L’échec de la gauche expliqué par le néomarxisme

Jean-Luc Mélenchon, le 7 septembre 2024 à Paris lors d'une manifestation.  - Credit:Benoit Tessier / REUTERS
Jean-Luc Mélenchon, le 7 septembre 2024 à Paris lors d'une manifestation. - Credit:Benoit Tessier / REUTERS

L'absence d'ambition conduit rarement au triomphe. La Fête de l'Huma a été le théâtre d'affrontements attendrissants et ridicules, où de jeunes gens pleins d'entrain criaient « Siamo Tutti Antifascisti » devant un François Ruffin contrit. La gauche n'a rien perdu de son charme ni La France insoumise de son éclat. C'était aussi la démonstration de l'échec de la stratégie du cynisme. Celle qui consiste à refuser de parler à la France qui ne vote plus à gauche, à lui tourner le dos comme l'aurait fait un enfant boudeur et caractériel. Il y a dix ans, La France insoumise, puissante et prometteuse, aurait pu imaginer un projet pour la nation, un programme à même de séduire des électeurs populaires, et pourquoi pas conservateurs. Elle y a renoncé par paresse, et par cynisme.

2016. Jean-Luc Mélenchon défilait dans Paris avec Chantal Mouffe. Cette philosophe belge était alors le maître à penser des espoirs de la gauche européenne : Alexis Tsipras, leader de Syriza en Grèce, Inigo Errejon et Pablo Iglesias, les meneurs de Podemos en Espagne. La leçon de Chantal Mouffe était simple : s'inspirer du philosophe néomarxiste Antonio Gramsci (1891-1937) pour réinventer le logiciel intellectuel et électoral de partis marginalisés après vingt ans de néolibéralisme incarné par Margaret Thatcher et Ronald Reagan. La gauche devait s'approprier les valeurs de la droite : la nation, l'ordre, la tradition et, surtout, la souveraineté. Le tout au service du peuple. La stratégie de [...] Lire la suite