Textor pleinement à la baguette, Sage qui s'installe et Mikautadze attendu: état des lieux positif à l'OL avant le début de la saison à Rennes

Le vrai an I de John Textor

Propriétaire du club depuis décembre 2022 mais aux commandes véritablement depuis mai 2023 après l’éviction de Jean-Michel Aulas, John Textor a désormais le club tel qu’il le souhaitait, uniquement branché sur la Ligue 1. Le printemps lui a en effet permis de vendre les actifs hors foot masculin, soit la salle de spectacle à l’ex-homme fort du club le 11 juin, la franchise féminine OL Reign, le 17 juin dans la foulée de la séparation de l'OL féminin le 8 février.

Toutes ces opérations ont facilité le passage devant la DNCG (Direction nationale de contrôle et de gestion) qui a pu se faire sans encombre en juin. L’argent frais de la LDLC Arena et de l’équipe américaine (plus de 100 millions d’euros au total), l’allègement de la dette générale (environ 70 millions) sans oublier la fin du déficit récurrent de la section féminine (15 millions annuels) ont ainsi rassuré le gendarme financier du foot français.

Le 27 juin 2024, le feu vert offre aux dirigeants une liberté d’action pour aller de l’avant, là où douze mois avant débutaient les ennuis avec encadrement du recrutement. On connait la suite en pente douce de l’été et de l’automne, jusqu’au début d’hiver avec quatre changements de staff (Blanc, Vulliez, Grosso puis Sage)!

Les hommes de confiance aux manettes

Dans cet environnement plus serein pour le boss américain - désormais entouré d’un directeur général, Laurent Prud’homme, qui fait l’unanimité et le lien qui manquait à l’aube de la saison 23-24 à John Textor, et d’un directeur sportif, David Friio, qui a les mains libres -, l’OL avance de façon plus fluide autour d’un budget de 220 millions d’euros. À l’image d’un staff qui a non seulement l’onction sportive d’une remontée historique réussie (18e le 15 décembre pour une 6e place en mai) mais qui est désormais "légal": Pierre Sage a en effet validé dans la première quinzaine de juin son diplôme d’entraîneur qu’il a reçu officiellement le 27 juin avant de parapher un contrat jusqu’en juin 2026 le 3 juillet.

La trouvaille de John Textor – il a découvert Pierre Sage qui dirigeait l’Académie depuis six mois lors des premières visites au club – a permis aux deux hommes d’enrichir leur relation et chacun d’asseoir son pouvoir dans son champ d’action. Ainsi, le patron du sportif de l’OL, issu du monde amateur rhônalpin essentiellement, et qui a fait mieux que deux champions du monde avant lui (Laurent Blanc et Fabio Grosso), a pu s’entourer d’hommes de confiance au moment de sa nomination officielle. Pour remplacer Jérémie Bréchet et Antonin Da Fonseca, partis rejoindre Bruno Genesio à Lille, il choisit Jorg Maciel (adjoint), Rui Lemos (préparateur physique) et Denis Valour (coordinateur de la performance) pour compléter le staff. Quant à la cellule de recrutement data, bien organisée autour de Mathieu Louis-Jean et David Friio, elle a les moyens de sa politique.

Pierre Sage, l’an II

"L’homme d’une mission désormais homme de projet": la formule du directeur sportif David Friio résume le changement de statut de Pierre Sage. Désormais nanti du diplôme officiel, il finit de "coûter" à son patron près de 25.000 euros par match (600.000 euros au total) pour cause de défaut de précieux sésame. Et celui qui devait assurer l’intérim de quelques matches en décembre 2023, puis sauver l’OL de la Ligue 2 et qui a fini avec la moyenne de 2,09 points par match (46 points décrochés en 22 matches dirigés en Ligue 1) pour propulser l’équipe en Europe va être regardé différemment. Il le sait, l’assume tranquillement: "La seule pression que je me mets, c'est de rendre les joueurs efficaces individuellement et de faire de bonnes performances avec l’équipe, dit-il. La pression du championnat et la Coupe d’Europe me passe au-dessus, je me concentre uniquement sur le rendement de l’équipe".

Il prolonge: "Le discours évolue parce que ma position a évoluée. On a vécu des fortes choses ensemble et j’ai été confirmé à mon poste donc ça a changé la manière dont l'équipe me percevait. Aujourd'hui la mécanique est différente avec les mouvements de joueurs, on s’entraine avec un groupe encore incertain, entre ceux qui vont nous quitter et ceux qui pourraient nous rejoindre. On essaie d’être efficace malgré tout et j'essaie d’être en lecture des comportements pour que tout le monde soit mobilisé par notre projet à court et à long terme".

La tirelire cassée

Ainsi pour assurer les ambitions, l’OL ne tergiverse pas: à ce jour, 134 millions ont été dépensés en 2024, pour un déficit dans la balance des transferts, calculé à 111 millions d’euros! Le board lyonnais n’a en effet pas lésiné sur les dépenses dans cette saison atypique, laquelle au niveau du mercato a débuté en… janvier! Il fallait au début de l’année sauver le soldat OL. Et si dans un premier temps, John Textor, encore enfermé dans ses certitudes américaines que l’OL ne descendrait pas ("C’est une question comique", avait-il répondu un soir de novembre à la question sur la relégation possible), il a écouté puis entendu les critiques.

