L’odeur de cette momie a été recréée par des archéologues en Égypte, et ça n’est pas si repoussant
ARCHÉOLOGIE - Un savoureux mélange de résine de pin, de cire d’abeille, d’huiles végétales et de bitume. Voilà quelques-uns des ingrédients utilisés pour parfumer une momie retrouvée dans la Vallée des rois en Égypte. Dans une étude publiée le 31 août dernier dans la revue Scientific Reports, des chercheurs expliquent comment ils ont pu déterminer ce mélange olfactif précis, provenant de la momie de Senetnay.
Cette femme noble morte il y a environ 1450 avant notre ère était l’infirmière du fils et héritier du pharaon Thoutmôsis III, le futur pharaon Amenhotep II. Elle fait partie des momies excavées il y a plus d’un siècle par le fameux Howard Carter, dans la tombe KV42 de la Vallée des Rois. Une indication du statut social de la jeune femme, probablement membre de l’élite égyptienne. Les parfums utilisés pour l’embaumer sont une preuve de plus de sa proximité avec le pharaon.
Des parfums exotiques
L’embaumement est l’une des étapes de la momification. Le corps est vidé de ses organes (foie, poumons etc.), qui sont placés dans des bocaux. Ils sont ensuite, tout comme le corps, recouverts d’un baume qui doit aider à la conservation, un peu comme le formol. C’est cela que les chercheurs ont analysé, en le récupérant dans deux bocaux contenant des organes de Senetnay.
Les chercheurs ont ainsi trouvé des traces « de cire d’abeille, d’huile végétale, de graisses, de bitume, de résines de pinaceae (probablement de mélèze), d’une substance balsamique et de résine de dammar ou d’arbre de pistache », indique l’étude. Suffisant pour affirmer qu’il « s’agit des baumes les plus riches et les plus complexes jamais identifiés pour cette période précoce », assure Barbara Huber, archéologue à l’Institut max Planck et responsable de l’étude.
Ces parfums ont également permis aux chercheurs de découvrir que « les anciens Égyptiens s’approvisionnaient des matériaux au-delà de leur royaume à une date précoce ». Parmi les ingrédients importés figure la résine de mélèze, issue probablement du nord de la Méditerranée tandis que les dammars proviennent exclusivement d’arbres des forêts tropicales d’Asie du Sud-Est. Une découverte qui reculerait de mille ans les premiers échanges connus entre ces deux régions.
Une odeur recréée par une parfumeuse française
Une fois tous les ingrédients connus, l’équipe dirigée par Barbara Huber a collaboré avec la parfumeuse française Carole Calvez et la muséologue sensorielle Sofia Collette Ehrich pour reproduire le parfum. « Il représente plus que l’arôme du processus de momification. Il incarne la riche signification culturelle, historique et spirituelle des pratiques mortuaires de l’Égypte ancienne », romance Barbara Huber.
Cette odeur pharaonique pourra bientôt être sentie par les visiteurs du musée de Moesgaard, au Danemark. De quoi proposer une expérience plus immersive aux visiteurs, notamment malvoyants, en leur faisant découvrir l’Égypte ancienne avec leurs narines.
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