Kamel Daoud ou la mémoire ressuscitée

Kamel Daoud à Paris, le 24 juillet 2024.  - Credit:Khanh Renaud pour « Le Point »
Kamel Daoud à Paris, le 24 juillet 2024. - Credit:Khanh Renaud pour « Le Point »

Évoquer la guerre civile en Algérie – 200 000 morts – est puni, là où elle s'est déroulée, de trois à cinq ans d'emprisonnement. Vous avez bien lu : entre trois et cinq ans de cachot si vous osez simplement « en parler », défier le refoulement imposé par le pouvoir en place. Heureusement, il y a la littérature. Et Kamel Daoud, dont le deuxième roman, Houris (Gallimard), paraît le 15 août, dix ans après son Meursault, contre-enquête (Actes sud), inoubliable manifeste camusien. François-Guillaume Lorrain a pu lire ce « pavé dans une mare de sang ». Il a pris ces 400 pages en pleine figure, qui déchirent le voile de cette guerre cruelle aujourd'hui étouffée qui opposa, entre 1992 et le début des années 2000, les islamistes du Groupe islamique armé (GIA) au régime d'Alger. Cette contre-enquête sur ces années de plomb prend la forme d'un monologue intérieur qu'une nouvelle Antigone – Aube, égorgée mais (sur)vivante – s'adresse à elle-même et à la petite fille dont elle est enceinte.

ALERTE. Le Point en publie quelques bonnes feuilles, de même qu'une longue et passionnante interview de l'auteur – aussi chroniqueur de notre journal. « L'Algérie cultive l'hypermnésie à l'égard de la guerre d'indépendance et l'amnésie pour cette guerre civile […]. On vous oblige à vous souvenir d'une mémoire que vous n'avez pas et à oublier une mémoire que vous avez », se désole Kamel Daoud. « Écrire, c'est reprendre la parole », confie-t-il à Valérie Toranian et François Guillaum [...] Lire la suite