JO 2024 (taekwondo): "Elle peut devenir une légende", après son sacre historique, Althéa Laurin veut "faire encore mieux" et vise Los Angeles 2028
La nef du Grand Palais en a tremblé. Dans un vacarme assourdissant, Althéa Laurin a remporté la première médaille d’or de l’histoire du taekwondo français, ce samedi aux Jeux olympiques de Paris 2024. Celle après laquelle ses prédécesseurs ont couru si longtemps. Au terme d’une journée intense, entamée à 9h et conclue vers 22h, la combattante d’origine martiniquaise a décroché le Graal en battant en finale l’Ouzbèke Svetlana Osipova. De quoi impressionner Pascal Gentil, qui l’imagine s’installer durablement au sommet de sa discipline. Pour en écrire l’une des plus pages.
"Elle était déterminée, sereine, et elle a maîtrisé son art du début à la fin. Le Grand Palais a trouvé une reine et elle s’appelle Althéa", savoure l’ancien champion, double médaillé de bronze en 2000 et 2004. "On a enfin cette médaille d’or, ici à la maison. Je lui souhaite d’aller chercher à nouveau l’or olympique dans quatre ans à Los Angeles. Elle en est capable, elle est jeune. Je suis convaincu qu’elle a encore une marge de progression. C’est un encore un bébé. Elle va encore étoffer son jeu. Elle va gagner en maturité, en puissance, en explosivité. Et si elle continue à s’entraîner et à être sérieuse comme le fait, il n’y a pas de doute sur destin. Quand on voit les rétrospectives des JO, on ne voit que ceux qui gagnent: David Douillet, Florian Rousseau, Tony Estanguet… Leon Marchand est entré dans la légende en gagnant deux médailles d’or le même jour. Moi, ce que je veux, c’est qu’elle gagne à nouveau."
"J’ai envie de faire le doublé à Los Angeles"
Après avoir ramené du bronze de Tokyo en 2021, la combattant de 22 ans "voulait absolument" rafler le titre à Paris. "On en a rêvé chaque jour", confirme sa coach turque Gulsah Alonso Tapia. "On en parlait tout le temps avec Althéa, en se disant qu’on voulait devenirs champions olympiques. On a travaillé dur pour ça. On savait que ce serait le premier titre de l’histoire du taekwondo français et notre rêve est devenu réalité." Mais il ne s’arrête pas là. Loin de là. Après avoir rehausser le plafond, Althéa Laurin ne se fixe aucune limite et se projette déjà sur Los Angeles 2028. "J’ai envie de faire le doublé, pourquoi pas", sourit la Française, qui fêtera ses 23 ans à la rentrée. "J’espère faire encore mieux, je pense que c’est faisable. Je sais qu’il y a un record de Grand Prix, de Championnats du monde et d’Europe. Pourquoi essayer de battre ces records."
Son entraîneuse la croit capable de laisser une trace indélébile sur les aires de combat: "Tout est possible. Elle a déjà deux médailles olympiques. Si elle n’a pas de blessures dans sa carrière et qu’elle continue avec cet appétit, elle peut devenir une légende. Elle est tellement jeune. C’est une très bonne athlète, très sérieuse. Elle sait ce qu’elle veut. On peut s’accrocher de temps en temps, parce qu’on échange beaucoup, mais c’est facile de l’entraîner." Reste à savoir si Gulsah, qui gère l’équipe de France avec son conjoint espagnol Rosendo Alsonso Tapia, sera toujours derrière Althéa dans quatre ans en Californie. Interrogée à ce sujet, elle a laissé planer le doute, malgré l’estime qu’elle porte à Patrick Rosso, le DTN national.
"A elle de faire le travail avec les médias"
En attendant de connaître sa décision, Althéa Laurin va pouvoir savourer son nouveau statut, sur lequel la Fédération française de taekwondo espère capitaliser pour prendre un peu de lumière. "On a une belle championne. Maintenant, c’est à elle aussi de faire le travail avec les médias, dans la presse, estime Pascal Gentil. Il faut être généreux, pas que sur le tatami. Il faut savoir séduire, parler. Il faut faire du media training et donner de sa personne. Kylian Mbappé le fait bien. On peut aussi, dans nos sports mineurs, on peut faire parler de nous".