Quelques joueurs ont été achetés cash quand d’autres ont été prêtés avec de lourdes options d’achat. Au total, de Duje Caleta-Car à Mama Baldé, d’Ernest Nuamah à Gift Orban, l’OL doit lever cet été pour plus de 66 millions d'ueuros d’euros d’options, négociées depuis le 1er janvier 2024, sans oublier les dépenses en cash. L’exemple des chèques XXL signés par John Textor se lit dans le process d’acquisition d’Orel Mangala: l’option d’achat a valu un chèque de 23,4 millions d’euros, fait le 2 juillet à Nottingham Forest après un prêt payant de 11,7 millions opéré pour les cinq premiers mois de 2024.

À ce jour, seuls Skelly Alvero (Brême, 5 millions d'euros), Tino Kadewere (Nantes, avec 25% d’intéressement à une revente éventuelle), Johann Lepenant (prêté à Nantes avec option d'achat de 2,5 millions d’euros) et Jake O’Brien (19,5 millions d’euros à Everton) permettent de compenser les achats de ce seul été.

L’OL opère également un lifting de son effectif dans le sens des arrivées: Moussa Niakhaté, l’international sénégalais de Nottingham Forest (31,9 millions d'euros), devient le deuxième transfert le plus cher de l’OL derrière… Orel Mangala! Autre défenseur recruté, Abner Vinicius (Betis, 8 millions d’euros) tandis que Georges Mikautadze (18,5 millions d’euros) vient compléter une ligne offensive pleine de promesse puisque Alexandre Lacazette a décidé de rester.

L’attente des supporters

Toujours présents, jamais véritablement grincheux et encore moins cinglants, les fans de l’OL ont été d’un précieux secours de l’institution, tout au long des mois où, en d’autres temps, la défiance et la violence auraient pu dominer. Compréhensifs du contexte de l’époque, sur fond de succession peu sereine entre les deux hommes forts, celui de la construction de l’OL contemporain et celui du rachat, ils ont su entourer leurs joueurs d’une bienveillance rare, les scénarios des matchs aidant beaucoup aussi à se (re)connecter les uns aux autres. Et l’OL remonta de la 18e à la 6e place en renversant au total 7 rencontres de février à mai, prenant ainsi 24 points après été menés dont 19 apportés par des réalisations de joueurs sortis du banc quand ce n’est pas au bout de la 16e minute du temps additionnel face à Brest (4-3)!

De quoi nourrir de grands espoirs: "Il faut rester sur la dynamique de fin de saison avec un titre en fin de saison, explique à BFM Lyon, Dylan, supporter lyonnais. Il faut rester sur l’amour du maillot et l’envie d’être ensemble que l’on a vu en fin de saison". Il rejoint Grégoire, autre fan qui a d’autres souhaits: "Je veux de la régularité dans les efforts et dans les résultats. Sur le papier, nous avons une équipe pas trop mal". "Le scénario de rêve, c’est gagner le titre, espère Loïc. De façon réaliste, il faut être européen en fin de saison, voire en Ligue des champions et sortir de la phase de poule de la Ligue Europa". Tous signent pour vibrer de nouveau, Ruben résume: "J’attends que la bonne cohésion continue. Je veux de la régularité et vibrer au stade".

Le retour de la double vie: nationale et européenne

Dans la saison 2023-2024 irréelle, les supporters ont aussi été récompensés avec le retour de l’Europe. Elle va de nouveau feuilletonner au Groupama Stadium, après plus de deux ans d’absence, ce jeudi 15 avril 2022 à la suite d’une défaite en quarts de finale retour face à West Ham (O-3). Et au terme là aussi d’un ultime acte incroyable car l’OL décroche son ticket pour la C3 grâce à un pénalty tiré à la 90e+6 du dernier match face à Strasbourg. Finalement, ce sera la seule minute de la saison où Lyon occupe une place européenne. S’il n’en restait qu’une, c’était celle-ci!

D’où l’importance de surfer sur la magie de la saison passée: "Notre force de la saison dernière, c'était notre force de caractère, explique Corentin Tolisso. Il va falloir en montrer dès le début de saison en gommant les défauts de la saison passée. On doit garder l’exigence et l’intensité de l’année dernière. Les joueurs qui ont vécu les émotions de la saison dernière sont encore là. Ce n'était pas parfait, mais on a fait des matchs assez fous. Cependant, cette année, il faudra être bon dès le début de la saison et sur toute la saison, notamment défensivement".

Et les ambitions?

Pierre Sage les énumère tranquillement: "Pour moi, une saison réussie, ce sera une meilleure saison que celle de l'an dernier dans sa globalité, avec une meilleure maîtrise de l'ensemble des temps. Le fait de s'inscrire positivement dans les trois compétitions et de faire progresser l'ensemble des joueurs à la fois sur le plan individuel et sur le plan collectif. La saison passée, le contexte faisait qu'on a dû construire nos objectifs au fur et à mesure de la deuxième parte de saison, et c'était l'une de nos forces. Pour dire qu'on vise le podium, il faudra le voir à cinq ou six matchs de la fin de la dernière journée".

Et les co-équipiers de Corentin Tolisso, champion du monde 2018, propulsé capitaine en attendant le retour du vice-champion olympique Alexandre Lacazette, d’attendre avec impatience ce premier déplacement en guise de révélateur : "Le groupe se sent bien, on a fait une bonne préparation, on a travaillé la tactique, la technique et physiquement, on est bien aussi. On pourra jauger tout cela dimanche face à Rennes, mais vu les entrainements qu'on fait, je pense qu'on est pas mal. On a très bien fini la saison dernière, on doit garder l'exigence et l'intensité, j’espère qu’on repartira sur les mêmes bases que sur la fin de saison dernière". Rennes, où l’OL version 23-24 avait gagné son premier match de la saison, au soir de la 12e journée, le dimanche 12 novembre. Une époque qui semble si loin à la lecture du reste de la vie de l’OL depuis!

Article original publié sur RMC Sport