JO 2024 (skateboard): doublé en street, trois titres sur quatre en 2021... Pourquoi les Japonais sont les rois de la planche à roulettes
Le Japon a fait respecter la hiérarchie à la lettre. Classées numéros une et deux mondiales, Coco Yoshizawa et Liza Akama ont conclu dans cet ordre le concours de street skate, ce dimanche dans le Parc urbain de la Concorde. Funa Nakayama, 4e mondiale, a échoué plus loin (7e) mais cela ne change pas grand-chose. Depuis son introduction aux JO pour la première fois il y a trois ans à Tokyo, le skate subit l’écrasante domination du Japon. À domicile, trois des quatre épreuves (street et park) avaient donné des champions locaux. Sur douze médailles en jeu, cinq étaient japonaises.
"Avant Tokyo, le skateboard avait un peu une mauvaise impression au Japon"
Les journalistes du "pays du Soleil levant" avaient d’ailleurs débarqué en nombre pour suivre les éliminatoires puis la finale. La mère et le frère (Shin) de Coco Yoshizawa étaient aussi présents tôt pour suivre le show de leur fille et sœur. "J’ai le cœur qui bat", confiait la maman. Quelques heures plus tard, Coco a fait respecter la logique. Mais pourquoi une telle domination? "Les Japonais sont sérieux, travaillent dur et veulent atteindre leurs rêves", explique Liz Akama en argent. "Nous sommes vraiment une équipe forte. À Tokyo, Momiji Nishiya et Funa Nakayama ont obtenu une médaille (en street). Et c’est grâce à ces résultats que nous visons l’or. Pour cette raison, nous les aimons beaucoup."
"Comme le skateboard n’avait jamais été aux JO avant, le pays hôte voulait faire du mieux qu’il pouvait", explique une agente américaine de deux athlètes en lice dimanche (Ros Zwetsloot et Poe Pinson). "Je pense que les athlètes étaient très honorés de représenter leur pays et voulaient faire le mieux qu’ils pouvaient pour représenter leur pays, surtout les jeunes."
Poe Pinson, quatrième en street, souligne une question d’approche de la discipline. Alors que le skate est un sport présenté sans pression, urbain et dans l’échange, elle a vu dans son virage olympique une vision davantage basée sur le résultat. Elle-même ne visait pas de médaille et s’est retrouvée un peu surprise de se retrouver si proche. "Le skate aux JO, ça apporte comme une opportunité dans la manière positive de faire du skateboard dans des pays où ils n’ont pas encore ça", fait-elle remarquer. "Il y a des pays comme au Japon où tu ne peux même pas faire du skate dans la rue, c’est illégal de faire du skate sur le trottoir."
L'entrée du sport dans un cadre offre de nouvelles perspectives qui s'éloigneraient du domaine de l'évasion. "Avant Tokyo, le skateboard avait un peu une mauvaise impression au Japon mais en obtenant des médailles, ça a impressionné les gens", confie Liz Akama. "C'est maintenant un événement."
Ce côté obsessif et basé sur le résultat plus que sur le plaisir comme chocs de deux mondes. Et cela pourrait encore rapporter gros lundi chez les hommes puisque les trois meilleurs au classement mondial du street sont japonais (Ginwoo Onodera, Sora Shirai, Yuto Horigome). Une Japonaise domine aussi le classement du park. La moisson n'est peut-être pas finie.