JO 2024 (judo): Teddy Riner peut-il viser l’or à Los Angeles en 2028?

Un finish de rêve dans une salle en folie. Chez lui, à Paris. Teddy Riner a sans doute vécu le plus grand moment d'une carrière pourtant extraordinaire en dominant le Sud-Coréen Minjong Kim, ce vendredi, en finale des Jeux olympiques 2024. Son ippon spectaculaire fait déjà partie de la légende. Ses petits sauts et son visage rempli de joie sur le tatami également. Dans une Arena Champ de Mars aux allures de volcan, avec plus de 8000 supporters en feu, le colosse guadeloupéen a écrit un chapitre inoubliable de son immense histoire. Peut-être pas le dernier...

Comme il l’a laissé entendre depuis quelques temps, le natif de Pointe-à-Pitre se verrait bien disputer les Jeux de Los Angeles en 2028. Pour tenter d’embellir un peu plus sa "legacy". Interrogé à ce sujet en zone mixte, après avoir chanté la Marseillaise, Teddy Riner a temporisé avec le sourire. "Regardez, je viens de gagner celle-là (il montre sa médaille d’or) et vous me mettez la pression, a-t-il répondu l’air chambreur, avec sa médaille d’or autour du cou. Non, je profite. Après, ce serait top d’aller à Los Angeles (…) Aller chercher un autre titre individuel? Pourquoi pas, mais chaque chose en son temps. Me rebalancer tout de suite dans les Jeux… Laissez-moi récupérer, me refaire une santé, prendre le temps et après, on part sur 2028."

"Teddy est dans les défis"

Pour Christian Chaumont, son entraîneur, la suite ne dépendra que de lui: "Pour l’instant, Teddy va se reposer, profiter de sa famille et de sa médaille. Il va partir en vacances. Et après, le temps faisant, c’est vraiment possible qu’il reparte sur un défi. Teddy est dans les défis. Repartir pour un quatrième titre à Los Angeles, pourquoi pas? Vous l’avez trouvé saturé? Il peut se dire qu’il a déjà fait ce qu’il avait à faire, je ne suis pas dans sa tête. Mais Teddy est insaisissable, on a du mal à capter sa façon de penser. Si d’un seul coup, il se dit: ‘Il me faut un quatrième titre olympique’, c’est possible. C’est Teddy."

Franck Chambily, son coach historique, estime que son protégé aurait peut-être tiré le rideau s’il n’avait pas gagné aujourd’hui. Mais ce triomphe parisien peut lui ouvrir encore plus l’appétit. "S’il n’avait pas eu cette médaille d’or, je pense qu’il n’aurait pas continué jusqu’à Los Angeles. Mais là, ça peut l’amener à réfléchir. Ce sera dans quatre ans. Il faudra voir quelles conditions on peut avoir d’ici-là. A chaque olympiade, on a changé des choses pour qu’il aille chercher du plaisir autre part. Il a fallu trouver des nouveaux leviers pour pouvoir l’accompagner au mieux. Et il faudra certainement encore une fois changer quelque chose pour qu’il puisse revivre une olympiade différente. Parce qu’il n’aime pas refaire ce qu’il a déjà fait. On a toujours été inventifs, mais là, il faudra vraiment se creuser la tête (sourire)."

"Impossible qu’il s’arrête là-dessus"

Stéphane Nomis, le président de la Fédération français de judo, n’a aucun doute sur le fait que Riner traversera l’Atlantique dans quatre ans. "Que Teddy s’arrête là-dessus? Impossible. C’est impossible que Teddy s’arrête, assure-t-il. Il aime la gloire, les défis, les statistiques. Il veut défier tous les stats. Il veut rentrer dans l’histoire du judo à vie. Il veut que personne ne prenne sa place donc il va essayer de gagner le plus de titres possible, pour que personne ne prenne jamais sa place. C’est Teddy, il est comme ça, on le sait. On en est content. On va continuer à l’accompagner pour qu’il soit le plus performant possible dans les prochaines années jusqu’à Los Angeles. Il avait déjà annoncé il y a six mois qu’il irait. Moi, je pense que ce gars-là peut faire tout ce dont il a envie. Il n’est pas normal. A 30 ans, tu ne peux pas gagner normalement au judo, il a 35 ans. Comment je peux l’expliquer? Et vous avez la manière: il s’est moins fatigué qu’à Tokyo. Si à chaque fois il améliore sa technique pour mettre des ippons, il peut durer jusqu’à 39 ans".

Même impression chez Christian Chaumont. Sur les larges épaules de Big Teddy, le poids du temps ne semble pas peser si lourd. "A 35 ans, ce n’est pas évident de gagner les Jeux olympiques et il vient de le faire avec panache, illustre son entraîneur. Donc oui, il peut le faire à 39 ans. Il va falloir qu’il se gère, qu’il fasse attention à la blessure, parce que le corps va encaisser plus difficilement l’entraînement au fur et à mesure. Et il faudra qu’il ait envie. C’est l’envie qui le fera avancer, que l’envie. Moi, si j’ai envie d’y aller? (sourire) On verra… Pour l’instant, on va savourer tout ça."

Article original publié sur RMC Sport