, on parle de Barcelone en fin de saison. Vous en êtes où avec sa situation? Il est en fin de contrat. Est-ce qu'il y a toujours des négociations pour qu'il prolonge? Ou est-ce que le Barça, c'est quelque chose de sérieux?

Je n'aime pas parler des cas individuels et surtout pas en cours de saison. On a une relation avec Jonathan, il a dit que le Losc était son club donc on discute toujours sur la possibilité de trouver une issue qui soit positive mais quoi qu'il en soit, on est content de l'avoir avec nous et s'il nous permet de réaliser des grandes choses cette saison, on sera content encore une fois de l'avoir.

Article original publié sur RMC Sport