JO 2024 (natation): "Sans effort, il nous met 5 mètres", quand des femmes nagent contre des hommes au relais mixte

Lilou Ressencourt contre Caeleb Dressel. Une jeune nageuse de 21 ans alignée pour la première fois dans une grande compétition internationale avec l’équipe de France… face au quintuple médaillé olympique de Tokyo. Les séries du relais mixte 4x100m 4 nages, organisées ce vendredi à la piscine olympique de la Paris La Défense Arena, ont offert aux spectateurs et téléspectateurs une scène particulièrement insolite, avec des oppositions directes entre des hommes et des femmes.

C’est en effet une des particularités de ce relais mixte 4x100m 4 nages, dont la France disputera la finale ce samedi soir à 21h58 avec un certain Léon Marchand dans ses rangs. Contrairement au relais mixte 4x100m nage libre, où les quatre relais sont effectués en crawl et où toutes les équipes décident de faire partir les hommes en premier pour éviter de placer leurs nageuses dans la vague de leurs adversaires masculins, sur le 4 nages, les sélectionneurs misent avant tout sur les points forts de leurs athlètes dans les différentes spécialités.

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"Chacun mise sur ses points forts. Si vous avez une très bonne dossiste, mais vraiment très forte, ça vaut le coup de la mettre contre des garçons qui ne sont pas dans le top 3 ou le top 5 mondial", détaille Denis Auguin, responsable de l’équipe de France de natation. "Il faut être fort sur ses points forts, sinon c’est perdu d’avance. Ça donne un relais assez rigolo, c’est assez attrayant à voir. C’est très difficile à lire. Même nous qui avons un peu d’expertise, quand on regarde la première série, on a du mal à deviner ce qu’il va se passer."

"Sans effort, il nous met cinq mètres"

Sur son relais du papillon, Lilou Ressencourt, qui a bouclé son 100m en 58’55", a perdu plus de huit secondes sur l'Américain Caeleb Dressel (50’10”). "On m’a prévenue juste avant que je nageais contre lui, car je n’avais pas regardé les start-lists", a confié la Française après la course. "Mais en soi, ça ne change pas ma course. Je savais que peu importe ce qu’il y avait à côté, il fallait que je nage vite pour qualifier le relais. Mais ça fait un peu mal quand même quand on voit qu’il est à côté et que sans effort, il nous met cinq mètres."

Mais perdre huit secondes sur un seul relais n’est en aucun cas rédhibitoire. "Ce qui fait l’écart, ce n’est pas d’avoir une nageuse contre un nageur. C'est si vous avez un nageur de classe mondiale contre un autre nageur un peu en dessous", indique Denis Auguin. "Si vous avez un champion olympique face à quelqu'un qui est 12e mondial, ça fait des écarts. C’est plus ça qui fait des différences plutôt qu’un garçon contre une fille sur la même discipline."

C’est d’ailleurs ce qu’il s’est passé dans la première série de ce relais mixte 4x100m 4 nages. Avant-derniers (avec 4 à 5 secondes de retard) après le premier relais de Iona Anderson, qui faisait face à six hommes et une femme sur son 100m dos, les Australiens ont finalement remporté la course.

L’une des particularités de ce relais mixte est également son caractère très récent, puisqu’il n’est apparu au programme olympique qu’en 2021, aux JO de Tokyo. "Ce n’est que la deuxième fois qu’il est nagé aux JO, donc on a moins de repères de stratégie et de niveau que sur les autres relais", confie le responsable de l’équipe de France. "On ne connaît les compositions de relais que tardivement. On a vu de très gros noms dans le relais de ce (vendredi) matin, Kyle Chalmers (Australie), Caeleb Dressel… Donc on s’est dit 'Ah, on a un peu de concurrence' (sourire)." Et ce n’est pas Lilou Ressencourt qui dira le contraire.

Article original publié sur RMC Sport