JO 2024: "Peu ont le niveau", pourquoi aucun homme ne participe en natation artistique alors que cela est autorisé
Comme plusieurs champions avant lui, Bill May a eu l’honneur de donner les trois coups d’envoi de la session de natation artistique, mardi soir. Mais l’ancien nageur aurait espéré se retrouver dans l’eau en compagnie des nageuses. Depuis 2022, le règlement de la Fédération internationale (World Aquatics) autorise la participation des hommes aux épreuves de natation synchronisée. Et, à 45 ans, Bill May pensait bien atteindre son rêve olympique. En mai dernier, il a ainsi participé à l’épreuve de Coupe du monde avec l’équipe américaine, achevée à la sixième place.
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Pas encore au point techniquement mais un énorme potentiel pour les portés
La sélection américaine n’a finalement pas transformé l’essai en évinçant de sa sélection le premier champion du monde en duo mixte en 2015. Keana Hunter l’a ainsi remplacé et elle a aidé à décrocher l’argent derrière la Chine ce mercredi soir. Au moment de l’annonce de la sélection américaine sans Bill May, World Aquatics avait tiqué en regrettant qu’aucun homme n’ait été retenu pour les JO. Aux Mondiaux 2023, cinq nations avaient osé en alignant un homme dans leur équipe.
Mais le scepticisme sur la faculté des hommes à encore performer en équipe de natation synchronisée l’emporte sur la quête de résultat. La Fédération internationale avait d'ailleurs reconnu que le temps entre l’autorisation des hommes à concourir et les JO (2018) était un peu court pour trouver des candidats au niveau. Et de l’aveu de nombreuses nageuses croisées au bord du centre aquatique, aucun candidat masculin crédible ne se dégage encore pour figurer dans une équipe de huit. D’autant que les règles ne sont pas les mêmes aux JO qu’aux championnats du monde où une sélection peut être modifiée avant chacun des trois passages. Ce qui n’est pas le cas aux JO où les mêmes nageuses doivent exécuter les trois "routines".
"Des hommes, il y en a peu qui ont le niveau de performer des ballets difficiles et d’en performer trois", explique Julie Fabre, entraîneur de l’équipe de France de natation artistique. "Je pense que la génération des 13-15 ans est très prometteuse, ils sont déjà très forts. Je ne sais pas si Los Angeles (en 2028) suffira pour qu’il y ait des garçons dans les équipes mais ça va arriver, ça c’est certain et c’est un atout en termes de puissance dans les portés. Ce sont des règlements qui ont changé deux ans avant les Jeux."
"Il faut être capable d’avoir un garçon qui peut enchaîner les trois et aujourd’hui, il n’y en pas"
Les nageuses, elles, sont prêtes à accueillir un homme dans leur relais à condition qu’il en ait le niveau. "Nous sommes seulement concentrés sur le fait d’avoir la meilleure équipe que nous pouvons avoir ici", explique l’Australienne Margo Joseph-Kuo. "Les filles sélectionnées viennent de toute l’Australie, nous nous entrainons depuis un long moment et nous voulons l’équipe avec la meilleure énergie. On se fiche un peu du genre, nous essayons de faire briller le sport australien autant qu’on le peut. Mais j’espère qu’il y aura les deux genres à l’avenir."
"De l’artistique et une vision différente de la synchro"
Pour la Française Anastasia Bayandina, l’absence d’hommes aux JO est aussi une question de niveau. "C’est plus difficile pour un homme de faire les difficultés que les femmes font actuellement et c’est le choix du coach de prendre huit filles ou lieu des sept", ajoute-t-elle. Elle s’amuse à l’idée d’avoir un jour une équipe totalement paritaire, même si les duos mixtes existent déjà. "Pour l’instant, on a seulement droit à deux garçons par équipe (de huit), je n’imagine pas trop une équipe à quatre garçons et quatre filles… mais pourquoi pas à l’avenir."
Sa coéquipière Romane Lunel, elle, trouve "ça cool que des hommes puissent participer". "Le fait qu’il n’y en ait pas encore aux Jeux, c’est peut-être dommage parce que ça c’est ouvert récemment mais je pense que ça va arriver assez vite", ajoute-t-elle. "C’est tout nouveau aussi, les hommes vont finir par progresser pour arriver au niveau des nageuses. A partir de ce moment-là, ce serait cool parce que ça permettra d’ouvrir de nouvelles possibilités pour faire voler des portés plus hauts."
Selon elle, c’est "techniquement" que "ça pêche pour l’instant". "Sur les portés, ils vont avoir plus de force et être plus puissants. Les Américaines avaient aussi créé une chorégraphie avec l'hommes et les femmes, ça avait permis d’apporter de l’artistique et une vision différente de la synchro."