JO 2024 (pentathlon moderne): "Une victoire pour nous", l’émotion du compagnon d’Elodie Clouvel, pas retenu pour les Jeux et sparring-partner de luxe

Ce n’est pas sa médaille mais son émotion était très forte. Valentin Bélaud rêvait, lui aussi, de connaître la joie d’un podium olympique mais il n’a pas retenu en juin dernier pour l’épreuve masculine du pentathlon moderne, devancé par Jean-Baptiste Murcia et Valentin Prades. Alors, il s’est mué en partenaire d’entraînement de luxe de sa compagne Elodie Clouvel avant les JO de Paris. Huit ans après Rio, la pentathlète s’est encore parée d’argent, ce dimanche au terme d’une course riche en émotions. Et d’une année traversée de doutes.

"Elle était presque en burn-out"

"C’est l’histoire de la résilience, du courage et qu’il ne faut jamais rien lâcher même quand on est en fond du trou", a confié cette dernière. "Il y a un an, je voulais tout arrêter. Au final, je suis médaillée olympique avec deux grandes athlètes au top mondial avec Michelle Gulyas et Seungmin Seong, qui est championne du monde."

Valentin Bélaud, très ému, témoigne de ce soulagement après les doutes et les déceptions. "Au mois de juin, j'ai appris que je n'allais pas faire les Jeux et tout de suite, on a basculé", explique-t-il. "Je suis devenu son sparring-partner pour l'accompagner. Aujourd'hui, elle fait une médaille, donc c'est magnifique. Ça a toujours été ma muse depuis qu'on est ensemble. On a essayé de travailler en équipe tout du long. Je suis si fier d'elle, ces émotions-là, elles sont magiques. Une victoire comme ça, c'est une victoire pour nous, c'est pour toute notre famille, notre team, tous les gens qui nous accompagnent. Je suis infiniment fier, heureux. Là, je le plane, c'est magique."

Il rappelle ainsi le virage opéré par l’athlète de 35 ans il y a un an. "En juillet/août derniers, c'était dur, elle était presque en burn-out, elle disait: ‘je vais arrêter, j'ai peut-être fini ma carrière, je suis peut-être trop vieille’", rappelle-t-il. "On a continué et en octobre, elle a changé. Elle a ajusté pour du meilleur avec toute son expérience. Ce qu’elle a fait, c'est tout nouveau. Elle s'est lancée, elle a osé. Elle m'a dit: ‘je préfère que ma carrière s'arrête en octobre mais que j'ai tout essayé’." Il rappelle "les larmes" après un séance de tir ratée (son point faible) lors de l’étape de Coupe du monde en Bulgarie en mai dernier.

"On a nagé en public toute l'année"

Ce nouveau mode de préparation s’est déroulé hors de l’Insep, un peu en autonomie mais avec la compréhension des instances, comme l’Agence nationale du Sport (ANS), structure portée par Claude Onesta pour accompagner les athlètes. "Pour les jeunes athlètes, on a un système qui est déjà rodé mais une fois qu'on gagne des Coupes du monde, c'est bien que les portes s'ouvrent", reprend Valentin Bélaud. "L’Agence du sport a bien participé à ça. En octobre, elle a eu des réunions avec Claude Onesta pour lui dire qu'elle avait besoin d'autre chose."

Ensemble, ils se sont entrainés à Saumur ou Fontainebleau, d'où venaient certains chevaux des compétitions olympiques (les autres venaient de la garde républicaine). "On a dû prendre des rendez-vous à la mairie à moins de 10 mois des Jeux pour demander à avoir une ligne d'eau. On a nagé en public toute l'année. On a tout créé au début sans savoir où on allait. Avec le cœur et Elo qui est porteuse. Quand je dis que c'est ma muse, c'est que des fois, quand je ne sais pas, je la suis.

"Je suis infiniment fier d'elle. Je l'aime fort."

Valentin Bélaud ne prend pas cet argent pour lui mais le reçoit avec énormément de gratitude. "C'est sa médaille avant tout. Oui, on travaille en équipe mais elle est avant tout à elle. Elle est partagée avec tous les gens qui l'ont accompagnée." "C’est un mode d’entraînement personnalisé, c’est la récompense", ajoute-t-il.

Emilie Clouvel abonde. "Cette médaille a une saveur particulière dans le sens où c’est celle de la persévérance, il ne faut jamais abandonner, ne jamais rien lâcher, parce qu'aujourd'hui, j'étais comme une reine dans le château de Versailles, acclamée par tout le public français." Elle vise désormais les JO de Los Angeles dans quatre ans mais prendra une pause avant pour faire un bébé avec Valentin Bélaud. Lui aussi reprendra sa course olympique qu’il pourrait, cette fois, suivre à trois.

Article original publié sur RMC Sport