L’infernal Damien Deroubaix expose à la BNF

En 2008, Damien Deroubaix revisite La Grande Fortune d’Albrecht Dürer (1471-1528).  - Credit:Damien Deroubaix/ADAGP, Paris, 2024/Photo BNF/SP
En 2008, Damien Deroubaix revisite La Grande Fortune d’Albrecht Dürer (1471-1528). - Credit:Damien Deroubaix/ADAGP, Paris, 2024/Photo BNF/SP

Dès l'entrée, ça frappe : une sphinge, une sirène ou une harpie, on ne sait pas vraiment. Elle vous toise, ailes et serres déployées, mâchoires serrées, une grappe de seins sur le torse comme l'Artémis d'Ephèse. À côté, un squelette à deux têtes, chacune liée à un arbre qui semble tiré d'un Rembrandt.

Deux grands formats dans un noir et blanc puissant donnent le ton de l'univers d'un artiste qui veut unir la grammaire visuelle du death metal et les eaux-fortes de Holbein, le Cthulhu poulpesque de Lovecraft et La Femme d'Edvard Munch, ou le collage street art et les vanités d'Hans Baldung dans une ronde aux airs de sabbat férocement esthétique. En ces temps d'apocalypse, voici Éros et Thanatos à nouveau réunis, mais pour le meilleur !

Damien Deroubaix, artiste français né en 1972 à Lille, expose dans la galerie Mansart de la BNF ses estampes (et quelques peintures et sculptures) en dialogue, comme on dit, avec les chefs-d'œuvre de la gravure conservés par l'institution. On le sait mal, mais celle-ci abrite, outre des livres et des manuscrits précieux, un véritable trésor, notamment graphique.

De petits totems

Ainsi se délecte-t-on du choc entre la Némésis de Dürer et sa version par Deroubaix, qui semble même en avoir arraché une aile pour mieux la sculpter dans un bois de tilleul, posé à même le sol dans l'exposition. Ou des boucs lucifériens de Goya, dans El Sueño, qui lorgnent les quatre cavaliers bibliques réinterprétés par Deroubaix, issus du Moyen Âge ou d [...] Lire la suite