JO 2024: Marchand Mania, Gobert en coréen et le plongeon du photographe, les anecdotes insolites de nos reporters durant cette quinzaine inoubliable
Les photographes travaillent souvent des conditions périlleuses sur les épreuves de voile. Lors de ces JO, ils ont passé de longues heures en mer, à attendre des compétitions qui ont souvent été repoussées, à Marseille. Avec un soleil intense et des appuis instables. En revenant de sa journée, un photographe français s’est fait une belle frayeur. Au moment de monter sur le ponton, l’embarcation s’est écartée et il est tombé à l’eau avec ses deux appareils en bandoulière sur les épaules. Il a eu le réflexe d’en maintenir un au-dessus de l’eau, mais le second a fait un plongeon rédhibitoire. Heureusement, il a vite été secouru par ses collègues, qui l’ont aidé à remonter sur la terre ferme. Et dans son appareil, il a pu récupérer les photos de Charline Picon et Sarah Steyaert, nos médaillées de bronze.
Après leur quart de finale face au Brésil, les stars de Team USA se présentent dans la zone mixte de Bercy. La plupart des journalistes se massent devant LeBron James, Stephen Curry et Kevin Durant. Les autres joueurs américains se retrouvent facilement accessibles. En parlant avec Derrick White, on lui demande comment il a vécu la bruyante ovation du public pour Léon Marchand, présent en tribunes, dans le dernier quart temps. "Ah c’était ça, je n’avais pas compris", s’exclame le joueur de Boston.
"Léon Marchand, c’est le nageur français? Ok, merci, je capte mieux maintenant", conclut le champion NBA avec le sourire.
Durant toute la quinzaine olympique, Paris s’est métamorphosé. Partout, les sourires des personnes venues assister au plus grand évènement sportif au monde ont inondé les rues de la capitale. Face à une telle euphorie collective, rien ne pouvait démoraliser les gens. Pas même la mésaventure que nous avons vécue dans les transports en commun en ce samedi 27 juillet. Alors que nous nous rendions au Stade de France pour assister aux demi-finales et à la finale du tournoi de rugby à 7, la ligne 13 du métro s’arrête brutalement au niveau de la station La Fourche. Le conducteur de la rame nous demande de patienter. Le temps passe. La rame reste immobilisée 10 minutes. Puis 15 minutes, 25 minutes, 35 minutes, 45 minutes… Dans le noir complet et sous une chaleur étouffante, les centaines de personnes en direction du Stade de France vivent un moment particulièrement pénible. Les rames étant bondées, tout le monde est en sueur. Mais personne ne s’agace. La magie des JO aura même réussi à apaiser les usagers d’un service RATP habituellement si décrié. Pendant toute la durée de cette mésaventure, aucune voix ne s’élève. Tout le monde finira pas être évacué en pleine voie après resque 50 minutes d’attente. Dans la joie, la bonne humeur et un calme… olympien.
Les épreuves de judo se sont déroulées dans une atmosphère volcanique lors de la première semaine à l’Arena Champ de Mars. Les supporters ont donné de la voix tous les jours pour encourager les combattants français. Avec certains moments de pure folie. De quoi impressionner les journalistes américains présents en tribune de presse. Peu habitués à couvrir le judo, certains nous ont demandé d’où venait une telle ferveur pour les athlètes en kimono. Ils nous ont posé des questions sur l’histoire de ce sport et les secrets de sa popularité dans l’Hexagone. Et tous se sont dit bluffés par le charisme, la puissance et les performances de Teddy Riner. Un colosse double médaille d’or (en individuel et par équipes) que nos confrères d’outre-Atlantique ne sont pas prêts d’oublier.
Les Jeux olympiques, c’est donc des rencontres avec des journalistes du monde entier. Et des échanges parfois inattendus en tribune presse. Mardi 6 août, à l’occasion du quart de finale du tournoi de basket masculin entre la France et le Canada, un confrère sud-coréen nous tape sur l’épaule et nous glisse son téléphone portable sous le nez. Sur l’écran, l’application Google Traduction est ouverte. D’un côté, une phrase écrite en coréen. De l’autre, la correspondance en français. Et une question, envoyée pleine face:
"Pourquoi Rudy Gobert ne joue pas?"
Même en français, cette demande aurait demandé une réponse détaillée et nuancée. Le premier réflexe est de répondre en anglais. On abandonne, notre interlocuteur ne semblant pas maîtriser la langue de Shakespeare. Le deuxième est de saisir son téléphone pour écrire la réponse dans l’application de traduction. Problème, le clavier est intégralement en coréen. Nous décidons d’ouvrir ce même site de traduction sur notre ordinateur avant de nous lancer dans notre explication. Après avoir patienté, le journaliste sud-coréen lit attentivement notre analyse des choix de Vincent Collet. Il finit par acquiescer. Jusqu’à Séoul, les fans de basket sont désormais incollables sur les rotations des Bleus.
Les rangs étaient encore très clairsemés dans les gradins du parc urbain de la Concorde ce dimanche matin du 28 juillet. Une dame et son fils étaient, eux, déjà présents dans les tribunes à suivre tranquillement l’échauffement des jeunes concurrentes avant l’épreuve de street en skateboard avec, comme seul signe ostensible, un petit drapeau du Japon. Interrogés sur les raisons de leur appétence pour ce sport, ils s’étaient alors excusés de ne pas pouvoir répondre en anglais mais à la vue d’une feuille annonçant l’ordre de passage des concurrentes, la dame indiquait du doigt le nom de Coco Yoshizawa.
"C’est sa maman et moi, je suis son frère Shin", confie alors le jeune homme en quelques mots d'anglais.
La maman de la rideuse de 14 ans avait alors mimé de ses mains son cœur qui bat en attendant de voir sa fille passer. Quelques heures plus tard, elle était championne olympique.
Le grimpeur américain Zach Hammer, éliminé par son compatriote Sam Watson en phase de poules a pu compter sur une quinzaine de supporters venus le soutenir au Bourget. La "team Hammer". A la fin de la compétition, tout le monde s’est retrouvé sur le vaste site de Seine-Saint-Denis. Les fans US ont alors reproduit le mur de vitesse à la craie sur le sol. Et ils ont demandé à Hammer, qui s’est exécuté avec le sourire, de refaire le parcours, avec toute la mise en scène du départ. Un beau moment de partage et de complicité.