Ligue 1: Daniel Riolo dévoile les coulisses de la guerre de pouvoir à la LFP
C'est une sorte de Game of Thrones à la française. À qui reviendra le poste de président de la Ligue de football professionnel, remis en jeu le 10 septembre? Une assemblée générale permettra de renouveler les trois sièges d'indépendants, sur les 17 que compte la Ligue, et de savoir si Vincent Labrune poursuivra sa mission.
L'ancien patron de l'OM, en poste depuis 2020, est contesté. Et pour cause, son mandat a été marqué par des secousses: la rupture avec Canal+, le scandale Mediapro, le contrat à vie avec CVC, la promesse du milliard, les débats sur le train de vie de la Ligue et les rémunérations de son président. Reste que Vincent Labrune bénéficie toujours de soutiens et peut espérer une réélection, même s'il n'a pas ouvertement indiqué qu'il briguait un nouveau mandat.
Vendredi 16 août, la Fédération française de football a dévoilé le nom de son candidat à un poste au conseil d'administration de la LFP. Il s'agit de Karl Olive, député macroniste des Yvelines. Interrogé à ce sujet dans l'After Foot, Daniel Riolo estime que "c'est clairement une candidature fantoche, une sorte de feu de paille".
La véritable ambition de Karl Olive
"Je ne sais pas à quoi ça va servir", s'interroge notre consultant, avant de développer. "Il connaît beaucoup de monde, c'est une candidature politique. Ce qui l'intéresse, lui, c'est d'être ministre des Sports, ce n'est pas d'être président de la Ligue. Il attend le prochain gouvernement pour voir s'il peut gratter ce fauteuil-là."
Autre candidature pressentie: celle d'Alain Guerrini, président de Panini France et actuel membre du conseil d'administration de la Ligue, soutenu par l'UNFP. D'après Daniel Riolo, sa candidature "ne sert à rien".
À ce jour, "on attend le troisième candidat, puisque Vincent Labrune a changé le système pour verrouiller l'élection façon dictature sud-américaine. Avant on pouvait avoir cinq candidats, maintenant, il n'y en a plus que trois", rappelle notre consultant.
Le candidat en question sera porté par le syndicat Foot Unis, présidé par Laurent Nicollin. "Mais il n'y a pas tous les présidents dedans, c'est ça qui est un petit peu fou. Parmi les présidents qui ne sont pas pour Labrune, malheureusement, ils ne sont pas à Foot Unis", pointe-t-il.
Un "grand paradoxe"
"Le grand paradoxe, c'est que si Foot Unis ne désignait pas Vincent Labrune comme son candidat mais décidait que ce soit Cyril Linette, puisque c'est désormais un candidat déclaré, Labrune, ce n'est pas qu'il perdrait l'élection mais qu'il ne pourrait même pas se présenter à l'élection", poursuit Daniel Riolo.
Selon notre consultant, l'ancien de Canal+ se présentera lundi devant Foot Unis "pour une espèce de grand oral". "Il va essayer de les convaincre. Le problème, selon le membre de l'After Foot, c'est que Foot Unis, c'est complètement noyauté."
"À Foot Unis, tu as par exemple Pickeu, ancien DG à Caen, qui est proche de Capton, le meilleur ami de Labrune. Et surtout, tu as le patron de Foot Unis, Laurent Nicollin. Laurent Nicollin, il a les clés du truc", souligne-t-il. Si le patron de Montpellier a "une sorte de petite lucidité qui commence à le gagner", son club est en grande difficulté et peut craindre la relégation.
"Je suis très impatient de voir si Andy Delort revient à Montpellier", déclare Daniel Riolo. "Vous savez qu'Andy Delort joue au Qatar. Montpellier a besoin d'un attaquant, Montpellier n'a pas d'argent. Je pense qu'il pourrait y avoir un bon tarif pour qu'il revienne. La demande a été faite."
Selon notre consultant, Vincent Labrune et Nasser al-Khelaïfi étant "main dans la main", le président du PSG pourrait faire un geste pour favoriser le retour de Delort dans l'Hérault, et ainsi aider indirectement l'actuel président de la LFP.
Ce type de transfert s'est déjà vu par le passé, assure Daniel Riolo: "Ekitike au Paris Saint-Germain, un jour il faudra réellement vous poser la question. Le PSG n'avait pas envie de recruter ce joueur mais on a fait plaisir à Jean-Pierre Caillot, le grand copain de Vincent Labrune, désormais grand copain de Nasser al-Khelaïfi."
Vers un report de l'élection?
Cependant, tout n'est pas joué et "il y a pas mal de présidents qui aimeraient tourner la page Labrune et se dire que Cyril Linette pourrait renouer les liens avec Canal", affirme Daniel Riolo. "Je rappelle que depuis que Canal n'est plus dans le foot, c'est le début des problèmes. Mediapro c'est le début des problèmes."
Les patrons des clubs de Ligue 2, en "grande majorité", plaident par ailleurs pour un report de l'élection. "Ce qui serait bien, ça permettrait à tout le monde de réfléchir un petit peu", juge notre consultant.
Mais "Labrune a là aussi noyauté le système et Rouget, son numéro 2 à la Ligue, a bouclé le truc. C'est uniquement eux qui peuvent décider de quand aura lieu l'élection, donc ça va être très dur pour les présidents de Ligue 2 d'obtenir un report".
Dans ce dossier à l'issue plus plus qu'incertaine, Daniel Riolo appelle l'Olympique de Marseille à s'impliquer et à peser davantage pour que le football français change de gouvernance. Le journaliste invite également le journal L'Équipe à investiguer sur la gestion et l'avenir de la Ligue.