JO 2024 (natation artistique): "Il y aura des hommes en 2028", la promesse d'une révolution dans les bassins

La natation artistique aux Jeux olympiques de Paris 2024 a fermé ses portes samedi soir avec le sacre des sœurs chinoises Qianyi et Liuyi Wang en duo. Bill May y a assisté comme à toutes les épreuves dans le bassin aquatique. A 45 ans, ce nageur américain, légende de son sport, aurait pu aussi participer à ses Jeux puisque la Fédération internationale autorise la présence des hommes dans les épreuves par équipe depuis 2022. Le double médaillé d’or aux Mondiaux 2015 et 2017 (en duo technique) fait d’ailleurs partie des pionniers à avoir expérimenté cette ouverture avec des sélections en championnats du monde en 2023 et lors d’une récente épreuve de Coupe du monde. Finalement non retenu pour les JO, il y a assisté comme spectateur.

"C'est une occasion manquée"

Pour le monde de la natation croisé à Paris, les hommes n’ont pas encore le niveau pour se mêler à un relais, en raison du changement très récent des règles. Mais pour l’image, Bill May aurait aimé qu’une nation franchisse le pas. "Aux Mondiaux, il y avait des hommes très talentueux dans plusieurs pays comme la Chine, l'Italie, l'Espagne et les États-Unis", rappelle-t-il à RMC Sport. "C'est une occasion manquée, car il y avait une opportunité de changer le sport, de le faire évoluer et de le faire grandir. Et si les entraîneurs disent que le niveau n'est pas assez élevé, vous pouvez comparer les scores et voir que les athlètes sont tout aussi talentueux que certaines femmes. Ils ont besoin de plus de temps parce ils n'ont jamais participé aux championnats du monde, ni aux Jeux olympiques."

Il comprend donc un peu la frilosité des nations. "Vous ne pouvez pas prendre quelqu'un qui n'a fait qu'un duo mixte et même un solo aux championnats du monde pour la première fois et vous attendre à ce qu'il s'intègre en deux semaines", poursuit-il. "Cela prend un peu plus de temps que ce que les entraîneurs voulaient donner, car ils avaient un objectif en tête, celui d'essayer de gagner, ce qui est compréhensible. Mais cela ne fait pas évoluer le sport ou ne le fait pas progresser."

"Bien sûr j’aurais adoré être aux Jeux olympiques mais je ne regrette rien", ajoute-t-il. "J'adore ce sport, je vais continuer à le pratiquer pour toujours, je suis l'entraîneur principal d'un club en Californie, donc j'espère redonner les opportunités qui m'ont été données aux jeunes nageurs et faire plus d'efforts pour que les hommes participent aux Jeux olympiques de Los Angeles 2028."

"Les hommes ne concourent pas contre les femmes, ils se complètent"

Et pour lui, cela ne fait aucun doute, il y aura des hommes dans les bassins de natation artistique dans quatre ans. "Absolument, nous avons un homme aux États-Unis, Kenneth Gaudet, qui sera probablement le premier homme des États-Unis", prédit-il. "Le CIO a soutenu les hommes, World Aquatics a placé des hommes aux championnats du monde et a soutenu les hommes dans ce sport, donc je pense qu'il faut plus d'éducation de la part des entraîneurs pour apprendre que les hommes ne s'entraînent pas comme les femmes et qu'ils ne peuvent pas simplement être là pour concourir contre une femme, mais qu'ils sont là pour compléter les femmes."

"Ils sont là pour ajouter quelque chose de nouveau et de différent pour le sport, et pour aider à développer le sport"

"Si vous essayez de comparer une athlète féminine et un athlète masculin, vous n'obtiendrez jamais le meilleur résultat", développe-t-il. "Vous devez voir deux athlètes différents, complètement merveilleux, qui sont là pour créer quelque chose de beau."

Bill May va quitter Paris lundi, le regard émerveillé par ce qu’il a vu lors de ces Jeux, mais aussi plein d’espoir pour sa discipline. Et sans amertume. "Les Jeux olympiques n'ont jamais été la seule chose sur laquelle j'ai reposé toute ma carrière, car ce sport et la natation artistique américaine m'ont donné tellement d'opportunités… Ça aurait été bien d'être aux Jeux olympiques, mais si je ne peux pas le faire, c'est bien d'être ici et de soutenir ces athlètes et de voir comment notre sport continue de grandir." Rendez-vous donc en 2028.

Article original publié sur RMC Sport