Ligue 2: le centre de formation du Paris FC, premier étage de la fusée Arnault

"La première chose à faire à Paris, c’est de se mettre au niveau des académies de Rennes, de Monaco, de l’Olympique Lyonnais… C’est très ambitieux, cela prendra du temps", confie Yannick Menu, le directeur du centre de formation du Paris FC, fraîchement nommé en octobre dernier. "Il faut créer un modèle PFC, pérenne, qui soit capable de traverser le temps."

Menu sait de quoi il parle, puisque le Finistérien a dirigé le centre d’entraînement de Rennes de 2000 à 2015, puis celui de Reims de 2019 à 2024 en passant par Monaco entre-temps. "Le projet Paris FC est très attractif aujourd’hui. À mon âge et avec mon expérience, je pense que c’est le très bon moment pour ce genre de défi."

Yannick Menu, référence de la formation française, a donc été choisi par le président du Paris FC, Pierre Ferracci, et le directeur sportif, François Ferracci. "Je savais que le club allait entrer dans une nouvelle dimension sans connaître tous les tenants et les aboutissants." Le groupe Red Bull a ensuite validé le profil du formateur breton.

Deux fois plus de terrains en septembre 2025

La priorité sera d’agrandir le centre d’entraînement d’Orly en doublant le nombre de terrains dès la saison prochaine. Le directeur du centre de formation ne veut plus faire de concession: "On a un terrain et demi en gazon et un synthétique pour la formation filles et garçons. Chez les masculins, on a 70 jeunes. On est à l’étroit. Il faut permettre à nos jeunes de s’entraîner correctement et les infrastructures ne peuvent pas être un frein. Aujourd’hui, on y arrive, mais plus ou moins. L’objectif est d’enlever ce plus ou moins."

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D’ici septembre 2025, le président Pierre Ferracci veut huit terrains d’entraînement, dont trois ou quatre pour la formation. "Il n’y a pas encore de chiffrage précis, et on doit régler des problèmes techniques liés à l’installation de nouvelles infrastructures mais les discussions avancent bien." Le club, installé sur un terrain appartenant à la ville de Paris, lorgne sur des parcelles dont les propriétaires sont divers: le conseil départemental du Val-de-Marne, la ville d’Orly, de Villeneuve-le-Roi et Choisy-le-Roi.

Sept scouts à travers l’Ile-de-France pour dénicher les pépites

Des terrains flambants neufs et un centre de vie pour les apprentis footballeurs parisiens, qui doit lui sortir de terre à moyen terme, sont la condition au recrutement des meilleurs jeunes d’Ile-de-France. Le propriétaire Antoine Arnault y tient absolument: "Je veux qu’on fasse quelque chose de ce fameux premier vivier de talent dans le monde."

Pour Pierre Ferracci, ce sera le "moteur économique et sportif " du PFC. Yannick Menu devra attirer les plus belles pépites de la région. "Le recrutement, c’est notre fondation et il faut gagner cette étape. Il nous faut des joueurs à fort potentiel, car préparer un jeune à la Ligue 2 ou la Ligue 1, ce n’est pas pareil. On a déjà des joueurs de ce type mais il faut rendre le niveau plus homogène." Pour ce faire, dès sa prise de fonction, Menu a mis en place une cellule de recrutement renforcée, avec sept scouts à travers l’Ile-de-France pour scruter tous les tournois à partir des U12, en insistant notamment sur la Seine-Saint-Denis et le Val-de-Marne.

Le coach Stéphane Gilli "totalement dans le projet"

Antoine Arnault rêve d’un Paris FC dont la colonne vertébrale est composée de "Parisiens, Franciliens et Français". Le milliardaire imagine "cinq, six, sept voire huit joueurs formés au club dans l’équipe". Pour Yannick Menu, "c’est très ambitieux mais sans doute réaliste. Car notre territoire est très prolifique. En tant que directeur du centre de formation, cela me va complètement bien sûr." Il prévient malgré tout que "la porte des pros doit s’ouvrir pour nos jeunes". Mais sa relation de travail avec l’entraîneur du PFC Stéphane Gilli est "privilégiée" et tous les deux sont "totalement dans le projet". Avec le gardien Obed Nkambadio et le défenseur Aboubaka Soumahoro dans l’équipe type, un jeune gardien de 16 ans qui a déjà fait une apparition dans le groupe pro en présaison, le coach montre en effet que la formation est dans l’ADN du Paris FC.

Au Paris FC plutôt qu’au PSG, "l’opportunité de se révéler"

Malgré l’arrivée d’une famille dont la fortune est estimée à plus de 200 milliards d’euros, le club du sud de Paris ne veut surtout pas copier le Paris Saint-Germain après l’arrivée des Qataris en 2011. Et compte s’en servir pour capter les meilleurs footballeurs franciliens. "Notre projet est peut-être plus populaire et ressemblera davantage à nos Parisiens." C’est ce que Yannick Menu expliquera aux potentielles recrues du centre si elles ont le choix entre les deux clubs de la capitale. "Chez nous, ils auront l’opportunité de se révéler, et en Ligue 1, je l’espère au plus tôt. C’est la grande différence." Malgré tout, le Paris FC fait savoir qu’il refusera de faire monter les enchères sur le marché des jeunes. "On ne mettra pas 250 000€ sur un gamin de 14 ans", nous fait-on savoir en interne. Enfin, pour capter le potentiel francilien, le Paris FC veut avant tout maintenir toutes ses équipes de jeunes. Pour le moment, le PFC se classe 6ème de R1 pour son équipe réserve, 11ème en U17 nationaux et 12ème en U19 nationaux.

Article original publié sur RMC Sport