L’incroyable chasse aux billets pour le concert de Coldplay à Jakarta

Photo JAYSON BRAGA/Brazil Photo Press/AFP

Dans un cybercafé de la capitale indonésienne, Riana, coiffée d’un hidjab, est postée depuis des heures devant trois écrans, dont ceux de son ordinateur et de son téléphone portables.

“J’espère que nous pourrons obtenir une connexion Internet rapide”, confie la jeune femme au quotidien indonésien Koran Tempo.

Avec ses deux amies, elle s’est lancée, comme des centaines de milliers d’autres Indonésiens, dans une lutte héroïque pour acheter des billets pour le concert de Coldplay, qui se produira pour la première fois à Jakarta le 15 novembre prochain, dans le cadre de sa tournée mondiale.

Les organisateurs ont réparti les billets en onze catégories pour des prix allant de 800 000 roupies à 11 millions de roupies (de 50 à 700 euros), hors taxe. Moins de dix minutes après l’ouverture des ventes en ligne, les 70 000 places les moins chères étaient épuisées. Selon le quotidien, les chasseurs de billets ne sont pas que des citoyens aisés, mais aussi des personnes modestes qui “sont prêtes à vendre leur frigo ou leur moto pour partager quelques heures d’euphorie avec la foule du stade Gelora Bung Karno, éprouver le sentiment d’entrer dans l’histoire et pouvoir clamer ‘J’y étais !’

La télévision indonésienne a montré des femmes qui hurlaient de joie parce qu’elles avaient réussi à obtenir des places à 11 millions de roupies. Au même moment, sur une autre chaîne, on pouvait voir une mère de famille en train de pleurer parce que son enfant ne pouvait pas prendre son petit-déjeuner avant d’aller passer l’examen national dans son école : elle n’avait plus de riz à la maison.

Face à ces deux situations extrêmes, certains seraient tentés de vouloir interdire le concert de Coldplay “sous prétexte qu’il est indécent de faire des folies au milieu de la misère qui perdure dans le pays”. Mais Koran Tempo rappelle que le gouvernement va percevoir l’équivalent de plus de 1,2 million d’euros de taxes sur la billetterie. “Si toutes ces taxes sont reversées aux gens pauvres qui ne peuvent pas se payer une place pour aller écouter Coldplay, alors on peut faire preuve de tolérance envers ces musiciens britanniques. Après tout, ils ne font de mal à personne, ils ne font que chanter.”

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