JO 2024 (natation marathon): pourquoi le courant de la Seine est la vraie préoccupation des nageurs, plus que la qualité de l'eau

Sous un ciel couvert, quelques gouttes de pluie et une température rendue fraîche par le vent, Marc-Antoine Olivier et Logan Fontaine, les deux Français qui disputeront le 10km en eau libre (ou natation marathon) des Jeux olympiques vendredi 9 août, ont plongé à 8h15 dans la Seine ce mercredi. C’est la première fois que les nageurs peuvent s’entraîner dans le fleuve. L’épreuve test avait été annulée l’été dernier en raison de la qualité de l’eau, et le premier entraînement prévu mardi avait lui aussi été déprogrammé par précaution par les organisateurs, en raison d’un taux d’entérocoques encore trop important pour la baignade.

"Elle est ma-gni-fique", lance Stéphane Lecat, le patron français de l'eau libre. "Depuis le début je vous dis la même chose, j'aurais dû faire un disque, j'aurais été au hit-parade", sourit-il. "Je ne suis pas surpris de ce que l'on fait aujourd'hui. Il n'y a pas de problème pour moi."

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Un débit de 318m3/s ce mercredi contre 100 à 150 en période estivale habituellement

Logan Fontaine, champion du monde du 5km en février dernier, et Marc-Antoine Olivier, vice-champion du monde du 10km à Doha, ont effectué leurs premiers coups de bras. Les Bleus ont découvert la boucle de 1,6km qu'ils devront répéter à six reprises, et effectué quelques répétitions de passages des bouées ou encore de ravitaillement dans une eau "entre 22 et 24 degrés selon les endroits". À la sortie de l'eau, Marc-Antoine Olivier, le médaillé de bronze de Rio, avait le sourire. "On attendait avec impatience de pouvoir découvrir la Seine. L'endroit est top, incroyable... Il ne manque plus qu'un rayon de soleil. On a pu repérer les petits points que l'on avait notés en amont, mais là c'est concret. J'ai hâte d'en découdre vendredi (7h30) et de voir les filles demain (jeudi, 7h30)."

Ce n'est effectivement pas la couleur et la qualité de l'eau que les nageurs ont particulièrement scruté ce matin au pied du pont Alexandre III. Mais le courant encore impressionnant avec un débit de 318m3/s contre 100 à 150 en période estivale habituellement. Un courant que les nageurs devront affronter sur la deuxième moitié de la boucle après avoir fait demi-tour juste avant le pont de l'Alma. "Ça va être du sport", résume Stéphane Lecat.

"Il va y avoir une grosse différence entre la descente et la remontée", poursuit Lecat. "Pour le coup, nous sommes ravis parce que c'est un vrai parcours d'eau libre, on est une nation qui a une histoire dans cette discipline et on est très satisfait d'avoir ce type de parcours."

L'image des nageurs qui dérivent au moment de se saisir des gobelets sur les perches de ravitaillement ou qui luttent contre le courant dans le chenal d'arrivée est assez impressionnante. Selon les premiers retours après l'entraînement du matin, les nageurs devraient mettre deux fois plus de temps à parcourir les 800 mètres du retour que ceux de l'aller avec le courant dans le dos. Et ce courant sera une donnée majeure de l'épreuve olympique dans la Seine. "D'habitude on ne nage pas contre le courant", explique Stéphane Lecat. "Il n'y a pas de parcours en Coupe du monde où on a ce type de choses. Techniquement il faut s'y prendre différemment, il faut accepter de nager contre le courant donc c'est des sensations complètement différentes. En termes de gestion physique, il faudra vraiment être prudent."

Marc-Antoine Olivier: "J'ai un bon plan dans ma tête"

Les nageurs se sont évidemment préparés à ce courant. "C'est de l'eau libre, c'est de l'adaptation et ça peut être un de mes points forts", assurait Marc-Antoine Olivier. "Avec le courant on peut s'épuiser plus facilement et ce sera d'autres stratégies. Tout le monde aura sa petite stratégie et j'ai hâte de voir ce que les autres nageurs vont mettre en place. Et comment moi je vais m'adapter. J'ai un bon plan dans ma tête et on a assez d'expérience pour tout mettre en place pour que ça fasse une belle course. La préparation a été très bonne. Je suis très content d'arriver à ce niveau-là vendredi et j'ai hâte d'y être."

Les Français avaient tenté d’organiser un entraînement au mois de juin mais les mauvaises conditions météo avaient rendu l’exercice impossible. Les Françaises Caroline Jouisse et Océane Cassignol, dont la course a lieu jeudi à 7h30, n'ont elles pas participé à la reconnaissance.

Article original publié sur RMC Sport