JO 2024: l'extrême droite s'insurge d'une cérémonie d'ouverture qu'elle juge "woke" et politique
Malgré la pluie, le spectacle était grandiose. La cérémonie d'ouverture des JO 2024 a fait vibrer le monde entier, rendant hommage à l'histoire de Paris, de la France et celle de l'olympisme.
Avec les bâteaux mouches remontant la Seine accueillant à leur bord près de 7.000 athlètes et la Tour Eiffel en point d'orgue, tout en mettant en avant différents monuments parisiens célèbres comme Notre-Dame et le Louvre, le show s'est clôturé de manière épique avec l'allumage du chaudron olympique, par le duo Marie-José Pérec et Teddy Riner avant que la star québécoise Céline Dion interprète de manière poignante l'Hymne à l'amour du haut de la Dame de fer.
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"J-Woke"
Un spectacle musical et innovant mais qui a pu aussi déplaire à certains. Sur X (ex-Twitter), certains ne se sont pas privés de témoigner de leur frustration, dénoncant un spectacle pas assez représentatif de la France selon eux (les territoires ruraux seraient par exemple oubliés) ou encore un message politique trop prononcé, certains y voyant du "wokisme". La député européenne d'extrême droite Marion Maréchal n'a pas hésité ainsi à utiliser cette expresion : "les J-Woke".
"Emily in Paris sponsorisée par LVMH"
L'ancienne alliée d'Eric Zemmour s'est émue dans la soirée d'un spectacle où "l'on cherche désespérement la célébration des valeurs du sport et de la beauté de la France au milieu d'une propagande woke aussi grossière".
Le député du Rassemblement national Guillaume Bigot, élu dans la 2e circonscription du Territoire de Belfort, y voit le remplacement de la "liberté, égalité, fraternité" par le "lucre, luxure et décadence".
Jean-Philippe Tanguy a été moins vindicatif mais a déploré une cérémonie qui "fracture", représentant le "11è arrondissement de Paris" et "Emily in Paris sponsorisée par LVMH".
Mais alors qu'est-ce qui a pu autant choquer? Tout d'abord, le show d'Aya Nakamura devant l'Académie française, en duo avec la Garde républicaine. Sa présence avait toutefois été dévoilée il a plusieurs semaines de celà et l'extrême droite s'en était déjà offusquée.
Un trouple qui rend hommage à la littérature et à la Nouvelle vague
Dans le reste des séquences vues comme "problématiques", une où l'on peut voir un "trouple", un couple à trois, s'embrasser. Certains internautes ont y vu un hommage évident au cinéma, à la Nouvelle Vague et plus précisément au film Jules et Jim, réalisé en 1962 par François Truffaut. Une référence aussi à la littérature française, qui a beaucoup traité de la question du "triangle amoureux".
Une France révolutionnaire
Mais encore? Marie-Antoinette guillotinée à la Conciergerie avant qu'elle ne s'enflamme le tout avec un concert de métal dans lequel groupe français Gojira à s’est associé avec la chanteuse lyrique Marina Viotti pour interpréter le chant révolutionnaire Ah! ça ira. Une référence historique, à la Révolution française et au fait que le peuple a décapité la reine et le roi Louis XVI.
Une France qui se rappelle de ce régicide, ça ne passe pas non plus. Du moins pour Christine Boutin. "Cette image est scandaleuse . Pardon Marie-Antoinette, notre Reine venue de l’étranger décapitée par des fous ivres de sang et présentée au Monde comme fait de gloire choisie pour ces JO", a-t-elle écrit sur X.
Au point que comme le relève le journaliste Tristan Mendès France, le mot "satanique" ne fasse un pic dans les recherches Google.
Drag-queens et la Cène
Enfin, d'autres ont vu la cérémonie comme une insulte au christianisme, s'insurgeant de la présence de drag-queens et une parodie de la Cène, representée en tableau par Léonard de Vinci au XVe siècle, à savoir le dernier repas que Jésus-Christ prit avec les douze apôtres le soir du Jeudi saint.
"La Cène avec les drag-queens et la décapitation de Marie-Antoinette ajoutent l'infamie à la laideur", a vilipendé Philippe de Villiers. Justement, le créateur du Piy du Fou s'est fait rejoindre par la journaliste Eugénie Bastié, dans ce qu'elle a considéré comme un "Puy du fou de la gauche".
De son côté, Marion Maréchal a rédigé un tweet en anglais, s'adressant aux "chrétiens du monde". "Ce n'est pas la France qui parle, c'est une minorité de gauche prête à toutes les provocations", selon elle. L'avocat anti-vax Fabrice Di Vizio a appelé "tous les chrétiens" à se joindre à lui pour "réparer le préjudice moral que nous subissons".
Enfin, la prestation totalement délirante de Philippe Katherine, grimé en Dionysos, peint en bleu et dans son plus simple appareil, n'a pas manqué de faire réagir, ce journaliste américain conservateur Kyle Becker a jugé la cérémonie comme étant une "dystopie woke".
Marine Tondelier raille les "commentaires réacs"
Des réactions qui contrastent avec le reste de la classe politique, qui dans l'ensemble, a salué la cérémonie d'ouverture. Marine Tondelier, la secrétaire nationale des Ecologistes, ne s'est pas privée de railler les commentaires négatifs sur X: "Bon les fachos ! On a subi vos commentaires réacs toute la soirée sur la France, ce qu’elle devrait être, tout ça. La + belle réponse, c’est cette délégation française diverse : ils vont nous rendre tellement fiers… Vous êtes pas prêts !", a-t-elle écrit.
Sandrine Rousseau a également réagi ce matin, écrivant sur X: "Que le monde soit woke, il sera tellement plus beau".
De son côté, le président de la République Emmanuel Macron l'a assuré sur Twitter, "on en reparlera dans 100 ans".